Washington agite encore le spectre de taxes punitives contre l’UE

AWP

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Les Etats-Unis ont publié une liste d’une trentaine de nouveaux produits européens susceptibles d’être lourdement imposés dont les importations se montent à 3,1 milliard de dollars.

L’administration Trump a pris le risque dans la nuit de mardi à mercredi de tendre un peu plus ses relations avec l’Union européenne, en allongeant encore sa liste de produits susceptibles d’être frappés de taxes punitives.

Pour l’heure, ce nouveau geste hostile de Washington reste virtuel mais les relations entre les deux puissances commerciales sont déjà très détériorées par tout une série d’initiatives américaines depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir en 2017.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les services du Représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, ont jeté un peu d’huile sur le feu, en publiant une liste d’une trentaine de nouveaux produits européens dont les importations aux Etats-Unis se montent à quelque 3,1 milliard de dollars.

Pour l’heure, l’USTR a lancé un appel à consultation publique qui durera jusqu’au 26 juillet.

Outre la France, les nouveaux produits visés proviennent également d’Espagne, du Royaume-Uni et d’Allemagne.

Dans la liste on trouve aussi bien des olives, du café que des spiritueux, de la bière, des pâtisseries ou encore des machines outil et du chocolat.

Les parties intéressées pourront dire si elles estiment qu’il faut alourdir les taxes déjà imposées, en supprimer ou encore en imposer de nouvelles sur les produits listés dans la nuit.

Ces taxes punitives --qui peuvent aller jusqu’à 100%-- ont été autorisées par l’Organisation mondiale du commerce pour des produits importés de l’UE à hauteur de 7,5 milliards de dollars, dans le cadre de l’épineux et interminable dossier des subventions à l’européen Airbus et l’américain Boeing.

Cette information --révélée par l’agence Bloomberg-- a pesé sur Wall Street à l’ouverture mais aussi en Europe sur les titres des sociétés qui pourraient être visées par les nouvelles mesures américaines.

Depuis octobre 2019, d’autres produits - dont le vin et le fromage- sont taxés à hauteur de 25%. En mars de cette année, Washington a aussi décidé de faire passer de 10 à 15% les taxes douanières imposées aux avions Airbus importés d’Europe.

Son attention se porte maintenant sur l’Europe. Donald Trump et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont en effet annoncé fin janvier, après une rencontre à Davos (Suisse), leur volonté de relancer le chantier commercial transatlantique et de conclure un accord dans les semaines suivantes.

Mais pour l’heure, les négociations n’ont pas abouti et les relations restent tendues alors que l’hôte de la Maison Blanche brandit toujours la menace de taxer les importations de voitures européennes, qui fait trembler en particulier les industriels allemands.

Autre pomme de discorde

Qui plus est, l’administration Trump a décidé d’attiser les flammes sur une autre pomme de discorde: une taxe sur les géants du numérique, déjà en place dans plusieurs pays européens et que Washington voit comme une attaque à peine voilée contre les champions américains du secteur.

Mi-juin, l’administration Trump, prenant acte de l’absence de progrès sur ce dossier, a décidé de faire une pause dans les discussions qui se déroulent dans le cadre de l’OCDE.

«Les Etats-Unis ont suggéré de faire une pause dans les pourparlers de l’OCDE sur la fiscalité internationale au moment où les gouvernements du monde entier se concentrent sur la réponse à la pandémie de COVID-19 et sur la réouverture en toute sécurité de leurs économies», avait indiqué le Trésor américain, le 17 juin.

Début mai, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire avait estimé que l’Union européenne devait de nouveau s’emparer du dossier de la taxation des géants du numérique dans la mesure où les travaux engagés à l’OCDE «marqu(ai)ent le pas».

Fin janvier, 137 pays s’étaient entendus pour aboutir d’ici la fin 2020 à un accord sur la taxation des multinationales, sous l’égide de l’OCDE.

La taxation doit prendre en compte l’activité réelle réalisée dans chaque pays, pour éviter que les grands groupes dont les GAFA, comme Google, Amazon ou Facebook, ne paient leurs impôts là où la fiscalité sur les bénéfices est la plus légère.

La France a décidé d’imposer depuis le 1er janvier 2019 une taxe sur les grandes entreprises du numérique à hauteur de 3% de leur chiffre d’affaires, en attendant l’adoption d’une fiscalité internationale.

L’administration Trump a ensuite menacé de surtaxer «jusqu’à 100%» l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français.

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