Le numéro un mondial du luxe LVMH s’apprête à publier jeudi des résultats record en 2023 qui feront figure de «baromètre» pour un secteur dont la croissance a ralenti en cours d’année, marquant un «retour à la normale».
Les chiffres du groupe de Bernard Arnault, connu pour ses marques Louis Vuitton ou Dior, seront dévoilés après la clôture de la Bourse et devraient être supérieurs à ceux de 2022.
Cette année-là, LVMH avait réalisé près de 80 milliards d’euros de ventes et un bénéfice net de 14 milliards d’euros. Durant l’année 2023, les ventes ont continué de progresser pour atteindre sur les neuf premiers mois plus de 62 milliards d’euros, soit une hausse de 10% par rapport à l’exercice précédent malgré un ralentissement de la croissance au troisième trimestre.
Pour les investisseurs, «jeudi sera une journée clef entre les résultats de LVMH et la réunion de la Banque centrale européenne», commentait mardi auprès de l’AFP Frédéric Rozier, gérant de portefeuille chez Mirabaud.
C’est dire que les résultats de LVMH sont attendus, d’autant que de grands noms du secteur ont envoyé des signaux contradictoires.
Le britannique Burberry a revu à la baisse sa rentabilité annuelle invoquant le «ralentissement de la demande de luxe», mais dans le même temps le suisse Richemont (Cartier) a vu ses ventes continuer de progresser en fin d’année.
Dans une note, les analystes de Deutsche Bank ont jugé «excellents» les résultats de Richemont, ainsi que ceux de la marque italienne Brunello Cucinelli. Ces derniers «ont renforcé les attentes» concernant la bonne tenue de la consommation de produits de luxe haut de gamme, selon Deutsche Bank qui estime que les résultats de LVMH servent de «baromètre».
La demande de produits de luxe ralentit mais la croissance reste présente grâce aux dépenses des clients plus fortunés, selon les analystes. La consommation en Chine a visiblement été meilleure qu’attendu compte tenu de la situation économique et si la demande en Europe reste «sous pression», les Etats-Unis semblent montrer des signes précoces d’amélioration.
Les résultats de LVMH, propriétaire de 75 marques, vont-ils confirmer ces tendances ? Au troisième trimestre 2023, le ralentissement de sa croissance avait été sanctionné par la Bourse de Paris.
Chaises musicales
Pour le quatrième trimestre, les analystes de la banque HSBC prévoient une hausse des ventes de LVMH de 10% à taux constant, «c’est-à-dire une légère accélération par rapport au troisième trimestre à 9%».
Le géant du luxe est porté par sa division phare Mode et Maroquinerie (Louis Vuitton, Dior, Celine, Fendi...) et si LVMH ne détaille pas les chiffres d’affaires de ses marques, Bernard Arnault avait fièrement annoncé lors de la présentation des résultats de 2022 que «pour la première fois Louis Vuitton a dépassé les 20 milliards de vente».
En février 2023, Pietro Beccari a pris la tête de Louis Vuitton alors que Delphine Arnault prenait les rênes de l’autre marque phare du groupe, Dior.
D’autres mouvements ont eu lieu dernièrement autour de Bernard Arnault dont la parole est rare et qui s’exprimera jeudi lors de la présentation des résultats.
Le groupe a annoncé mi-janvier un passage de témoin pour le 1er février entre deux de ses fidèles. Michael Burke, 66 ans, conseiller de Bernard Arnault depuis 2023 après avoir été PDG de Louis Vuitton pendant 10 ans, a été nommé PDG de LVMH Fashion Group, un pôle fédérant plusieurs marques de LVMH (Celine, Givenchy, Loewe, Kenzo...).
Il succède à Sidney Toledano, 72 ans, qui, après 20 ans passés à la tête de Dior, occupait le poste depuis 2018 et est nommé conseiller de Bernard Arnault.
Début janvier, LVMH qui sera aussi cette année sponsor premium des Jeux olympiques, avait annoncé la nomination de Frédéric Arnault, fils de Bernard Arnault, à la tête d’une nouvelle division Montres du groupe. Fin novembre, son frère aîné Antoine Arnault avait déclaré quitter la direction générale de Berluti dont il garde la présidence.