L’aciériste Swiss Steel Group poursuit sa restructuration en supprimant 800 postes à temps plein en Suisse, avec notamment 80 licenciements près de Lucerne, ainsi qu’à l’étranger.
Le couperet est tombé pour le site d’Emmenbrücke, avec la suppression de 130 places de travail sur les 750 du site de Swiss Steel, aussi bien dans la production que dans l’administration. «Il est probable que les fluctuations naturelles ne suffisent pas, ce qui nécessitera le licenciement de 80 collaborateurs», selon un communiqué de l’entreprise publié vendredi. Une consultation est en cours.
Une mesure dénoncée par les syndicats Unia et Syna ainsi que la Société suisse des employés de commerce, qui ont réagi dans un communiqué à l’annonce concernant la filiale Steeltec d’Emmenbrücke. Celle-ci «doit renoncer aux licenciements et attendre les décisions politiques qui doivent être prises d’ici la fin de l’année. Le cas échéant, l’entreprise doit recourir au chômage partiel pour préserver les emplois».
Moins de 7000 employés en 2025
La réduction de capacités de Swiss Steel passe par la suppression de 530 postes de travail supplémentaires et la réduction du temps de travail hebdomadaire pour 270 emplois à plein temps. En Allemagne, le temps de travail hebdomadaire est ainsi raboté de 15% au sein de la filiale Deutsche Edelstahlwerke.
«Ces mesures visent à assurer à long terme et de manière optimisée la sécurité sur les sites de production en Suisse, en Allemagne et en France», souligne le communiqué de l’entreprise.
Le groupe met «en oeuvre actuellement le potentiel identifié de rationalisation et d’optimisation de notre main-d’oeuvre», comme annoncé en mars dernier. En avril, il avait réalisé une augmentation de capital pour un produit brut d’émission de presque 300 millions d’euros, afin de renforcer sa base de capital et ses liquidités.
L’entreprise, qui avait accusé une baisse de 20% de ses ventes et une perte de près de 300 millions de francs l’an passé, explique adapter ses capacités aux conditions économiques actuelles et à la faiblesse persistante de la demande. Le secteur automobile, un de ses débouchés, est effectivement en difficulté sur tout le continent.
Ces mesures seront «largement effectives en 2025», prévient le groupe qui sert aussi le génie civil ou le domaine aérospatial. Il compte faire passer ses effectifs sous la barre des 7000 personnes au premier semestre 2025. Il en revendique actuellement environ 10’000 sur son site internet.
Pour le directeur général Frank Koch, cité dans le communiqué, «ces réductions de postes sont douloureuses mais malheureusement inévitables». Fin octobre, il avait démenti dans la presse des rumeurs sur l’insolvabilité de la société, mais prévenu qu’il fallait réduire les frais fixes.
Le patron avait alors admis que le sidérurgiste souffrait des problèmes rencontrés par les fournisseurs de l’industrie automobile et espérait notamment que le gouvernement allemand soutienne son industrie automobile avec des primes à l’achat de véhicules électriques.
Secteur en difficulté
Swiss Steel n’est pas le seul aciériste en difficulté en Suisse, alimentant le débat sur la pertinence ou non d’une politique industrielle, et donc d’aides de l’Etat, dans le pays. Le week-end dernier, près d’un millier de personnes ont manifesté samedi devant l’aciérie de Gerlafingen, dans le canton de Soleure, pour réclamer le maintien de l’usine. L’entreprise compte licencier 120 personnes.
«Avec Stahl Gerlafingen, l’usine d’Emmenbrücke est la dernière aciérie de Suisse, et toutes deux sont confrontées à des difficultés économiques, notamment en raison du coût élevé de l’électricité», ont rappelé les organisations syndicales dans leur document.
Fin octobre, la Commission de l’environnement et de l’énergie du Conseil national a annoncé examiner des mesures immédiates en faveur de l’industrie métallurgique, soumise à une «situation tendue», tout en soulignant l’importance «stratégique» d’une production nationale d’acier et d’aluminium.
Le mois dernier, sept sidérurgistes européens ont réclamé des «mesures d’urgence» aux Etats de l’Union européenne. Ils s’alarment de la surproduction mondiale d’acier, en particulier de Chine, et de la concurrence qu’ils jugent «déloyale» d’aciers carbonés, permise par l’UE sur son propre sol.
Après avoir démarré la séance en fanfare à la Bourse suisse, grimpant à un plus haut à 2,59 francs, l’action Swiss Steel s’effondrait avant 14h00 de 12,1% à 2,10 francs.