Stand.earth et Amazon Watch épinglent les grandes banques suisses

AWP

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Selon ces ONG, les principaux groupes bancaires continuent d’être impliqués dans le financement du pétrole amazonien.

Un nouveau rapport publié jeudi par les organisations non gouvernementales (ONG) de défense de l’environnement Stand.earth et Amazon Watch met en avant que, malgré leurs engagements sur la durabilité et la gestion des risques, plusieurs grandes banques, parmi lesquelles UBS et Credit Suisse, restent impliquées dans le financement et l’investissement de l’industrie pétrolière et gazière dans la forêt amazonienne.

Les politiques de responsabilité environnementale, sociale et de bonne gouvernance (ESG) des banques ne gèrent pas correctement les risques, ne sont pas assez solides pour éviter la destruction de l’Amazonie et ne répondent pas au besoin urgent d’arrêter l’expansion des combustibles fossiles à l’échelle mondiale», a déclaré Angeline Robertson, une des principales auteures du document, citée dans un communiqué.

Dans le rapport, UBS et Credit Suisse figurent dans la catégorie des établissements présentant un risque «élevé» que leurs investissements et financement contribuent à la destruction de l’Amazonie. Toutes deux détiennent des centaines de millions de dollars d’obligations émises pour le compte de PetroAmazonas, l’unité d’exploration pétrolière de la compagnie pétrolière nationale équatorienne, PetroEcuador.

Les deux plus importants groupes bancaires helvétiques fournissent également des financements, via des facilités de crédit renouvelables, à des «négociants en pétrole problématiques», dont Gunvor et Vitol, qui ont été impliqués dans de récents scandales de corruption. Selon les ONG, les instituts en cause disposent bien de politiques en la matière, mais ne considèrent la corruption «que comme un risque commercial».

Credit Suisse continue par ailleurs de financer le commerce du pétrole de la région de Putumayo, en Amazonie colombienne, qui fait face à une forte résistance indigène et à des répressions policières brutales, «malgré les politiques existantes en matière de biodiversité et de droits humains qui indiquent clairement que (la banque) ne devrait pas financer dans la région».

Politiques ESG lacunaires

Les politiques ESG adoptées par les banques «comportent des lacunes qui permettent à l’argent de continuer à affluer vers les entreprises impliquées dans l’expansion pétrolière, la déforestation, la perte de biodiversité, la pollution, la corruption et la violation des droits des peuples autochtones», estime Mme Robertson.

Sollicité par Le Temps, UBS dit n’avoir reçu qu’une version préliminaire du rapport, qui présente «certains défauts méthodologiques». Le numéro un bancaire helvétique «s’engage à respecter les normes environnementales et sociales les plus élevées» et assure avoir refusé des transactions «dont l’origine du pétrole est associée de manière vérifiable à des violations de ces normes».

De son côté, Credit Suisse dit «s’engager à lutter contre le changement climatique, à protéger la biodiversité et à respecter les droits de l’homme». La banque aux deux voiles «réexamine et adapte régulièrement ses instructions spécifiques à des secteurs», citant l’introduction de «restrictions supplémentaires concernant le financement des énergies fossiles».

Les auteurs du rapport signalent que, depuis la finalisation du texte, Credit Suisse a participé avec deux autres établissements à l’émission d’une obligation de 150 millions de dollars pour GeoPark, une compagnie pétrolière chilienne opérant en Amazonie colombienne, suspecter de payer des groupes paramilitaires pour assurer la poursuite de ses activités sur les territoires de groupes indigènes opposés aux opérations pétrolières.

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