La mission européenne va compléter les formations dispensées par les Britanniques et les Américains. La Pologne va servir de plaque tournante, car «elle est la porte de sortie pour les Ukrainiens et la porte de retour».
L’Union européenne monte en puissance dans son soutien militaire à l’Ukraine avec le lancement lundi d’une mission pour former sur son territoire 15.000 soldats ukrainiens et l’octroi d’une nouvelle dotation de 500 millions d’euros pour la fourniture d’armes.
«La Russie est en train de perdre cette guerre, moralement, politiquement et même militairement. C’est pourquoi nous devons poursuivre notre soutien à l’Ukraine», a expliqué le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à son arrivée à Luxembourg pour une réunion avec les ministres des Affaire étrangères de l’UE.
Les Européens doivent également adopter des sanctions contre les responsables de la répression en Iran. «Des décisions vont être prises», a assuré la ministre française Catherine Colonna.
La mission de formation de l’UE sera opérationnelle très rapidement et a pour objectif de prodiguer une «formation de base» à 12’000 soldats ukrainiens et «des formations spécialisées» à 2800 autres, a-t-on expliqué de source européenne.
Artillerie, unités du génie, radars: les besoins de l’état-major des forces armées ukrainiennes sont multiples. Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba participera à la réunion via une visioconférence et les exposera à ses homologues.
La France va former «jusqu’à 2000 soldats ukrainiens» sur son sol, a annoncé samedi dans un quotidien le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
Il s’agit de dispenser une «formation généraliste» de combattant, de répondre à «des besoins spécifiques signalés par les Ukrainiens, comme la logistique», et de les former «sur les matériels fournis», a expliqué M. Lecornu.
Ces formations pourront bénéficier des financements alloués par la Facilité européenne pour la paix (FEP), le fonds constitué hors du budget européen pour aider militairement l’Ukraine.
La mission européenne va compléter les formations dispensées par les Britanniques et les Américains.
La Pologne va servir de plaque tournante, car «elle est la porte de sortie pour les Ukrainiens et la porte de retour», a-t-on souligné. L’Allemagne veut pour sa part former une brigade ukrainienne.
Un budget de 50 à 60 millions d’euros par an est prévu pour la phase de lancement de la mission, a-t-on précisé à Bruxelles. Il doit être confirmé lundi, en même temps que l’octroi d’un nouveau financement de 500 millions d’euros pour la la Facilité européenne pour la paix, portant l’effort des Européens à 3 milliards d’euros, auxquels «s’ajoutent les contributions bilatérales, qui sont beaucoup plus importantes».
«Un budget pour sept années a été dépensé en sept mois», a souligné un haut fonctionnaire européen.
La dotation de la Facilité est de 5,7 milliards et les Européens vont devoir remettre au pot. L’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne sont les quatre plus gros contributeurs.
«N’ayez pas de soucis pour l’argent», a toutefois assuré Josep Borrell.
Les Ukrainiens réclament en urgence des systèmes de protection contre les missiles et surtout les drones, qui ont encore frappé Kiev lundi, faisant au moins trois morts selon la présidence ukrainienne.
La France, les Etats-Unis, L’Allemagne et l’Espagne ont annoncé la fourniture de systèmes de missiles sol-air utilisables contre ces engins.
Les drones sont devenus un atout dans le conflit en Ukraine. Les Européens dénoncent la fourniture de ces engins à la Russie par l’Iran en violation de résolutions des Nations unies, ce que Téhéran dément.
Josep Borrell a fait part de ces préoccupation au ministre iranien Hossein Amir-Abdollahian lors d’un entretien téléphonique vendredi.
Il a aussi appelé à la fin immédiate de la «répression violente» des manifestations en Iran, déclenchées par la mort il y a un mois d’une jeune femme arrêtée par la police des moeurs iranienne.
L’UE va sanctionner lundi le chef de cette police et une dizaine d’autres dirigeants jugés responsables de cette répression ainsi que quatre entités impliquées.
«Ce n’est qu’un premier train de sanctions. D’autres suivront si le régime poursuit la répression», a averti la ministre allemande Annalena Baerbock.
Les Européens attendent en revanche d’avoir des preuves de l’implication de Téhéran dans la fourniture des drones de combat utilisés par la Russie en Ukraine, a précisé son homologue luxembourgeois Jean Asselborn.