Au premier jour du débat sur le budget 2025, le National a approuvé mardi 530 millions de francs en plus pour l’armée que ce que le Conseil fédéral a prévu. Il a aussi sabré dans les dépenses de personnel. La gauche et le PVL ont prévenu qu’ils n’approuveront pas le budget en l’état.
Le but est de tenir l’objectif d’un budget de la défense à 1% du PIB en 2030, a expliqué Jacques Nicolet (UDC/VD) pour la commission. En 2025, l’armée devrait disposer de 2,7 milliards de francs pour des armements, dont 200 millions destinés à la défense sol-air de longue portée.
Selon la droite, les sommes devront être compensées notamment dans la coopération internationale, l’asile et le personnel de la Confédération.
Le National veut aussi davantage de moyen pour l’armée dans les années à venir. Dans le plan financier, il a approuvé 840 millions supplémentaires en 2026, 1,185 milliard en 2027 et 1,445 milliard de plus en 2028.
La situation sécuritaire a changé et le budget doit le prendre en compte, a relevé Peter Schilliger (PLR/LU). La menace est réelle, l’on doit pouvoir à nouveau se défendre, a complété Reto Nause (C/BE). Et de préciser que l’on corrige aujourd’hui des coupes sèches des dernières décennies.
L’armée devra aussi fournir une contribution. En 2025, les charges de fonctionnement de l’armée et d’armasuisse seront réduites de 50 millions, une réduction à atteindre par des gains d’efficience, a rappelé Peter Schilliger.
Gauche opposée
La gauche et le PVL ont tenté en vain de s’opposer à cette hausse. Cédric Wermuth (PS/AG) a dénoncé une augmentation pas sérieuse, sans plan et inutile. Il faut augmenter la capacité de mise en oeuvre des projets de l’armée avant de lui en donner de nouveau, a ajouté Gerhard Andrey (Vert-e-s/FR). Et de relever qu’au vu de la forte demande en armement au niveau mondial, une planification plus étalée permettrait d’obtenir plus de matériel par franc.
La Suisse doit renforcer sa capacité de défense, mais pas à n’importe quel prix, a complété Corina Gredig (PVL/ZH). La coopération internationale contribue aussi à la sécurité, un argument aussi mis en avant par Felix Wettstein (Vert-e-s/SO).
Les députés ont aussi écarté une proposition d’Irène Kälin visant à supprimer la remise gratuite de munitions et la vente à prix réduit aux associations de tirs.
La majorité de la commission voulait augmenter de 10 millions les dépenses propres l’Office fédéral de la cybersécurité en compensant dans les charges d’armement. Peter Schilliger s’est opposé à ce mélange des genres. Il a été entendu par 124 voix contre 68.
Le National a aussi accepté à l’unanimité une augmentation de 22 millions des recettes issues de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières. Cette hausse proviendra de la perception d’une indemnité pour les contrôles de personnes effectués par les gardes-frontières aux aéroports de Genève et Bâle.
La ministre des finances Karin Keller-Sutter s’est opposée à cette augmentation. Les négociations avec ces cantons sont en cours. Il faut les laisser aboutir, a-t-elle plaidé en vain.
Coupes dans le personnel
Auparavant, le National avait décidé des coupes transversales de 70 millions de francs dans les dépenses du personnel de la Confédération. La gauche a tenté en vain de s’y opposer, perdant au vote à deux contre un. Le Conseil fédéral était aussi opposé à ces coupes, rappelant qu’il y a déjà eu des mesures d’économie dans ce domaine.
Lors du débat général, le camp bourgeois avait défendu le respect absolu du mécanisme de frein à l’endettement. Il s’est aussi opposé à toute nouvelle taxe. La Confédération a un problème de dépenses, pas de recettes, ont scandé plusieurs orateurs.
La gauche et les Vert’libéraux ont au contraire déjà averti qu’ils rejetteront le budget en l’état. Ils ont appelé à maintenir la tradition humanitaire de la Suisse en ces temps de crise et de guerres. En votant ce budget, la Suisse devra abandonner du jour au lendemain des régions entières du Sud. «Des gens vont mourir, et ce sera votre responsabilité», a accusé Tamara Funiciello (PS/BE). Karin Keller-Sutter a aussi mis en garde contre un dégât d’images.
Le National poursuivra mercredi l’examen du budget, avec justement les montants alloués à l’aide au développement et à la coopération.