La Fed prête à une nouvelle baisse des taux, au lendemain de l’élection de Trump

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Les taux se situent actuellement dans la fourchette de 4,75 à 5,00%. Une coupe d’un quart de point de pourcentage est majoritairement anticipée par les marchés.

La banque centrale américaine, la Fed, devrait annoncer jeudi une nouvelle baisse de ses taux, un mouvement engagé en septembre à la faveur de la baisse de l’inflation, et qui devrait se prolonger au lendemain de la réélection de Donald Trump.

«Nous tablons toujours sur une baisse, au moins en novembre», a déclaré Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG, dans un entretien à l’AFP.

Les taux se situent actuellement dans la fourchette de 4,75 à 5,00%. Une coupe d’un quart de point de pourcentage est majoritairement anticipée par les marchés, selon l’évaluation de CME Groupe.

La réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) a repris jeudi «à 09H00 (14H00 GMT) comme prévu», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la Fed. Elle avait débuté mercredi, et non mardi comme c’est habituellement le cas, décalée d’une journée en raison de l’élection.

La décision sera publiée jeudi à 14H00 (19H00 GMT) et le président de la Fed, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse 30 minutes plus tard.

La victoire de Donald Trump ne devrait pas influencer la décision.

«Il est peu probable que la Fed change de cap à court terme: elle n’ajustera pas sa politique en prévision des politiques qui n’ont pas encore été dévoilées par le nouveau gouvernement», a commenté Ben May, directeur de la recherche macroéconomique pour Oxford Economics.

Droits de douane

Donald Trump a promis d’imposer des hausses généralisées de droits de douane, ce qui risque de faire rebondir l’inflation. Au grand dam de la Fed, qui lutte pour la faire baisser.

«Le résultat des élections a réduit la possibilité d’une nouvelle baisse lors des prochaines réunions», estiment ainsi Samuel Tombs et Oliver Allen, économistes pour Pantheon Macroeconomics.

Et Jerome Powell «se gardera de donner des signaux forts sur l’orientation future de la politique monétaire».

Jerome Powell, qui avait été choisi en 2012 par l’ancien président démocrate Barack Obama pour entrer au Conseil des gouverneurs de la Fed, en avait été promu président en 2018 par Donald Trump.

Mais celui-ci avait ensuite critiqué avec véhémence les actions de la Fed et de son président, qui ne baissaient pas suffisamment les taux à son goût, rompant avec la tradition de respect et indépendance du pouvoir politique vis-à-vis de l’institut monétaire.

Malgré cette relation tumultueuse, et son souhait de peser sur les décisions de la Fed, Donald Trump avait signalé en juillet qu’il pourrait laisser Jerome Powell aller jusqu’au bout de son mandat à la tête de la Fed, en 2026.

Économie «résiliente»

La Réserve fédérale a commencé en septembre à abaisser ses taux, qu’elle maintenait depuis juillet 2023 à leur plus haut niveau en plus de 20 ans, afin de faire baisser l’inflation. Elle avait opté, pour cette première coupe depuis mars 2020, pour une baisse d’un demi-point de pourcentage.

Washington a récemment publié une flopée d’indicateurs, montrant une économie solide, mais s’éloignant de l’euphorie post-Covid.

«D’une manière générale, l’économie américaine semble assez résiliente et le marché du travail toujours très bon», a déclaré à l’AFP Jim Bullard, ancien président de la Fed de Saint-Louis.

La croissance du PIB au troisième trimestre a déçu, mais reste près de deux fois plus forte que celle de la zone euro, à 2,8% en rythme annualisé.

Les créations d’emplois ont elles été, en octobre, au plus bas depuis décembre 2020, à cause d’ouragans qui ont frappé le pays et de plusieurs grèves, notamment chez Boeing.

L’inflation a elle évolué dans le bon sens, tombant en septembre à son plus bas niveau depuis février 2021, à 2,1% sur un an, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed, qui veut le ramener à 2%, niveau considéré comme sain pour l’économie.

Pour Jim Bullard, désormais doyen de la Daniels School of Business de l’Université Purdue, la Fed a réalisé un «atterrissage en douceur»: une baisse de l’inflation sans provoquer de récession.

La Réserve fédérale n’actualisera pas cette semaine ses prévisions économiques, qui seront mises à jour en décembre.

Outre-Atlantique, la Banque d’Angleterre (BoE), qui se réunissait jeudi également, a abaissé son taux directeur d’un quart de point, pour la deuxième fois de l’année, à 4,75%.

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