L’économie suisse a nettement accéléré en 2018

AWP

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Le produit intérieur brut (PIB) a progressé l’année dernière de 2,5%, après 1,6% en 2017.

L’économie suisse a nettement accéléré en 2018, profitant d’une conjoncture mondiale globalement favorable. Le dernier trimestre a cependant été décevant. Pour l’année en cours, les économistes sont prudemment optimistes, pointant vers une recrudescence des risques.

En 2018, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,5%, après 1,6% en 2017, a indiqué jeudi le Secrétariat d’Etat à l’Economie (Seco).

«La croissance a été nettement supérieure à la moyenne pendant le premier semestre 2018, tandis que la conjoncture a considérablement ralenti au cours du second semestre, en Suisse comme à l’échelle internationale», ont précisé les économistes du Seco dans un communiqué.

L’industrie manufacturière a représenté le principal moteur de la croissance. «Le secteur a pu profiter d’une forte demande internationale de produits industriels suisses», ont-ils ajouté.

«On voit clairement que l’année 2018 a été coupée en deux: une première partie où la Suisse a profité de la bonne conjoncture mondiale et de la faiblesse du franc et une seconde moitié lors de laquelle la croissance a nettement ralenti» en raison des incertitudes politiques, du ralentissement dans la zone euro et du raffermissement du franc, a indiqué à AWP Alessandro Bee, économiste chez UBS.

Pour les spécialistes de VP Bank, la Suisse n’a pas été en mesure de se défaire de la conjoncture morose dans la zone euro, son principal client. Les investissements dans les biens d’équipement et la construction ont agi comme un frein, alors que la consommation privée est restée solide, ont-ils indiqué dans une note. La croissance sur l’ensemble de 2018 a cependant été qualifiée de «solide».

Sur le seul quatrième trimestre, la croissance helvétique s’est redressée, affichant une progression de 0,2% sur un trimestre, après un repli de 0,3% (chiffre révisé) au partiel précédent. «Tout comme ailleurs en Europe, le ralentissement de la conjoncture se confirme en Suisse par rapport au premier semestre», ont précisé les services du conseiller fédéral Guy Parmelin.

La progression du PIB en fin d’année se situe dans le bas de la fourchette des prévisions. Les économistes interrogés par AWP tablaient en effet sur une croissance trimestrielle entre +0,2% et +0,4%.

Les piliers de la conjoncture économique, consommation des ménages et exportations, se sont redressés entre octobre et fin décembre. La consommation privée, bien que toujours très faible, a accéléré à +0,3% pendant le trimestre sous revue, après +0,1% au partiel précédent.

Pour M. Bee, il est encore trop tôt pour parler d’un rebond de la consommation privée. L’économiste de la banque aux trois clés espère néanmoins que cet élément contribuera davantage à la croissance en 2019, grâce à une meilleure situation sur le marché de l’emploi et une hausse des salaires.

Les ventes à l’étranger (sans objets de valeur) ont pour leur part bondi de 5,6%, après un repli de 4,1%. Credit Suisse a nuancé cette reprise, expliquant que l’industrie pharmaceutique - qui représente près de 40% des exportations helvétiques - était principalement à l’origine de cette reprise.

Hors les variations de stocks, la progression des exportations se limite à 0,2% pendant le trimestre, a même calculé M. Bee.

Tout dépend de la zone euro

Les investissements, qui permettent d’anticiper la croissance future, se sont partiellement redressés. Les investissements dans les biens d’équipement ont ainsi freiné leur repli à -1,1%, contre -1,9% au troisième trimestre 2018. Mais les dépenses dans le secteur de la construction ont poursuivi leur tassement à -0,4% sur un trimestre, contre -0,2% entre juillet et fin septembre.

Pour 2019, le Seco anticipe une croissance économique de 1,5% et de 1,7% en 2020. Les spécialistes de la Confédération feront part le 14 mars de leurs nouvelles attentes en la matière.

Les économistes d’UBS sont plus réservés. Ils ont d’ailleurs abaissé ce jeudi leurs prévisions de croissance à 0,9% pour 2019, contre 1,5% dans leurs précédentes estimations, et à 1,6% pour 2020 (contre 1,7%), en raison d’un accroissement des incertitudes.

Les experts de BAK Economics ont eux abaissé leur pronostic pour le PIB 2019 à 1,1%, contre 1,2% précédemment. Ils se révèlent plus optimistes pour 2020, où ils tablent sur 1,8% (contre 1,7%).

Les dernières données du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ ne sont guère encourageantes. Pour le quatrième mois consécutif, le baromètre conjoncturel de l’institut s’affiche en baisse à 92,4 points en février, soit un recul de 3,8 points par rapport au mois précédent. La dégradation du climat économique, déjà perçue dans l’industrie manufacturière, atteint désormais les autres composantes de l’indicateur.

Mais si la croissance venait à se reprendre en zone euro, les exportations helvétiques pourraient contribuer à une reprise en seconde partie d’année, a estimé VP Bank.

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