La croissance du PIB devrait atteindre 2,3% en 2018, après +0,9% l’année dernière, selon le Créa.
La Suisse romande devrait profiter de l’embellie conjoncturelle mondiale jusqu’à fin 2019, avec une croissance du PIB supérieure à 1%. L’année 2017 restera comme celle du «tournant», selon l’Institut d’économie de l’Université de Lausanne (Créa). L’affaiblissement du franc face à l’euro a largement contribué à cette remise en selle de l’économie romande.
La croissance du PIB romand devrait atteindre 2,3% en 2018, après +0,9% l’année dernière, selon les prévisions publiées mercredi par le Créa, en collaboration avec les six banques cantonales romandes et le Forum des 100 du quotidien Le Temps.
En 2017, le PIB nominal a atteint 159,1 milliards de francs (+1,3% sur un an), soit une part de 23,8% sur le plan suisse. La dynamique économique est en ligne avec celle de l’économie helvétique, détaille le rapport. La Suisse romande devrait également marcher dans les traces du PIB suisse (+2,4% prévu) cette année.
«Cela veut dire que l’économie romande est en train de se remettre du choc lié à l’abandon du taux plancher euro/franc en 2015», a lancé en conférence de presse Jean-Pascal Baechler, conseiller économique auprès de la Banque cantonale vaudoise (BCV). Le spécialiste a loué la résistance affichée par la Suisse romande dans des circonstances difficiles, ces dernières années.
Les prévisionnistes du Créa tablent sur une croissance de 1,9% en 2019, à comparer aux 2,0% attendus pour la Suisse dans son ensemble.
Cette envolée conjoncturelle doit beaucoup à la reprise économique mondiale. Le franc, qui a perdu 10% de sa valeur face à l’euro depuis janvier 2017, a également redonné énormément de souffle aux industries exportatrices établies en Suisse occidentale.
L’année dernière, le rythme de croissance n’a toutefois pas pu dépasser le seuil de 1% en raison notamment d’un premier semestre poussif, plombé par la morosité dans le secteur tertiaire.
Les activités manufacturières comme la chimie-pharma, l’industrie des machines et l’horlogerie ont soutenu la conjoncture en Suisse romande. Les services financiers ont bénéficié d’un rebond. «La reprise n’est pas très dynamique mais elle est là», a affirmé M. Baechler.
Cette embellie est également constatée pour l’hôtellerie-restauration. «Les nuitées d’hôtes étrangers sont en hausse dans les hôtels romands», a affirmé Jean-Pascal Baechler.
Le spécialiste a également évoqué le dynamisme du secteur «quaternaire», qui regroupe les entreprises du secondaire et du tertiaire à haute valeur ajoutée et mettant l’accent sur l’innovation. «Il représente à peu près 50% du PIB romand», a souligné le conseiller économique.
Pour 2018 et 2019, la reprise reposera sur une «large assise» et sur des impulsions venant des secteurs secondaire et tertiaire, assure le Créa dans son communiqué. Les activités manufacturières devraient poursuivre sur leur lancée. Les perspectives sont plus modérées pour le secteur de la construction.
Cette croissance n’implique pas, du moins pour l’instant, un problème lié au renchérissement. M. Baechler a notamment cité l’exemple du secteur du commerce, où les nouveaux intervenants tirent plutôt les prix vers le bas.
L’institut lausannois identifie plusieurs risques qui pourraient enrayer la dynamique de croissance en Suisse romande. Le Brexit, les tensions géopolitiques, la normalisation des politiques monétaires aux Etats-Unis et en zone euro figurent dans la liste.