L'économie japonaise poursuit son expansion modérée

AWP

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La Banque du Japon (BoJ) a reconduit vendredi sans surprise sa politique monétaire ultra-accommodante, inchangée depuis plus d’un an.

La Banque du Japon (BoJ) a reconduit vendredi sans surprise sa politique monétaire ultra-accommodante, inchangée depuis plus d’un an, les nombreux voyants au vert pour l’économie japonaise étant assombris par des interrogations, notamment sur le niveau du yen.

La troisième économie mondiale traverse une période de huit trimestres consécutifs de croissance, un mouvement inédit depuis l’éclatement de la bulle financière et immobilière à la fin des années 1980, mais l’inflation reste très faible, mise à mal notamment par une timide consommation des ménages.

«Ce n’est pas encore le moment de discuter d’une sortie» de cette politique accommodante censée notamment en finir définitivement avec les risques de déflation, a commenté lors d’une conférence de presse Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la BoJ, dont le nouveau mandat à la tête de l’institution devrait être prochainement validé sans encombres par le Parlement.

L’institution marque ainsi une nouvelle fois sa différence avec les autres grandes banques centrales, qui, à l’image de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, ont commencé à alléger leur soutien à l’économie.

Cette politique est l’un des principaux piliers de la stratégie de relance, baptisée «abenomics», mise en place en 2012 par le gouvernement de Shinzo Abe.

Si l’économie japonaise devrait «poursuivre son expansion modérée», portée par les exportations, a noté la BoJ dans sa déclaration publiée à l’issue d’une réunion de deux jours, l’inflation (hors produits frais) se situe toujours «autour de 1%», soit encore loin de l’objectif de 2% qu’elle s’est fixé de concert avec le gouvernement de Shinzo Abe.

En janvier, la hausse des prix a été de 0,9% en glissement annuel, selon les chiffres du gouvernement, et M. Kuroda a rappelé vendredi que l’objectif des 2% «devrait être atteint autour de l’année fiscale 2019».

Ce statu quo était largement attendu par les analystes, qui mettaient en avant les risques que font peser sur les exportations nippones un renforcement du yen et les craintes d’un regain de protectionnisme au niveau mondial.

TENSIONS COMMERCIALES

La monnaie nippone est remontée d’environ 5,7% face au dollar depuis le début de l’année, selon les analystes de BMI Research.

«Une appréciation du yen pourrait amortir la hausse des importations dans les mois qui viennent, mais en même temps cela pénaliserait la compétitivité (des entreprises japonaises) à l’international», ont-ils jugé, y voyant «un sujet d’inquiétudes pour les autorités» japonaises.

La décision de la BoJ intervient par ailleurs juste après l’annonce de la mise en place par le président américain Donald Trump de taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium, une mesure critiquée par Tokyo.

Si M. Kuroda s’est refusé à commenter directement l’annonce de Donald Trump, il a toutefois estimé que «la politique commerciale de chaque pays» pouvait «avoir un impact important sur le marché mondial» et qu’il fallait donc «continuer à surveiller de près» ce sujet.

La BoJ a donc maintenu vendredi son massif programme de rachats obligataires, situé autour de quelque 80.000 milliards de yens par an (environ 608 milliards d’euros), en le modulant pour que le taux des obligations d’Etat à 10 ans se maintienne autour de 0%.

Elle a aussi reconduit un taux d’intérêt négatif, de 0,1%, pour inciter les banques japonaises à allouer des prêts aux entreprises et aux consommateurs plutôt que de conserver leurs liquidités dans ses coffres.

Et la plupart des analystes ne s’attendent plus désormais à un changement de politique à court terme.

«Avec des risques accrus de tensions commerciales, la BoJ devrait chercher tous les soutiens possibles (pour l’économie japonaise), et un yen plus faible est l’un d’entre eux», ont estimé les analystes de BMI Research.

Pour les analystes de Barclays aussi, «la fenêtre se réduit» pour une «normalisation» de la politique monétaire de la BoJ.