Les marchés financiers restent exposés à d’importants risques de correction, à cause de l’incertitude persistante exacerbée par la politique douanière des Etats-Unis, a mis en garde mercredi le président du gendarme allemand des marchés.
«Il existe un potentiel considérable de nouveaux revers sur les marchés, des revers qui pourraient avoir des conséquences systémiques», a déclaré Mark Branson, président de la Bafin, l’autorité allemande de supervision du secteur financier, à Francfort.
«L’incertitude demeure extrêmement élevée», a-t-il martelé.
Malgré les récentes turbulences qui ont secoué les marchés au mois d’avril, après l’annonce de droits de douane tous azimuts par le président Trump, dont une partie ont entre temps été suspendus, les marchés ont globalement bien résisté, a relativisé M.Branson.
«La formation des prix a toujours été possible» et «il n’y a pas eu de pénurie de liquidités», a-t-il expliqué.
Fait remarquable: les investisseurs ne se sont pas réfugiés massivement dans les emprunts d’État américains quelle que soit leur échéance, contrairement aux périodes de turbulences passées.
En plus des actions, ils ont également vendu des obligations d’État américaines à 10 et 30 ans, préférant les titres à plus court terme et dans d’autres devises.
Les risques de nouvelles secousses sur les marchés européens demeurent, d’autant que les perspectives économiques restent moroses, les produits d’intérêts devraient reculer dans le secteur bancaire et que les risques de défaut de crédit augmentent.
Dans ce contexte, M. Branson a appelé les établissements financiers à «faire preuve de prudence» et à «renforcer leur résilience».
Il a aussi plaidé pour une régulation européenne plus efficace, mais sans faire de concession sur le niveau de sécurité des établissements financiers.
Certaines lignes directrices de l’Autorité bancaire européenne (ABE), jugées «trop complexes pour les petites banques» notamment les nouvelles règles ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance), ne seront pas appliquées en intégralité en Allemagne.
«La lutte contre le changement climatique ne se gagnera pas à coups de rapports imposés aux petites banques», a déclaré M. Branson, tout en reconnaissant la pertinence de ces exigences pour les établissements plus importants.