La chronique des marchés de Vontobel au 5 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Wall-Street fermée, Eurostoxx +0,10%, SMI inchangé.

Wall-Street fait comme tous les américains et ne travaille pas en ce 4 juillet, journée marquant le jour de l’indépendance, lorsqu’en 1776 treize colonies britanniques fondèrent les Etats-Unis. Cette journée traditionnellement apolitique est «colonisée» par Donald Trump qui tente de répliquer le défilé du 14 juillet, qui l’avait tant impressionné il y a deux ans. Les spectateurs ont donc notamment droit à un meeting aérien avec un passage de Air Force One, le chasseur furtif B-2 et même un hommage au film Wall-Street avec une démonstration de la patrouille d’acrobaties aériennes «Blue Angels», signal subliminal?

Plus sérieusement, en Europe les marchés font du surplace, le grand frère américain manque, on ne sait trop quelle direction emprunter alors on ne la prend pas, ce qui ne signifie pas que rien ne se passe. Le marché obligataire européen poursuit sa folle marche vers le nord, les rendements continuent de baisser et ce qui devait arriver arrive, le rendement du Bund allemand à 10 ans passe en-dessous du taux de refinancement de la Banque Central Européenne, soit -0,40%. Ce matin il est pile dessus. En Italie ce n’est guère mieux avec un dix ans à 1,67%, qui traitait au-dessus de 2% il y a peu. La France est à -0,13% et la Suisse tient toujours la corde avec un superbe -68 points de base de rendement. Comment donc s’étonner ensuite que les investisseurs recherchent encore et toujours nos valeurs défensives que sont Nestlé, Novartis et Roche, qui offrent respectivement des rendements de dividendes de 2,39%, 3,14% et 3,10%. C’est le fameux TINA (There Is No Alternative…but stocks). Le rendement de l’emprunt US à 10 ans ne bouge pas trop ce matin, à 1,94%. La volatilité est basse, très basse, le VIX à 12,57, qui regarde désormais son support quasi infranchissable de 10 dans les yeux. L’or reste soutenu, l’once traite à 1418 dollars, le pétrole ne bouge pas, le baril de WTI Light Crude à 56,80 dollars. Les monnaies font de même, la paire eur/usd à 1,1276.

Le marché est-il en mode «arrêt sur image»? Non du tout, il attend l’importante statistique de l’emploi aux Etats-Unis, qui sera publiée cet après-midi à 14h30, heure de Genève. La moyenne des analystes s’attendent à 160'000 créations de postes au mois de juin et à un taux de chômage inchangé à 3,6%. Ce rapport est toujours important. Aujourd’hui il l’est plus encore tellement les attentes du marché sont élevées quant à une baisse de taux d’intérêts par la Fed lors de sa prochaine réunion du 31 juillet. Comme le rapport sur l’emploi a la capacité à faire pencher la balance, tout un chacun retient son souffle. Or le marché se comporte actuellement comme si une baisse de taux à la fin du mois était une certitude, ceci sachant que les statistiques économiques récentes, bien qu’indiquant un ralentissement de l’économie, ne permettent objectivement pas d’adopter une telle approche. La Fed est donc sous très forte pression et en plus Wall-Street plane en pleine stratosphère, à des niveaux historiques. En bref, cela devient irrespirable et toute information forçant les marchés à réduire leurs attentes de baisse de taux pourrait les secouer méchamment. Rappelons-nous que la volatilité traite à un niveau extrêmement bas.

Prudence donc dans le marché des futures ce matin avec l’Europe qui traite à l’équilibre et le future SPX qui progresse de 2 points et évolue juste au-dessus du niveau de 3000 points. Cette nuit et ce matin en Asie, les indices progressent légèrement. Le Nikkei 225 traite juste au-dessus de l’équilibre alors que Shanghai avance de 0,2%.

Donald Trump lance un gros pavé sur le marché des changes hier, en estimant que les Etats-Unis pourraient intervenir sur les marchés pour faire baisser le cours du billet vert. Une intervention directe du Trésor américain sur le marché des changes serait une grande première depuis 30 ans et constituerait une escalade supplémentaire dans la guerre commerciale que mène le président américain contre ses partenaires commerciaux, au premier chef la Chine et l'Union européenne.

Tout le monde sur le pont à 14h30 donc. Ceci dit en Europe ça a déjà commencé avec la publication des commandes aux Entreprise en Allemagne, au mois de mai. L’analyse est fort simple, c’est faible, très faible. Ces dernières reculent de 2,2% de mois en mois, le consensus attendait -0,2%...le marché ne sourcille pas pour le moment. Au Japon la consommation des ménages bondit de 4% en mai.

En Suisse Dufry est indiquée en légère hausse à l’ouverture, Goldman Sachs l’a relevée à «neutre». Adecco recule de 1,7% dans le pré-marché, Deutsche Bank l’a dégradée à «vendre». Nestlé transfère ses activités de glaces en Israël à Froneri. On note au passage une augmentation significative des volumes d’échanges en actions suisses sur la bourse SIX, suite à la fin de l’équivalence boursière avec l’Union Européenne. Ce n’est pas une surprise. Blackrock augmente sa participation dans Temenos à 5,18%.

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