Gonet: l'actualité des marchés au 4 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,23%, S&P 500 +0,80%, Nasdaq +1,14%, Russell +1,05%, SOX +4,29%, Eurostoxx +0,35%, SMI +0,48%.

Les ours aboient, la caravane de taureaux passe.

Les principaux indices boursiers américains débutent leur mois de mars sur une note positive, après avoir bouclé leur quatrième performance mensuelle consécutive dans le vert. Tout cela commence à se voir, sur Google on n’avait plus vu autant de recherches «bulle boursière» depuis janvier 2022, les stratèges répondent à des demandes croissantes de clients inquiets quant à la suite des événements boursiers, même Ray Dalio, le fondateur de Bridgewater Associates, se fend d’une missive plutôt longue dans laquelle il explique pourquoi le marché n’est pas en train de former une bulle. Toutes ces interrogations sont compréhensibles, les records boursiers tombent les uns après les autres, les valorisations des indices se tendent, les 6 magnifiques sont responsables de la grande majorité des gains (cela fonctionne dans les deux sens), le ratio cours/bénéfice (P/E) moyen des dix principales action de l’indice S&P500 (SPX) est plus élevé qu’en 2020, 2010 et même que lors du pic de la bulle dot.com de 2000. Ajoutez à ce constat un ralentissement de la désinflation, une Fed qui ne baissera certainement pas ses taux 7 fois cette année comme le marché se plaisait à l’espérer il y a encore peu, voyez le Bitcoin qui a bondi de 25% en une semaine, considérez des titres comme Super Micro Computer (SMCI +218% en 2024) qui est passé en quelques mois de vendeur de matériel informatique à «fournisseur de matériel optimisé pour l’IA» et nous voilà, tout un chacun commence à se demander si la fête ne serait pas sur le point de se terminer.

Tenter d’y répondre relève d’un exercice de chiromancie auquel je me garderai bien de me prêter. En revanche, il est souvent heureux de convoquer l’histoire dans un tel contexte, elle nous apprend toujours beaucoup de choses et l’humain a tendance à ne pas changer au fil du temps, il répète encore et toujours les mêmes comportements. Nous nous trouvons actuellement dans ce que l’on appelle un «bull market». Or, le marché haussier moyen depuis 1930 a duré 694 jours, selon Ned Davis Research. L’actuel n’a que 344 jours derrière lui, simple constatation. L’hebdomadaire Barron’s aborde le sujet ce weekend en se positionnant clairement. «Il est temps d’arrêter de s’inquiéter» nous écrit le très respecté journal, arguant que l’économie continue de résister bien mieux que prévu, que l’inflation ralentit moins vite que prévu mais que les chiffres de janvier ne sont pas inquiétants. Barron’s ajoute que les fonds de placement et les hedge funds ont couvert leur risque actions tout en précisant que le milieu d’un cycle de marché haussier est bien souvent ennuyeux, accompagné d’une faible volatilité.

Vendredi le SPX termine sa 16e semaine de hausse sur les 18 dernières, on n’avait plus vu cela depuis plus de 50 ans. Le podium du jour se compose de la tech, de l’énergie et de l’immobilier. Les semi-conducteurs sont les stars du jour, portés notamment par Dell Inc, qui décolle de 31% après avoir annoncé que, même si ses ventes de PCs ralentissent, la demande en serveur liés à l’IA augmente, et voilà, le tour est joué, et toute la cote d’applaudir avec des hausses de Intel, Qualcomm, AMD, Broadcom et Micron, l’indice SOX décollant de plus de 4%. Nvidia n’est pas en reste, elle progresse encore de 4% vendredi et atteint la valorisation de 2057 milliards de dollars. Il y a seulement 180 jours elle en valait mille de moins… Les banque régionales américaines souffrent, une fois encore impactées par NYCB qui chute de 26%. La volatilité perd encore 2%, le VIX clôture à 13,11, le Nasdaq100 (NDX) atteint un nouveau record historique à la cloche, rien ne semble capable d’arrêter ce marché en l’état, ce d’autant que les rendements des bons du Trésor à 10 ans reculent après des rapports plus faibles que prévu sur l'activité manufacturière, le moral des consommateurs et les dépenses de construction aux États-Unis. Le rendement du 10 ans US revient ce matin à 4,20%.

Le dollar en souffre quelque peu, la paire EUR/USD remonte à 1,0842, permettant à l’or de poursuivre son rebond, l’once traite ce matin à 2084 dollars. Le pétrole revient à 80 dollars le baril de WTI Light après que l'OPEP+ a accepté de prolonger les restrictions actuelles de l'offre jusqu'en juin. La Russie promet de se concentrer davantage sur les réductions de la production que sur les exportations, tandis que l'Irak et le Koweït prolongeront leurs réductions volontaires.

L'ISM manufacturier américain n'a pas été à la hauteur et les nouvelles commandes sont retombées dans la contraction. Le sentiment des consommateurs du Michigan est revu à la baisse en lecture finale, tandis que les prévisions d'inflation à un an et à cinq ans sont inchangées par rapport à l'impression initiale. L'indice PMI manufacturier américain final est supérieur au consensus et en hausse par rapport au mois précédent. Sur le front de la Fed, Christopher Waller déclare que le rythme du ralentissement du Quantitative Tightening dépendra de l'ampleur des réserves. Il indique par ailleurs qu'il souhaite que le bilan contienne davantage de titres à court terme. Thomas Barkin indique qu'il n'y a pas d'urgence à réduire les taux. Austan Goolsbee affirme qu'il ne serait pas surpris que l'inflation de janvier ne soit qu'un «bruit». Raphael Bostic déclare que la Fed doit maintenir les taux à un niveau plus élevé «plus longtemps qu'on ne le pense». Adriana Kugler fait preuve d'un optimisme prudent quant à la baisse de l'inflation sans nuire au marché de l'emploi.

Kamala Harris appelle à un cessez-le-feu temporaire entre Israël et le Hamas, alors que les pourparlers traînent en longueur sur un accord de libération d'otages. Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu, devrait se rendre à la Maison Blanche aujourd'hui pour discuter de la voie à suivre.

Donald Trump remporte trois nouvelles courses à l'investiture républicaine pour la présidentielle, ce qui le met en bonne voie pour verrouiller l'investiture d'ici le milieu du mois. Nikki Haley remporte sa première victoire aux primaires à Washington. La course se déplace maintenant vers le Super Tuesday, le 5 mars, où 15 États organisent des primaires pour le parti républicain.

Rien à signaler au menu macro-économique de ce lundi. Les banques centrales font leur retour en force cette semaine. La BCE devrait laisser ses taux inchangés à l'issue de sa réunion de jeudi. En parallèle, Jerome Powell a rendez-vous les 6 et 7 mars devant les comités parlementaires du Congrès des Etats-Unis pour faire le point sur la politique monétaire et les perspectives économiques. Les données mensuelles sur l'emploi aux Etats-Unis, toujours très suivies, complèteront le tableau le 8 mars.

Super Micro Computer et Deckers vont entrer dans le S&P500. Whirlpool and Zion Bancorp vont en faire les frais. Boeing confirme négocier le rachat de son fournisseur Spirit Aerosystems. Bayer fait du lobbying directement auprès des Etats américains pour qu'ils légifèrent à son profit dans le dossier Roundup, selon le FT. Arkhouse Management et Brigade Capital proposent maintenant d'acquérir les actions Macy's qu'ils ne détiennent pas encore pour 24 USD, soit 6,6 milliards de dollars, selon le WSJ. La dette de New York Community Bancorp dégradée à son tour en catégorie spéculative par Fitch. Volkswagen n'envisagera pas d'introduire en bourse son unité de batteries tant que ses usines ne seront pas opérationnelles, soit au moins jusqu'en 2026, selon le CEO de cette filiale du groupe allemand. Sandoz finalise la reprise d'un générique du Lucentis à Coherus. L'IPO de Reddit se ferait entre 31 et 34 USD l'action, selon le WSJ.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Hong Kong qui égare 0,04%. Tokyo progresse de 0,5% à la cloche, Shanghai avance de 0,41%, Séoul prend 1,21% et le Nifty50 grappille 0,13%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en très légère hausse. 

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