La finance autoritaire – Vers la fin du néolibéralisme

Présélection prix Turgot

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Benquet Marlène, Bourgeron Théo, Editions Raison d’agir. 

Marlène Benquet et Théo Bourgeron (sociologues) sont enseignants-chercheurs dans les Universités de Nanterre et d’Edimbourg.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
J-J.Pluchart

Les auteurs soulèvent la thèse selon laquelle le monde d’après-covid ne sera plus régi par un libéralisme néo-keynésien fondé sur une finance bancaire régulée, mais par un «libertarianisme autoritaire» dominé par la «finance de l’ombre» (ou shadow banking). Ils développent un raisonnement à la lois rigoureux et documenté, afin de démontrer que le Brexit a été moins provoqué par un rejet de «l’asphyxie bruxelloise» par le peuple anglais, que par l’activisme d’un mouvement pro-leave fomenté par les investisseurs de la finance de l’ombre (hedge funds, capital-investisseurs, gestionnaires d’actifs, traders quantitatifs…), opposés à la «surrèglementation» européenne des marchés financiers. 

Ces fonds ont soutenu de puissants think tanks, lobbies et influenceurs d’opinion (comme Atlas Network et Cambridge Analytica), Leur ambition serait de transformer le Royaume Uni en «place offshore globale» ou «Singapour-on-Tamise», ouverte sur le Commonwealth, les Etats Unis et l’Asie- Pacifique. Ils rejettent le keynésianisme et le consensus de Washington. Ils se réclament d’un «capitalisme tardif» théorisé en 2014 par Bellringer et Michie, qui ont radicalisé les pensées de Friedrich Hayek et de Milton Friedman. Ils prônent des gouvernances oligarchiques de l’Etat et actionnariale de l’entreprise. Ils soutiennent une «privatisation de la nature», estimant qu’un marché socialement responsable est plus à même que l’Etat de protéger l’environnement. Les auteurs considèrent que cette nouvelle forme de capitalisme – observée dans un nombre croissant de pays sur tous les continents – ne peut longtemps s’imposer en raison de son caractère conflictuel et rétrograde.