L’épicerie fine des ETF

Salima Barragan

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Selon Hector McNeil, co-CEO de HANetf, il s’agit de travailler plus intelligemment plutôt que de rivaliser.

Depuis le mois de juin, les investisseurs suisses ont accès aux ETF de la jeune société allemande HANetf. Sa plateforme qui permet aux gestionnaires d'actifs de lancer leur propre ETF, prend en charge l'habillage réglementaire, la gestion des produits ainsi que le marketing et la vente. Pour l’heure, les encours de cet émetteur indépendant se montent à 500 millions de dollars. Dans un univers de fonds indiciels dominé par des grands acteurs, Hector McNeil, un des deux fondateurs, souhaite positionner sa société comme l’épicerie fine des ETF. Entretien.

Comment ferez-vous la différence dans un secteur dominé par une poignée de grands émetteurs?

En Europe, le secteur risque de devenir un oligopole ce qui est malsain pour les investisseurs mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème. Nous voulons créer des conditions plus compétitives et plus équitables en permettant aux gestionnaires tiers de se lancer en Europe. Il n'est guère logique que les gestionnaires d'actifs créent et investissent dans des infrastructures pour émettre, gérer et distribuer des ETF. Ces derniers devraient plutôt se concentrer sur leur propriété intellectuelle et sur le contenu de leurs produits.

Concrètement, comment vous y prenez-vous pour concurrencer les grands acteurs?

Nous exploitons les technologies numériques pour nous donner, ainsi qu'à nos clients, une envergure instantanée. Il s'agit de travailler plus intelligemment plutôt que d'essayer de rivaliser dans un monde déjà fortement saturé. Nous offrons, par exemple, des expositions totalement uniques.

La Suisse est l'un des marchés les plus mûrs
et les plus sophistiqués d'Europe.
Qu’entendez-vous par des expositions uniques?

Nous avons lancé des fonds sur le cannabis médical, les bitcoins négociés en bourse ainsi qu’une gamme d'ETFthématiques sur les technologies avec GINS Global Funds, un fournisseur de fonds basé en Californie. Les trois fonds couvrent le cloud computing, la technologie médicale et l'innovation ainsi qu’un ETF diversifié à thèmes multiples qui inclut des tendances d'avenir comme la robotique, l'IA, la cyber sécurité et l'IoT. Nous avons également participé au premier ETF dédié aux actions koweïtiennes et un ETC sur l'or physique dont la garde est assurée par la Royal Mint, le producteur de pièces de monnaie britannique.

Quel a été le succès de l’ETF axé sur le cannabis, malgré quelques déceptions sur le marché nord-américain?

Nous approchons des 10 millions de dollars d'actifs sous gestion sur ce fonds. Tous les encours avaient été pris au cours des trois premières semaines d'émission puis se sont bloqués lors du COVID-19.  Cependant, la crise sanitaire a suscité un intérêt pour les soins alternatifs et nous pensons que de plus en plus d'investisseurs se familiariseront avec le cannabis en tant que produit thérapeutique. Sur le mois de mai, les performances ont été impressionnantes et nous prévoyons un regain d'intérêt des investisseurs après l'été.

Vous venez de publier une étude sur le marché suisse des ETF. Pourquoi le marché helvétique précisément et qu’a démontré votre étude?

La Suisse est l'un des marchés les plus mûrs et les plus sophistiqués d'Europe. Notre étude a démontré qu’elle bénéficie de la croissance séculaire des ETF à long terme. Le basculement des fonds communs de placement aux ETF est en cours ce qui implique pour les investisseurs suisses un éventail beaucoup plus large d'expositions et de stratégies - y compris actives - sous format d'ETF.

Prévoyez-vous d'introduire davantage d'ETF thématiques sur le marché suisse?

Absolument. Nous disposons d'un pipeline de nouveaux produits provenant d'une gamme de gestionnaires d'actifs qui offriront aux investisseurs des expositions jusqu'alors inaccessibles. Nous voulons être connus comme l'épicerie fine du marché des ETF plutôt que comme un supermarché.