Ces GFI qui tirent leur révérence

Salima Barragan

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«La nouvelle réglementation LSFin et LEFin va accentuer les mouvements de consolidation», estime Nicole Curti chez Stanhope Capital.

Entre contraintes des nouvelles réglementations, vieillissement et pénurie de successeurs, le paysage des gérants de fortune indépendants va inéluctablement se transformer dans les années à venir. Le point avec Nicole Curti, Chief Operating Officer chez Stanhope Capital Suisse.

Pourquoi parle-t-on de «papy boom» chez les GFI?

Le parcours type du GFI est celui d’un ancien gérant de banque qui s’est mis en compte propre pour des raisons économiques ou en raison de valeurs divergentes. Ce mouvement a eu lieu principalement dans les années 90 et, aujourd’hui, les gérants indépendants qui sont généralement âgés de plus de soixante ans, réfléchissent à leur succession.

Au regard des nouvelles réglementations, ces papy-boomers vont-ils accélérer la planification de leur succession?

Oui, car ces réglementations en vigueur depuis le 1er janvier requièrent une organisation plus contraignante. Elles accentueront les mouvements de marché dans ces prochaines années.

«Ces règles imposent une charge supplémentaire à supporter.»
Comment le marché suisse des GFI est-il composé?

Il y a environ 2'500 gérants indépendants, dont 90% sont de toutes petites structures comptant d’une à cinq personnes. 

Les structures les plus modestes vont-elles être économiquement affectées par la réglementation? 

Oui. Bien qu’il s’agisse d’une opportunité pour assurer davantage de sécurité au client et garantir une meilleure structure autour du gérant, ces règles imposent une charge supplémentaire à supporter. Un coût spécialement important pour les petites entités qui devront par exemple disposer d’un conseil d’administration indépendant et d’une compliance… Mais de plus grandes structures pourront aussi les accueillir.

Quelle est la masse critique d’avoirs sous gestion à réunir pour passer le cap sereinement? 

Cela dépend bien sûr de la structure de coûts et de revenus, mais des encours de l’ordre du milliard me semblent un seuil réaliste.

Certains gérants indépendants céderont-il leur affaire après la période de transition de 3 ans? 

Oui. Peut-être même avant car il leur sera difficile d’organiser le suivi de leurs activités. Car derrière des gérants vieillissants, il y a aussi des clients vieillissants …

«Il faudrait du sang neuf pour communiquer avec les jeunes générations…
mais les successeurs ne se bousculent pas au portillon.»
D’ailleurs, comment les GFI aborderont-ils les millénials qui hériteront de la fortune de leurs parents?

C’est effectivement une problématique. Il faudrait du sang neuf pour communiquer avec les jeunes générations… mais les successeurs ne se bousculent pas au portillon. Comment attirer des jeunes talents dans une petite structure organisée autour d’un fondateur? Sans oublier que la profession compte peu de femmes pour servir une clientèle féminine en forte croissance. 

Une consolidation du secteur serait-t-elle salutaire? 

Certes, mieux vaut s’allier intelligemment que réinventer la roue. Reste qu’il n’y pas que le gérant qui doit s’intégrer dans une nouvelle structure. Il faut également emporter l’adhésion du client. 

Les banques pourront-elles aussi reprendre une partie de la clientèle? 

Les grandes banques sont très intéressées à reprendre cette clientèle et se positionnent à cet effet. Mais pour un ancien gérant de banque, il sera difficile d’argumenter auprès de ses clients en faveur du retour dans un établissement bancaire. Les grands gérants indépendants seront logiquement les meilleures destinataires car ils peuvent en outre faire bénéficier de leurs compétences en recherche, Compliance, IT et ont déjà des relations établies avec de nombreuses banques dépositaires.

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