Bilan genevois de la restructuration

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

«Nous avons une meilleure visibilité de ce que rapporte la Suisse et nous sentons plus forts», explique Pascal Besnard de Credit Suisse.

 

En décembre, Credit Suisse assurait avoir atteint les objectifs du programme de restructuration qu’il s’était fixés il y a trois ans. La division Global Markets a été restructurée en profondeur et les services de la banque d’affaires sont venus renforcer les activités de gestion de fortune. Responsable des activités Private and Wealth Management clients, subordonnées à la division Swiss Universal Bank (SUB), Pascal Besnard est le visage de la grande banque pour la région de Genève, la plus performante l’an passé, en terme relatifs, de ses huit régions suisses. Entretien au siège genevois de la banque, Place de Bel-Air, où sont regroupés depuis son inauguration il y a quatre ans plus de 600 collaborateurs.

Pouvez-vous nous résumer comment sont structurées les activités de Credit Suisse en Suisse?

Sous la présidence d’Alexandre Zeller et la direction de Thomas Gottstein, nos métiers sont structurés sur quatre lignes de front. Les activités de Wealth Management, dirigées par Serge Fehr, celles de Corporate& Investment Banking, sous la houlette de Didier Denat, celles regroupées sous le nom de Premium Clients (Ultra High Net Worth Individuals), avec à leur tête Felix Baumgartner et enfin la gestion institutionnelle et les gérants de fortune indépendants sous la responsabilité d’André Helfenstein. Cette organisation est répliquée, à quelques nuances près, au sein de chacune des huit régions géographiques formant le marché suisse, la région de Genève, comme celle de Zurich, comptant une activité supplémentaire importante: le trade finance.

La chaine de commande comportant moins de maillons,
les rapports sont plus directs, plus rapides, plus efficaces.
Vous portez vous-même plusieurs casquettes.

Je suis effectivement en charge e des activités Private and Wealth Management mais porte également la responsabilité régionale d’assurer la synergie de tous les services de la banque afin d’éviter le fonctionnement en «silo» de chaque métier. Mon rôle est de garantir une étroite collaboration entre les services financiers aux entreprises (corporate), les compétences de banque d’investissement (investment banking) et la banque privée afin que tous partagent des objectifs communs et forment réellement la «banque des entrepreneurs», que nous voulons incarner. Etre en mesure d’offrir d’une seule voix toute la (vaste) palette de nos services à nos clients selon leurs besoins est l’une des grandes missions que nous a confiée la direction et dont la mise en œuvre et le développement font partie de la responsabilité du chef de région.

Quel a été l’impact sur vos activités de la restructuration de Credit Suisse au cours des trois dernières années?

Très positif. Nous avons une meilleure visibilité de ce que rapporte la Suisse et nous sentons plus forts. La chaine de commande comportant moins de maillons, les rapports sont plus directs, plus rapides, plus efficaces. Les compétences des gestionnaires de relations (RM) s’en trouvent renforcées. Face à la problématique d’un client (la vente de son entreprise, par exemple), nous pouvons très rapidement réunir toutes les compétences et proposer des solutions. En outre, le regroupement d’une grande partie des collaborateurs dans un seul lieu à Genève facilite ces synergies. Tous les experts en gestion de patrimoine sont disponibles sur place pour traiter tous les thèmes: qu’il s’agisse de succession, de fiscalité, d’immobilier, d’investissements ou de quelque autre spécialité.

Est-il exact que la région de Genève a été la plus performante des huit régions suisses de Credit Suisse. Quelles en sont les raisons?

Credit Suisse Genève s’est en effet distingué ces dernières années – et notamment l’an passé – en termes de réalisation des objectifs qui sont assignés à chaque région. L’une des raisons de notre réussite est une collaboration et une dynamique interne intense, des équipes très soudées et une conscience élevée de la nécessité d’offrir des services de qualité. Nous avons d’ailleurs travaillé sur les aspects d’excellence avec l’Ecole hôtelière de Genève et avec celle de Lausanne et défini  des standards précis pour gouverner la relation avec le client avant, pendant et après chaque rendez-vous ou contacts. Avec 104 banques, à Genève, la compétition est dure mais le marché est aussi plus concentré. Notez également que l’immobilier a été l’une des clefs du renouveau sur Genève.

L’esprit d’équipe est sans nul doute
l’un des fondements de la réussite.
Les synergies que vous évoquez exigent une bonne cohésion des équipes. Votre passé de sportif est-il un atout dans ce domaine?

L’esprit d’équipe est sans nul doute l’un des fondements de la réussite sportive et mon expérience de footballeur et de coach m’a enseigné comment renforcer la cohésion de groupes. Nous avons par exemple ouvert, il y a quatre ans, un Club Credit Suisse Genève auquel les employés adhèrent volontairement et cotisent en fonction de leur rang. Nous avons développé toutes sortes d’activités fédératrices dont un rallye piéton dans la ville, le suivi de la production d’une vigne pendant un an et des rencontres avec des personnalités, Roger Federer par exemple.

Vous représentez l’une des entreprises fondatrices auprès du centre de compétence de l’Observatoire des Valeurs de la Stratégie et du Management de l’Université de Genève. Quel est votre rôle dans ce cadre?

L’Observatoire se veut un pont entre les milieux académiques et la réalité professionnelle. A ce titre, il demande aux entreprises fondatrices de travailler sur certains sujets à proposer aux étudiants comme par exemple, récemment, «la santé des dirigeants». Cette année, je serai amené à faire une conférence en octobre sur l’évolution de la stratégie de commercialisation, avec et sans digital. Credit Suisse est également très présent au sein de la Fondation Genève Place Financière.

Il est de plus en plus question d’ESG. Quelle est votre force dans ce domaine?

Le Credit Suisse croit très fort en l Impact Investing, aux investissements ayant un impact social ou environnemental Nous avons a été la première banque à émettre en Suisse des green bonds, les deux à Genève, dont l’un pour le compte de l’Etat. Si ce type d’investissements est bien connu des grandes entreprises, nous espérons susciter l’intérêt des communes qui auront de grands besoins dans ce domaine avec le plan 2030.

Vous parliez plus tôt de votre proximité aux investisseurs. Quelles formules leur offrez-vous?

Depuis quelques années nous avons adapté notre philosophie de conseils aux clients pour nous adapter au comportement et besoins éprouvés du client et non pas sur un critère de segmentation selon le niveau de fortune. Notre modèle «CS Invest» par exemple se décline en plusieurs variantes. Outre le mandat traditionnel, la première, appelée Invest Compact, cible les petits investisseurs peu actifs, mais à la recherche d’une offre de placement simple avec un conseil personnalisé élaboré sur la base d’un examen annuel de la stratégie de placement. La deuxième, Invest Partner, offre un conseil aux investisseurs réguliers sur la base d’une revue d’une revue mensuelle. La troisième, Invest Expert, est réservée aux investisseurs sophistiqués ou les family office se fonde sur un rapport qui peut être quotidien avec le client.