Attrait continu du high yield

Salima Barragan

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Selon Sunita Kara chez Aviva Investors, les investisseurs se préparent déjà pour le prochain cycle économique.

Chaque jour, nous nous rapprochons inéluctablement de la fin d’un long cycle économique. Ce n’est en théorie pas le moment idéal pour investir sur les obligations à haut rendement, qui se comportent mieux en début de cycle, alors que l’activité économique reprend son souffle. Ont-elles pour autant perdu de leur attrait? Pour Sunita Kara, portfolio manager chez Aviva Investors, les fondamentaux sont encore dans le vert: «Les défauts de paiement pour les 12 prochains mois sont insignifiants et le risque est correctement rémunéré». Entretien.

En cette phase mature du cycle économique, comment les obligations à haut rendement se comportent-elles?

Notons qu’un cycle long d’une décennie n’est pas usuel. A son début, lorsque les fondamentaux s’améliorent et que les valorisations sont écartées, la vie des investisseurs est plus facile. Mais vers sa fin, le comportement des obligations à haut rendement devient plus corrélé à celui des actions. Aujourd’hui, alors que nous sommes dans la phase mature du cycle du crédit, nous voyons une divergence entre les sentiments des investisseurs qui se préparent déjà pour le prochain. Aussi, leur manque de visibilité quant au timing de la fin, associé à la politique de la Fed, amènent de la volatilité. Nous avons aussi des divergences entre les bonnes et les mauvaises sociétés comme entre les bons et les mauvais secteurs. 

«Nous aimons tout particulièrement les émissions dites «reverses yankies»,
qui sont émises en euros par des entreprises américaines.»
Pour quelle raison, la corrélation entre les obligations à haut rendement et les actions, augmente-t-elle en fin de cycle?

Depuis la période précédant la crise financière globale, la corrélation entre les obligations à haut rendement et les actions a augmenté de 0,4%, car les investisseurs sur le crédit, mais également ceux sur les actions, suivent attentivement les politiques des banques centrales. En revanche, leur corrélation avec les bons de trésor est négative, ce qui offre une diversification sur les portefeuilles obligataires.

Suite à la divergence entre les spreads américains et européens, sur lequel de ces marchés et pour quelles signatures voyez-vous de la valeur?

Cette divergence était à son apogée lors du deuxième semestre 2018. Depuis, bien que les spreads européens soient redescendus durant les premiers mois de l’année, nous y voyons toujours plus de valeur vis-à-vis de ceux des obligations américaines. Lors du second semestre 2018, des doutes quant à la croissance européenne ont émergé. Le marché nous dit que sa croissance s’est affaiblie alors que, du point de vue des fondamentaux, elle nous paraît toujours solide. Nous voyons actuellement plus de valeur sur des obligations notées B vis-à-vis de celles BB et CCC. Nous aimons tout particulièrement les émissions dites «reverses yankies», qui sont émises en euros par des entreprises américaines. Les investisseurs européens ne sont pas très familiers avec ces noms pour lesquels ils exigent un spread pickup entre 30 à plus de 100 points de base pour un risque de crédit identique.

«Nous favorisons le secteur de la technologie.»
Comment interprétez-vous la baisse des rendements depuis le début de l’année?

Nous avions démarré l’année avec un rendement de 8% sur le marché global. Aujourd’hui, il est descendu à 5,5% et le marché américain offre du 6% alors que l’européen est à 3,1%. Cette compression est associée à des fondamentaux solides car les entreprises prévoient des revenus stables, voir en amélioration. Les investisseurs sont donc correctement rémunérés avec les coupons car le risque de défaut de 1,5% est plus bas que la moyenne du cycle.

Quels secteurs favorisez-vous?

Nous aimons le thème de la croissance structurelle vis-à-vis de celle cyclique, dont les bénéfices pourraient se retourner très rapidement. Nous favorisons le secteur de la technologie. Son univers high yield est très différent de celui Investment Grade et des actions, car les GAFAs n’y sont pas très présentes. Nous y trouvons à la place des fournisseurs de données, d’analyses et de serveurs.

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