Immobilier de luxe: tassement des prix à Genève

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En 2018, 118 transactions «premium» de villas et appartements ont été enregistrées dans le canton de Genève, a indiqué le directeur de Naef Prestige, Etienne Nagy.

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Les prix de l’immobilier résidentiel de luxe se tassent à Genève depuis quelques années et devraient croître modérément en 2019, de l’ordre de 1%, selon une étude du réseau Naef Prestige Knight Frank. D’une façon générale, la Cité de Calvin reste prisée par les très riches mais est de plus en plus concurrencée par la rive vaudoise du Léman.

Les perspectives relativement modestes pour la croissance économique mondiale en 2019 auront un impact sur l’immobilier, relève le «Wealth Report» de Knight Frank, leader mondial du marché immobilier de luxe, présenté mardi à Genève avec son partenaire Naef Prestige. L’Arc lémanique n’est pas épargné, mais de façon différenciée.

En 2018, 118 transactions «premium» de villas et appartements (prix de vente supérieur à 4 millions de francs) ont été enregistrées dans le canton de Genève, a indiqué le directeur de Naef Prestige, Etienne Nagy. Le prix moyen des objets se tasse depuis le pic de 2012. Il est retombé au niveau d’il y a une dizaine d’années.

«La concurrence se renforce, au plan international mais aussi de la part de la région lausannoise, très attrayante en raison de la présence des Hautes écoles internationales et de l’EPFL, qui attirent les expatriés», a précisé M. Nagy.

Sur Genève, seuls trois objets valant plus de 20 millions de francs ont été vendus en 2018, tandis que la rive côté Vaud se targuait de plusieurs ventes à plus de 70 millions. «Nous ne pensons pas que les prix augmenteront de façon importante à l’avenir sur Genève», a précisé Jacques Emery, de Naef Prestige Knight Frank.

L’indice de l’immobilier de luxe (Prime International Résidentiel Index, Piri) de Knight Frank, qui mesure la performance du secteur dans une centaine de villes, étaie ces observations. Il fait état pour 2018 d’une hausse globale des prix de 1,3% en moyenne à l’échelle mondiale (taux le plus bas depuis six ans), mais bien d’un recul en Suisse.

Les prix ont diminué de 2% à Genève, de 1% à Zurich et de 7,5% à St-Moritz. A l’inverse, ils ont flambé à Manille (+11,1%), Edimbourg (+10,6%), Berlin (+10,5%) ou Munich (+10%). D’une façon générale, une convergence des prix du luxe est constatée entre les différents lieux à l’échelle globale.

Genève reste cependant une des villes les plus chères du monde pour le prix du mètre carré. Avec un million de dollars, il est possible d’y acquérir en moyenne 41 mètres carrés, contre 48 à Zurich et 55 à Lausanne. A Monaco, ville la plus chère, on ne peut acquérir que 16 mètres carrés pour cette somme. Suivent Hongkong (22), New York et Londres (31), Singapour (36) et Los Angeles (39).

En 2019, les prix du «résidentiel de prestige» devraient baisser dans plusieurs mégapoles (Buenos Aires, Dubaï, Hongkong, Mumbai, Shanghai), tandis qu’ils s’annoncent stables à New York et Singapour. Genève, avec +1%, enregistrera une hausse limitée, assez loin de celles de Madrid, Berlin, Paris ou Le Cap (+6%). L’achèvement, fin 2019, de la liaison ferroviaire du Ceva devrait soutenir le secteur du côté Genève.

44 nouveaux millionnaires chaque jour en Suisse

La Suisse abrite par ailleurs toujours une concentration record de personnes fortunées (proportionnellement à la population) et se classe 8e mondiale en chiffres absolus. Le pays hébergeait fin 2018 un total de 331’686 millionnaires – plus qu’en Inde –, devancé seulement en valeur absolue par les Etats-Unis, le Japon, la Chine, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada et la France, dans l’ordre. Chaque jour, la Suisse produit 44 nouveaux millionnaires.

Le pays arrive 7e à l’aune des ultra-riches ou «UHNWI», soit les personnes avec un revenu disponible supérieur à 30 millions de dollars: 4768 habitants appartiennent à cette catégorie (+149 en un an), là aussi un record du monde en matière de densité. Proportionnellement à la population, Genève affiche le fort taux d’ultra-riches (1344 personnes) du monde après Monaco.

Le pays devrait cependant perdre des places ces prochaines années. D’ici 2023, le nombre d’ultra-riches devrait augmenter de 20% en Suisse, contre 24% en France, 27% en Allemagne et à Hongkong, 35% en Chine, 39% en Inde, 24% au Kenya, 38% aux Philippines ou encore 25% en Suède. Pour ces personnes, l’immobilier de luxe reste une «valeur refuge», en période de turbulences.

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