La coopérative bancaire Raiffeisen a souffert des baisses de taux d’intérêt qui ont affecté l’activité de crédit - son coeur de métier - malgré des volumes hypothécaires en hausse. Le bénéfice net s’est étiolé de 8,4% sur un an à 642 millions de francs. La direction veut s’appuyer sur son «succès commercial» pour la seconde partie d’exercice.

Le numéro deux bancaire helvétique a vu sa rentabilité opérationnelle faiblir, en témoigne un résultat d’exploitation en repli de 13,2% à 776 millions de francs, selon les indications fournies mercredi par l’établissement saint-gallois. Le rapport entre les coûts et les revenus s’est détérioré de 4,7 points de pourcentage à 55,3%.

Les recettes se sont établies à 1,95 milliard de francs, en baisse de 4,4%. «Pour le premier semestre 2024, Raiffeisen enregistre une croissance largement soutenue dans tous les secteurs opérationnels», affirme le directeur général Heinz Huber, cité dans le communiqué.

Principale source de revenus, les opérations d’intérêts ont dégagé un résultat brut de 1,43 milliard, soit un tassement de 7,6%. Pourtant, la banque a gonflé ses volumes hypothécaires de 1,8% sur six mois, à 214,82 milliards.

Le produit des commissions n’a pas permis de contrebalancer cet effet négatif, même avec une augmentation de 7,9% en rythme annuel à 336 millions de francs. La masse sous gestion a pris 3,2% sur six mois à 257,78 milliards.

La somme au bilan a dépassé les 300 milliards de francs, à 302,07 milliards (+1,7%). Les dépôts à la clientèle ont grappillé 1,2% à 210,40 milliards.

Proximité et diversification

«Nous restons focalisés sur le développement de la proximité avec le client», a expliqué mercredi en conférence téléphonique M. Huber. La croissance des volumes offre «une large assise et un très bon positionnement» pour le second semestre. Le nombre des conseillers à la clientèle - en particulier au sein des banques Raiffeisen locales - a augmenté de 89,8 équivalents plein temps.

Le groupe compte plus de 14’000 nouveaux clients, dont 3000 entreprises, et plus de 20’000 nouveaux membres ont rejoint la coopérative depuis début janvier. Une grande partie d’entre eux sont d’anciens clients de Credit Suisse. Aussi, par volonté de diversification, la banque dit vouloir établir la part des affaires indifférentes ou affaires indépendantes des taux à environ 30% d’ici fin 2025.

Pour 2024, Raiffeisen s’attend à un bon résultat mais qui n’atteindra pas le niveau exceptionnel de 2023. «La marge d’intérêt est repassée sous la barre des 1% au premier semestre à 0,96% après 1,08% un an plus tôt», a indiqué à la presse le directeur financier, Christian Poerschke. Elle devrait rester à ce niveau pour la suite de l’exercice.

A l’échelle romande, la banque ne précise pas ses prévisions. La direction voit l’économie nationale croître de façon modérée. Elle déplore notamment une dynamique conjoncturelle inférieure à la moyenne des années précédentes et un potentiel de hausse limité sur les marchés financiers.

Pour l’immobilier, «la pénurie d’offre persiste». Aussi, la banque relève dans son rapport à mi-parcours que le niveau plus bas des taux d’intérêt «pourrait relancer la demande de logements en propriété, qui a récemment baissé».

Concernant les rumeurs de départ le concernant, le directeur général déclare «aimer travailler au sein de Raiffeisen» et qu’une démission «n’est pas à l’ordre du jour».