Inquiétantes sorties de fonds chez Vontobel

Emmanuel Garessus

2 minutes de lecture

Le bénéfice net dépasse les attentes, mais les sorties de capitaux contrastent avec la progression d’autres établissements. L’action est à la peine.

© Keystone

Zeno Staub, CEO du groupe Vontobel, se veut rassurant lors de la conférence de presse virtuelle, jeudi matin. Le patron sortant qualifie les résultats semestriels de «robustes» et ajoute «nous avançons dans la bonne direction».

Dans les faits, le bénéfice net semestriel est en repli de 16% à 128 millions de francs, ce qui est légèrement mieux que les attentes. Mais l’établissement, qui gère 212 milliards de francs d’actifs (+4%) subit 0,9 milliard de francs de sorties de fonds nettes (-0,9%).

Même si le groupe est pénalisé par les effets de change négatifs (2,2 milliards de francs), les sorties de fonds déçoivent le marché.

Dans le contexte de la chute de Credit Suisse et de l’opportunité pour les autres banques d’augmenter leurs clients, le verdict des investisseurs est sans appel. Si la bourse a salué par des gains significatifs, cette semaine, les résultats semestriels de Julius Baer et d’EFG International, elle a sanctionné ceux du groupe Vontobel. Le titre de ce dernier a légèrement baissé jeudi matin sur un marché pourtant en sensible hausse. Ce scénario n’est pas nouveau. Depuis le début de l’année, l’action Vontobel est en repli de 3%. A l’inverse, le titre Julius Baer bondit de 15% et EFG International de 21%.

Si la bourse a salué par des gains significatifs, cette semaine, les résultats semestriels de Julius Baer et d’EFG International, elle a sanctionné ceux du groupe Vontobel.

Le groupe Vontobel présente deux visages différents. Le premier, celui de l’activité de gestion de fortune, a le sourire. Son taux de croissance de l’argent frais atteint 3,9 milliards sur base ajustée ( +8,4%), ce qui dépasse l’objectif de 4 à 6%. L’ajustement traduit le recentrage de l’activité (sortie des clients domiciliés en Russie et du secteur B2C en Chine) qui a coûté 1,8 milliard de francs d’actifs. Au total, dans cette activité, les actifs sous gestion progressent de 6% à 98,1 milliards de francs et la marge nette s’améliore nettement (+12 points de base à 82 pb).

La banque a par ailleurs engagé 50 nouveaux conseillers (relationship managers) qui s’ajouteront aux 316 RM enregistrés à la fin 2022. «D’autres engagements devraient survenir», avertit Zeno Staub. La banque se dit toutefois très sélective dans ce processus.

La division asset management, par contre, fait la grimace. Les sorties de fonds, provenant des investisseurs institutionnels, atteignent 3 milliards de francs (5,6%). Les actifs sous gestion augmentent de seulement 1% à 108,7 milliards de francs tandis que la marge nette est stable (37,2 pb).

Zeno Staub entend placer le résultat de cette division dans son contexte. «Notre performance correspond exactement à celle de l’ensemble de l’industrie, celle de la gestion active», lance-t-il. Les sorties de fonds sont moindres qu’en 2022, mais elles touchent l’ensemble de la branche. La cause des difficultés provient de l’environnement économique, selon la direction. La proximité de la fin des hausses de taux d’intérêt amène Zeno Staub à promettre une amélioration progressive. La qualité des fonds de Vontobel ne semble pas en cause, assure-t-il, puisque la performance de 68% des fonds obligataires s’inscrivent dans les premier ou deuxième quartile.

La hausse des coûts de 8%, qui contraste avec une hausse de 1% des revenus, a également surpris certains investisseurs. L’augmentation est liée à des effets comptables exceptionnels, au recentrage de la gestion de fortune et aux engagements de conseillers. Le rapport entre les coûts et les revenus s’élève à 78,2%, ce qui est trop élevé ainsi qu’en convient Thomas Heinzl, directeur financier du groupe. La relation s’est toutefois améliorée par rapport au deuxième semestre 2022 (84,7%). Le groupe avance conformément à son plan en matière de baisse des coûts, assure la direction. Le but est de ramener ce rapport en-dessous de 72%.

Zeno Staub, dont le mandat s’achève en avril prochain, laissera à son successeur – aucune information à ce sujet n’a filtré à ce sujet à la conférence de presse – un groupe qui a besoin de profonds ajustements pour naviguer sereinement sur les eaux très volatiles des marchés financiers.

A lire aussi...