Credit Suisse: suspense accru sur la présidence

AWP

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L’arrivée d’un président étranger, voire même d’une femme étrangère, telle la Britannique Blythe Masters, pourrait être envisagée.

D’ici la fin de l’année, Credit Suisse devrait dévoiler le nom du successeur d’Urs Rohner à la présidence de la grande banque. L’actuel titulaire du poste se retirera lors de l’assemblée d’avril prochain, frappé par la limite de mandats. Le numéro deux bancaire helvétique dispose de peu de temps pour trouver la perle rare.

Fin octobre, Credit Suisse a affirmé que le processus de succession était bien avancé et que le visage du nouveau président serait dévoilé d’ici la fin de l’année. Certains observateurs tablent sur l’assemblée extraordinaire prévue le 27 novembre, durant laquelle les actionnaires devront se prononcer sur la deuxième tranche du dividende 2019. La journée des investisseurs de mi-décembre pourrait également être l’événement propice à ce genre d’annonce.

D’autres augures estiment que la nomination d’un nouveau président constitue un jalon suffisamment important pour faire l’objet d’une communication «spéciale».

Après avoir été dirigée par un Américain et un Franco-Ivoirien - respectivement Brady Dougan et Tidjane Thiam - la grande banque est désormais pilotée par un Suisse, Thomas Gottstein. Dans cette optique, l’arrivée d’un président étranger, voire même d’une femme étrangère, pourrait être envisagée.

La Britannique Blythe Masters, candidate au conseil d’administration en avril, est mentionnée parmi les papables. Elle a fait carrière auprès du géant américain JP Morgan et est considérée comme l’inventrice des couvertures de défaillance sur crédit (credit default swaps), des instruments financiers très courants. Urs Rohner a exprimé à de nombreuses reprises le souhait de voir une femme lui succéder, a écrit récemment le magazine Finanz und Wirtschaft.

Finews se montre plus pessimiste. Il ne reste guère beaucoup de temps jusqu’en avril ce qui jouerait en défaveur d’un candidat externe. Celui-ci mettrait trop de temps à se familiariser avec le groupe et ses activités, argumente le portail en ligne, qui penche plutôt en faveur d’un administrateur en place. L’Allemand Andreas Gottschling, au conseil de Credit Suisse depuis 2017, partirait avec les faveurs de la cote.

Philipp Hildebrand hors course

Une chose est désormais certaine, Philipp Hildebrand ne sera pas président de Credit Suisse. Le portail financier Inside Paradeplatz a affirmé en septembre que l’ex-patron de la Banque nationale suisse (BNS) figurait dans la «short list». Il a fallu abandonner cette perspective début novembre, lorsque le Conseil fédéral a proposé le Zurichois comme candidat au poste de secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les noms d’autres successeurs potentiels à Urs Rohner ont fleuri dans la presse récemment. On dénombre parmi ces candidats plus ou moins probables l’actuel président de la BNS Thomas Jordan, le directeur général de Zurich Insurance Mario Greco, un Italien, le chef d’UBS Suisse Axel Lehmann ou encore le responsable de la gestion institutionnelle d’UBS Ulrich Körner.

La banque aux deux voiles ne commente pas ces spéculations. Le grand public sera informé dès qu’une proposition destinée à l’assemblée générale d’avril sera arrêtée, a expliqué Credit Suisse.

Urs Rohner va quitter le groupe après douze ans passés au sein du conseil d’administration. Il a accédé à l’organe de surveillance en 2009 et le dirige depuis 2011. Le dirigeant a survécu à de nombreuses tempêtes, l’une des plus dévastatrices en termes d’image étant le scandale des filatures des hauts dirigeants. Malgré la grogne d’influents actionnaires, le président a été réélu le printemps dernier pour un onzième et ultime mandat.

L’affaire de filatures avait éclaté en septembre 2019, avec la révélation de la surveillance du banquier star Iqbal Khan, passé depuis au concurrent UBS, où il codirige la gestion de fortune, qui avait terminé en course-poursuite dans les rues de Zurich.

La banque aux deux voiles avait également fait surveiller l’ancien directeur des ressources humaines et membre de la direction Peter Goerke, apprenait-on fin décembre. Le directeur général de l’époque, Tidjane Thiam, avait été éclaboussé par ce scandale.

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