Pourquoi tout le monde parle de... Métavers?

Natixis Investment Managers

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Le métavers est sur le point de tout changer. Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?

«Le métavers est sur le point de tout changer», titrait fièrement Vanity Fair l’année dernière. «D’ici peu, nous accrocherons des NFT aux murs de nos maisons virtuelles et achèterons des hauts Balenciaga pour nos alter-ego numériques.»1

Cela peut sembler exagéré. L’intérêt pour les jetons non fongibles (NFT), par exemple, a fortement diminué ces derniers temps, reflétant probablement une baisse de la liquidité mondiale qui a vu chuter les actifs spéculatifs. En outre, personne ne sait vraiment à quoi le «métavers», une constellation de technologies balbutiantes comme la réalité virtuelle et la réalité augmentée, ressemblera au bout du compte. Même si des personnes telles que Mark Zuckerberg nous promettent avec enthousiasme un monde virtuel utopique, celui-ci n’existe encore qu’à l’état de concept.

Toutefois, le métavers pourrait réellement représenter un changement de paradigme, selon certains analystes technologiques. Alors que le Web 2.0 a permis de connecter le monde entier grâce aux réseaux sociaux et au haut débit, le métavers, ou Web 3.0, offrira une réalité riche et immersive, où les internautes pourront évoluer au sein de nouveaux espaces pour jouer, faire des achats et même travailler ensemble. Ce que l’iPhone a fait pour nos vies en 2007, le métavers pourrait bientôt le faire en tant que prochaine itération de l’Internet.

Nouvelles frontières

Sans surprise, des sociétés de tous horizons sont sur les rangs pour profiter de la «méta-économie». Outre les géants de la technologie tels que Meta (anciennement Facebook), Nvidia, Microsoft et Google, qui construisent activement divers éléments du métavers, des maisons de mode et des marques grand public s’attellent à la conception d’objets virtuels, les biens numériques représentant un marché actuellement estimé à 54 milliards de dollars par an, soit quasiment le double du chiffre d’affaires de l’industrie.2

Début mars, Dolce & Gabbana et Estee Lauder se sont associés pour la toute première Metaverse Fashion Week, un événement de quatre jours organisé sur Decentraland, un monde virtuel en 3D qui compte près de 800’000 utilisateurs.3

Même le géant du luxe parisien LVMH s’est aventuré dans l’univers des NFT, son PDG, Bernard Arnault, ayant récemment admis que: «C’est fascinant, c’est intéressant, cela peut être très amusant. Nous devons encore voir quelles sont les applications de ce métavers et de ces NFT.»4

Pour l’instant, ces initiatives s’apparentent davantage à d’habiles stratagèmes marketing qu’à de véritables stratégies commerciales, ce qu’Arnault semble concéder. Cependant, à mesure que le monde numérique évolue et qu’un nombre croissant d’utilisateurs adoptent leurs nouvelles identités virtuelles, le métavers pourrait bientôt devenir trop important et trop lucratif pour être ignoré.

Comme l’a récemment déclaré JPMorgan, l’une des premières banques à avoir établi une présence dans le métavers: «Le risque d’être distancé vaut bien l’investissement supplémentaire consenti pour se lancer.».5

Un peu de méta-économie

Alors, que représente le métavers exactement en termes d’opportunité commerciale? Les estimations varient fortement. JPMorgan estime que l’opportunité de marché pourrait générer plus de 1000 milliards de dollars de revenus par an, et affirme que le métavers, en tant que prolongement à part entière de nos existences physiques, «infiltrera chaque secteur d’une manière ou d’une autre dans les années à venir».6

Goldman Sachs est allé encore plus loin en prédisant que la totalité du métavers pourrait représenter une opportunité de 12’500 milliards de dollars, en partant de l’hypothèse qu’un tiers de l’économie numérique actuelle finira par migrer vers le métavers, et que ce marché continuera à se développer d’environ 35% par an.7

Bien sûr, certains gagnants émergeront dès le départ. Une grande partie des 60 milliards de dollars de revenus annuels du métavers provient des jeux vidéo et des jetons de jeu, avec des titres comme Fortnite et Roblox qui comptent des centaines de millions d’adeptes.8

A mesure que le métavers s’étend, certains y voient également des opportunités encore plus grandes. «Du point de vue des entreprises, écrit JPMorgan, il existe des possibilités de développement énormes. Plutôt que de prévoir des magasins dans chaque ville, un grand distributeur pourrait établir un hub mondial dans le métavers capable de servir des millions de clients.9

Enfin, plus le métavers commence à refléter et à compléter le monde physique, plus les emplois traditionnels pourraient migrer vers les mondes numériques. Les agents immobiliers vendront des terrains ou des maisons dans des endroits comme Decentraland, les annonceurs se spécialiseront dans le métavers, les avocats et les comptables pourront proposer des services uniquement en ligne à des millions de personnes, et les spécialistes du commerce de détail et du marketing seront forcés de s’adapter.

Avec une multitude de nouvelles possibilités et opportunités, des sociétés de toutes tailles souhaiteront probablement explorer ce potentiel ou envisager une «stratégie métavers» globale.

Un nouveau monde pour les investisseurs?

Toutefois, les investisseurs désireux de capitaliser sur le métavers devraient encore faire preuve de prudence, les exemples édifiants étant déjà nombreux.

Ainsi, l’un des principaux acteurs du domaine des jeux gaming métavers, Roblox, a chuté d’environ 70% depuis novembre, avec un impact considérable pour les adeptes de la première heure, tandis que le tout premier FNB dédié au métavers a perdu environ 40% rien que cette année.10 De plus l’intérêt pour les NFT «tendance» a également chuté, avec des dévalorisations vertigineuses pour les NFT plus superflus.

Même Facebook, qui s’est lancé dans l’aventure en prenant audacieusement le nom de «Meta» et en annonçant son intention d’investir 10 milliards de dollars dans le métavers, n’a pas réussi à séduire les investisseurs. Depuis son changement de nom en octobre dernier, ses actions ont presque perdu la moitié de leur valeur, ce qui n’est guère encourageant, même si d’autres difficultés sont également entrées en ligne de compte.11

Quelles leçons peut-on en tirer? Globalement, ces importantes baisses de valorisation suggèrent que l’enthousiasme initial est allé trop vite en besogne. Il est difficile de ne pas faire le lien avec certains flops historiques. Tout comme la bulle Internet, qui a jeté les bases d’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui, le métavers devrait faire autant de perdants que de gagnants. Les vrais gagnants pourraient ne pas apparaître comme tels... avant plusieurs années, voire plusieurs décennies.

Comme l’a expliqué le futurologue américain Roy Amara, dans sa célèbre loi éponyme: «Nous avons tendance à surestimer l’incidence d’une nouvelle technologie à court terme et à la sous-estimer à long terme.»12

Les investisseurs patients peuvent néanmoins s’intéresser à certains domaines plus fiables du métavers, tels que la cybersécurité, les semi-conducteurs et même les REIT (Real Estate Investment Trust) de stockage, ou investir avec un gestionnaire qui pourra les guider dans ce nouveau monde.

 

Rédigé en septembre 2022.

 

«Pourquoi tout le monde de…», découvrez l’intégralité de la série sur le site Natixis Investment Managers.

 

1 Source : Vanity Fair, 2021.
2 Source : JPMorgan, 2022.
3 Source : The Generalist, 2022
4 Source : Highsnobiety, 2022.
5 Source : JPMorgan, 2022.
6 Source : JPMorgan, 2022.  
7 Source: Goldman Sachs, 2022.
8 Source : JPMorgan, 2022.
9 Source : JPMorgan, 2022.  
10 Source : Roundhill Investments, June 2022.
11 Source: Bloomberg, June 2022.
12 Source : Oxford Reference, 2016.

 

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