Chine: de la copie à la pointe de la technologie

Fidelity International

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Une interview sur le terrain avec Jonathan Tseng, analyste en technologies de pointe chez Fidelity.

©iStock
Par le passé, la Chine était perçue comme un producteur spécialisé dans la copie. Cette image est-elle encore valable?

Dans les années 1950, le «made in Japan» était synonyme de fabrication de copies. Trente ans plus tard, cette perception était totalement obsolète. La Chine a connu une évolution similaire. En 1997, j’y ai vécu pendant six mois. À l’époque, il n’y avait pas Internet. La plupart des foyers n’étaient même pas équipés de ligne téléphonique. Ma seule source d’informations extérieures était la BBC, qui pouvait être captée sur les ondes courtes. Aujourd’hui, la situation est totalement différente. Les jeunes passent leur vie sur Internet, bien plus que ceux de n'importe quel autre pays du monde.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’innovation?

Il y a quelques années, Apple a innové avec la double caméra de l’iPhone 7 Plus. Huawei et les autres fournisseurs chinois ont rapidement copié cette innovation. Avec son dernier smartphone, le P30 Pro, Huawei a supplanté Apple avec un zoom optique 10× et sa capacité à prendre des photos dans une quasi-obscurité. Autre exemple, WeChat combine plusieurs services en ligne en une seule super-application. Elle permet aux Chinois de la génération Y de vivre toute leur vie dans un monde virtuel. Enfin, les stations de base 5G de Huawei sont plus petites, plus légères et consomment moins d’énergie que celles des équipementiers télécoms concurrents, ce qui donne plus de possibilités aux opérateurs télécoms quant à leur positionnement.

Les projets de réseau 5G de Huawei ont été interdits dans plusieurs pays. Quel impact ces interdictions ont-elles sur l’économie chinoise?

Étant donné le ralentissement de la croissance et la guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine se sentira probablement obligée d'intensifier ses initiatives de progrès technologique comme la 5G. Pour Huawei, la demande intérieure pour ses stations de base est considérable. Par conséquent, les interdictions dans certains pays n'entraveront ni son évolution technologique ni la croissance de l'économie chinoise. Le différend commercial plus général et le relèvement des droits de douane pourraient avoir un impact sur l'économie chinoise, notamment si cela réduit la demande pour les produits fabriqués en Chine comme les iPhones ou les ordinateurs. Je ne pense pas que cela amènera les entreprises à délocaliser massivement leur production en dehors de la Chine car aucun autre pays ne dispose de capacités de production équivalentes et d'une telle concentration d'expertise technologique.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Made in China 2025, la feuille de route stratégique de Pékin pour que la Chine cesse d’être l’usine du monde et pour produire des produits et des services à forte valeur ajoutée?

Made in China 2025 est une réaction à plusieurs tendances de long terme, notamment la non-autosuffisance de la Chine dans certaines technologies clés et la reconnaissance que le vivier de main d'œuvre à bas coût n’est pas illimité. Pour pallier ces lacunes, la Chine veut promouvoir le développement de champions nationaux qui seront capables de développer en interne des technologies clés comme les puces mémoire, les véhicules électriques et les robots industriels, ce qui lui permettrait de réduire sa dépendance à l'égard des technologies étrangères et de moderniser son tissu industriel pour le rendre moins dépendant de la main-d'œuvre à bas coût.

Où en est cette initiative aujourd'hui?

Elle connaît un succès mitigé. La Chine est en train de s'affirmer comme un leader dans le domaine des véhicules électriques mais, dans le domaine des semi-conducteurs, elle est freinée par le manque de brevets essentiels. Le ralentissement de l'économie chinoise n'a rien arrangé. D'un point de vue plus stratégique, l'initiative a suscité les critiques de l'administration américaine. Comme on peut le constater au travers des sanctions prises à l'encontre de Huawei, les États-Unis font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la Chine de progresser dans les domaines stratégiques comme la 5G. Ces mesures pourraient empêcher la Chine d'atteindre ses objectifs à 5 ans. Toutefois, cela ne veut pas dire pour autant que la Chine renonce à atteindre ses objectifs stratégiques. L'opposition des États-Unis est tout simplement le signe que la Chine redouble d'efforts pour développer en interne les technologies stratégiques.

Quels sont les secteurs les plus enthousiasmants aujourd'hui?

L'intelligence artificielle (IA), car la Chine peut accéder librement à des outils essentiels, notamment aux très gros volumes de données nécessaires pour entraîner les réseaux neuronaux de pointe. En outre, la Chine investit massivement dans les puces à semi-conducteurs pour alimenter le traitement de l’IA. La Chine est l'un des premiers pays à déployer un vaste réseau 5G. Cela aura des répercussions plus vastes car cela donne au développeur chinois une longueur d'avance dans le développement d'applications et de services qui profitent réellement de la rapidité accrue. Il est probable que les prochaines super-applications proviendront de Chine.

La Silicon Valley est le hub de l’innovation dans le domaine de la high-tech. À quoi les investisseurs peuvent-ils s'attendre de la Chine lors des 5 à 10 prochaines années?

Chez Fidelity, nous nous rendons fréquemment dans la Silicon Valley pour rencontrer des entreprises bien établies et des start-ups. Cet endroit est incontournable en raison de l'expertise technique et de la culture entrepreneuriale qui le caractérisent. La Chine aura du mal à supplanter la Silicon Valley en tant que hub de l'entrepreneuriat. L'accès au capital n'est pas la seule condition: la véritable innovation et le talent sont difficiles à développer après plusieurs décennies d’enracinement de la culture de la copie. L'approche de la Chine se caractérise par une plus grande implication de l'État, avec l'avantage d'un financement garanti. L'État doit encourager l’innovation sans pour autant l’étouffer avec ses institutions, ce qui relève d’un numéro d’équilibriste. Jusqu’ici, il y est parvenu remarquablement bien, faisant ainsi de la Chine un foyer d’innovation technologique concurrent. 

 

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