Les ETF de type smart beta continuent leur ascension

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

La gestion factorielle occupe une niche croissante au sein de l’offre de produits indiciels. Patrick Lutz, responsable de l’unité suisse de Franklin Templeton, en explique les avantages.

Située à mi-chemin entre la gestion active et la gestion passive, la gestion factorielle, ou «smart beta», est parvenue à s’établir dans l’offre de fonds et d’exchanged-traded funds (ETF) négociables en bourse. Dernier venu sur le marché suisse dans ce domaine, le gérant d’actifs Franklin Templeton a donné lundi à la Bourse suisse le coup d’envoi du lancement d’une nouvelle gamme d’ETF de type smart beta, qui sont désormais cotés en Suisse après l’être depuis l’an dernier sur les places de Francfort, Londres et Milan. La famille de produits LibertyQ comprend trois fonds en actions axés sur trois thèmes différents (actions globales, actions américaines et actions émergentes) ainsi que deux fonds consacrés aux actions offrant des dividendes élevés, l’un global, l’autre spécialisé sur les valeurs européennes. Entretien avec Patrick Lutz, le responsable de l’unité helvétique du groupe, Franklin Templeton Switzerland, en marge d’un événement organisé à l’occasion du lancement de cette nouvelle gamme d’ETF.

En Europe, le nom de Franklin Templeton Investments est plus connu pour son offre de fonds actifs que pour son offre dans le domaine de la gestion factorielle, ou «smart beta». Pourquoi proposer maintenant une nouvelle gamme d’ETF en actions de type smart beta, mélange entre gestion active et passive, aux investisseurs? Ceux-ci ne sont-ils plus disposés à investir dans des fonds vraiment actifs?

La demande pour des fonds gérés de manière active continuera bien entendu d’exister. Toutefois, en discutant et en travaillant avec nos clients, nous avons observé qu’il y avait davantage de besoins pour des solutions passives. Il existe une tendance claire qui va dans cette direction. En outre, aujourd’hui, on ne peut plus simplement opposer gestion passive et gestion active. Il existe à la fois des ETF purement passifs, qui répliquent l’évolution d’un indice, les ETF de type smart beta, qui ont une composante active, ainsi que des ETF en actions qui sont gérés de manière active également. Il s’agit de fonds actifs mais qui sont cotés sous forme d’ETF.

«Notre nouvelle palette de fonds a l’avantage
de présenter également un caractère défensif.»
Bien qu’en forte croissance, l’univers des ETF de type smart beta  représente d’après la capitalisation boursière environ un cinquième de l’ensemble du volume des ETF. Y a-t-il en Suisse assez de place pour de nouvelles offres dans ce domaine?

L’approche de notre gamme d’ETF «smart beta» comporte des caractéristiques un peu différentes des autres fonds. Usuellement, les autres ETF de type smart beta prennent un compte seulement un facteur, en surpondérant par exemple les titres selon une approche de type « value » ou encore en privilégiant les titres à dividendes élevés. De notre côté, notre gamme de fonds Franklin LibertyQ tient compte de quatre facteurs, à savoir l’aspect qualité («quality») à hauteur de 50%, celui de la valeur («value») pour 30% ainsi que «momentum» et «faible volatilité» (10% chacun). C’est un élément de différenciation par rapport aux offres existantes.  

Après la correction survenue sur les marchés des actions début février, on a souvent entendu que l’heure du retour de la gestion active avait sonnée. Est-il encore sensé d’investir à l’aide d’ETF si le marché repart à la baisse ou fait du surplace?

Notre nouvelle palette de fonds a l’avantage de présenter également un caractère défensif. Le facteur «qualité» apporte un élément de stabilité ainsi qu’une certaine protection à la baisse. Le facteur «value» permet de miser sur des titres sous-évalués. Dans l’ensemble, nos fonds sont bien positionnés pour faire face à des situations de stress sur les marchés.

En lançant de nouveaux fonds de type smart beta, vous proposez des produits qui incluent une dimension active et qui sont susceptibles de concurrencer votre offre de fonds actifs. N’y a-t-il pas ici un risque de cannibalisation de vos autres produits?

Bien sûr, nous sommes conscients de cet aspect. Nous voyons toutefois cette nouvelle offre comme étant complémentaires à celle de nos autres produits existants. On peut considérer le marché des fonds un peu à l’image du secteur de l’horlogerie. Certains groupes comme Swatch proposent une palette très large de marques allant d’Omega à Blancpain par exemple. D’autres entreprises ne misent que sur l’horlogerie haut de gamme. De notre côté, je pense qu’il est possible de proposer à la fois des solutions relativement simples et d’autres qui sont beaucoup plus complexes.

En termes de frais de gestion, combien coûtent les ETF de type smart beta comparé à d’autres catégories de fonds?

Les frais des ETF purement passifs se négocient parfois à partir de 9 points de base seulement, les ETF smart beta oscillent entre 25 et 55 points de base en fonction des produits, ce qui reste très inférieur aux fonds actifs qui coûtent en général au minimum 100 points de base ou davantage.