Vers une standardisation de la compliance

Nathan Douet & Camille Ernoult, Wecan

3 minutes de lecture

Chronique blockchain. Alors que les coûts liés à la compliance grimpent, les besoins de trouver des solutions pour optimiser ces processus sont cruciaux.

Ayant pour mission de gérer systématiquement les risques, la gestion de la conformité est un facteur de succès essentiel. Une gestion efficace permet de protéger contre les pertes financières et les atteintes réputationnelles contribuant à long terme à préserver la valeur de l’entreprise. Aujourd'hui, les banques doivent faire face à l’augmentation du nombre et de la complexité des réglementations ainsi qu’à l’accroissement du montant des sanctions. Face au COVID et au contexte actuel de crise économique et financière, les gérants indépendants doivent faire face à une vague massive de régulation supplémentaire notamment avec l’entrée en vigueur de la LSFin et LEFin.  

Avec des centaines d'interactions journalières entre les banques et gérants indépendants, la charge de travail liée à la gestion de la non-conformité et la redondance des tâches à faible valeur ajoutée est inévitable avec les systèmes de gestions des données actuelles. Le paysage des gérants de fortune indépendants va inéluctablement se transformer dans les années à venir affirme d’ailleurs Nicole Curti, Chief Operating Officer chez Stanhope Capital Suisse dans la chronique réglementation de janvier.

Aujourd’hui les documents de conformités
sont stockés par les banques de façon hétéroclite.
Standardisation des données récoltées

Il n’existe à ce jour aucun standard quant à la récolte des données nécessaires pour les gérants de fortune. Cela impacte aussi bien les banques, que les organes de régulation que les gérants eux-mêmes. Les documents et informations demandés sont souvent similaires cependant les formulaires et procédures de récoltes ne sont quant à eux pas harmonisés. En découle une duplication de la charge de travail alors répétitive et à faible valeur ajoutée pour les métiers de la conformité. S’ajoutent à cela des problèmes quant à la qualité des données récoltées ainsi qu’à la difficulté de mise à jour de ces dernières.  

La création d’un standard partageable pour la récolte des données permet de pallier à ce problème et de garantir une conformité en temps réel par l’intégration d’un registre immuable soutenu par la technologie blockchain.

Partage digital et maîtrisé de l’information en temps réel

Aujourd’hui les documents de conformités sont stockés par les banques de façon hétéroclite. Chaque entité utilise ses propres outils. L’échange entre les plateformes est impossible et la mise à jour des données est un réel casse-tête. La simplification du partage des informations et la qualité de ces données EAM sont des enjeux primordiaux des problématiques de réglementation.  

La création d’un registre blockchain permet d’interroger directement la source
originale du document et de délivrer un original aux personnes et entités autorisées.

La technologie des registres distribués offre la possibilité de créer un système dynamique avec des mises à jour enregistrées en temps réel des informations partagées. Par exemple, un gérant de fortune opérant pour plusieurs banques pourrait alors autoriser celles qu’il sélectionne à accéder aux informations nécessaires. L’accès des documents pour les personnes et entités autorisées - ou non - sur une seule plateforme mutualisée permettrait de réduire les efforts de réduction d’écarts d’information, de repérer plus rapidement les incohérences, et de réduire les dépenses liées à la gestion de grandes quantités de documents papier et numériques. Au niveau de l’onboarding des clients notamment, tels que les procédures KYC et AML, une nette amélioration pourrait y être apportée. Grâce à l'existence d'une base de données de clients vérifiés, sécurisée et partageable entre différentes institutions, le temps nécessaire à la collecte et à l'authentification des données serait considérablement réduit. Les changements de statut d'un client pourraient être mis à jour dans l'ensemble du réseau d'institutions avec une quasi-immédiateté assurant un gain de temps et des ressources permettant des économies considérables.

Sécurité et qualité des données

Les méthodes actuelles de récoltes et stockage données ne permettent pas de garantir la qualité, la fiabilité et même la sécurité des données. Celles-ci ne proviennent pas d’une source unique et sont souvent des copies. Trop souvent encore les données ne sont même pas enregistrées de manière digitale.

La technologie blockchain pourrait être une réponse
aux problématiques actuelles des banques et gérants indépendants.

La création d’un registre blockchain permet d’interroger directement la source originale du document et de délivrer un original aux personnes et entités autorisées. Les informations sont ainsi infalsifiables et non manipulables par des personnes souhaitant frauder et permet d’assurer la qualité des données à n’importe quel moment. Ce système permet aux banques et aux organes régulateurs un travail de vérification et administratif grandement simplifié. Par exemple, pour le processus d’audit les données en temps réel pourraient directement être vérifiées à travers la plateforme par la personne habilitée. Les informations provenant de registres officiels, c’est-à-dire des oracles, pourraient notifier automatiquement des changements de statuts.

La technologie blockchain pourrait être une réponse aux problématiques actuelles des banques et gérants indépendants. Considérée comme la deuxième révolution numérique après Internet, elle pourrait bien révolutionner les procédures de conformités en augmentant l’efficience tout en réduisant sa complexité et ses coûts. Avec de telles opportunités, les acteurs concernés ont déjà entamé des explorations sur la blockchain pour implémenter au plus vite des solutions efficientes. Des cas d’usages concrets ont déjà commencé à voir le jour. C’est le cas notamment de Wecan Comply, solution de compliance s’adressant aux acteurs bancaires. La solution permet une économie de coûts d’environ 40% des banques sur les formalités administratives et processus d’onboarding. A terme, la solution a pour vocation d’élargir ses cas d’usages et de s’adresser à d’autres secteurs concernés par la conformité.

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