Une part de 45% peut être allouée aux actions en 2024

Yves Hulmann

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Si une récession devait survenir au second semestre, une correction sur les marchés ne peut être exclue, estime Michael Strobaek, Global CIO chez Lombard Odier.

©Keystone

 

Sur le plan macro-économique, on assiste à un retour «à une forme de normalité» en 2024 après trois années d’«anormalité économique», met en perspective Samy Chaar, chef économiste chez Lombard Odier, qui s’exprimait mardi à l’occasion de la présentation des perspectives d’investissement de la banque genevoise pour cette année. L’environnement actuel se différencie ainsi des trois années précédentes marquées par la fin de la pandémie, l’envolée de l’inflation et le début de la guerre en Ukraine. Pour le chef économiste, un plancher est en train de se constituer en ce qui concerne l’activité économique globale. La consommation aux Etats-Unis constitue un soutien à la croissance mondiale: «Les ménages américains consomment pendant que les ménages européens épargnent», résume-t-il. Cela explique l’exception de la croissance économique actuelle observée aux Etats-Unis. Quant aux inquiétudes d’une surchauffe de l’économie américaine, Samy Chaar juge que le marché du travail aux Etats-Unis est «solide mais pas en surchauffe».

Dans ce contexte, l’inflation devrait continuer à refluer pour revenir à des niveaux normaux. «Des taux d’inflation de l’ordre de 2,5% semblent être des niveaux acceptables pour les banques centrales», observe-t-il. S’il juge difficile de pronostiquer le moment où les premières baisses de taux interviendront en cours d’année, Samy Chaar considère que n’est plus qu’une question de mois: «Si ce n’est pas en avril, ce sera en mai. Si ce n’est pas en mai, ce sera en juin», relativise-t-il. Cela ne changera toutefois rien à la tendance de fond. En Europe, la BCE pourrait même être la première à abaisser ses taux compte tenu d’une croissance beaucoup plus atone qu’outre-Atlantique.

Les scénarios de marché après le pic des taux

«Les taux ont atteint leur pic», a poursuivi Michael Strobaek, le nouveau directeur global des investissement (Global CIO), qui effectuait sa première présentation dans cette fonction depuis qu’il a rejoint Lombard Odier il y a deux mois et demi. En général, cela créée un environnement favorable pour les marchés des actions, observe-t-il. C’est du moins ce que tend à montrer l’analyse historique: au cours des douze mois qui ont suivi le dernier relèvement des taux par la Fed aux Etats-Unis depuis 1963, l’indice S&P 500 a gagné en moyenne 11,5%. Les écarts de performance sont importants en fonction de la survenance ou non d’une récession: en effet, en cas d’atterrissage en douceur de l’économie, la progression de l’indice a même atteint 21,5% dans les douze mois qui ont suivi. En revanche, en cas de récession aux Etats-Unis, l’indice S&P 500 a perdu en moyenne 0,9% dans les douze mois qui ont suivi le pic des taux. Enfin, lorsqu’une récession est survenue avec un certain décalage, la progression de l’indice a été de 19,4%. «Si une récession devait avoir lieu à la fin du premier semestre ou en deuxième moitié d’année, il est alors possible qu’une correction survienne sur les marchés», prévient-il.

La tech, un secteur qui revêt une importance stratégique aux Etats-Unis

Pour autant, Michael Strobaek est confiant dans le potentiel des marchés des actions cette année. A la question de savoir ce qu’un investisseur qui croit aux actions doit faire en cas de récession cette année, le directeur des investissements conseille de conserver ses actions aux niveaux actuels. S’agissant de l’allocation d’actifs, Michael Strobaek estime qu’un portefeuille équilibré devrait contenir 45% d’actions cette année, entre 40 et 45% de produits à revenu fixe et de liquidités ainsi qu’entre 10 et 15% de placements alternatifs.

Faut-il s’inquiéter de valorisations excessives des valeurs technologiques? A ce sujet, Michael Strobaek observe que le secteur des technologies revêt une importance essentielle pour les Etats-Unis afin de conserver son leadership. «La question de splitter les géants de la tech aux Etats-Unis, qui avait été débattu il y a quelques années, n’est plus un sujet d’actualité», constate-t-il.

La crise en Mer rouge n’a eu qu’un impact limité jusqu’ici

Sur le plan géopolitique, faut-il s’inquiéter des nombreux foyers de crise au Moyen-Orient, en particulier les attaques sur le transport maritime en Mer rouge? «La situation au Yemen a un impact sur les coûts des transports mais il demeure limité pour l’instant. Les tentatives visant à mener à une escalade des tensions n’ont pas suffi à changer fondamentalement la situation», observe Samy Chaar. Selon lui, la question est surtout de savoir combien de temps cette situation de crise perdurera.

Quant aux tensions entre la Chine et les Etats-Unis, le chef économiste observe que cela a surtout eu pour conséquence que les entreprises américaines n’investissent plus en Chine et qu’elles préfèrent se reporter sur des pays comme le Viêt-Nam, l’Inde, la Pologne ou des pays d’Amérique latine. En revanche, il n’anticipe pas un retour de l’inflation sur le plan mondial pour cette raison. Les difficultés de l’économie chinoise contribuent même à réduire les prix. «La Chine va continuer à exporter de la désinflation. Ce n’est pas une situation favorable pour le secteur de l’industrie en Europe mais les entreprises industrielles européennes doivent trouver par elles-mêmes d’autres solutions pour s’en sortir», estime Samy Chaar.

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