Une classe d’actifs incomprise

Bo Trant, Barings

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Bien qu'ils génèrent des rendements attrayants avec de faibles taux de défaillance, les CLO restent incompris.

© Keystone

Les «Collateralized Loan Obligations» (CLO) ou «obligations adossées à des prêts» existent depuis les années 1990, mais cette classe d'actifs souffre encore de préjugés. Souvent décriés dans les médias, un examen approfondi révèle que les CLO ont enregistré de solides performances en haut et en bas des cycles de marché, tout en offrant aux investisseurs une diversification, une liquidité constante et des profils de rendement attrayants dans un segment en pleine croissance.

Les CLO sont identiques aux CDO

Les titres de créance garantis (CDO) désignent un type de titre financier structuré qui peut être adossé à un portefeuille de diverses formes de dettes, y compris des prêts aux entreprises et des obligations. Toutefois, la plupart des gens connaissent les CDO qui sont adossés à des titres adossés à des prêts hypothécaires résidentiels à risque (RMBS). Pendant la période qui a précédé la crise financière mondiale de 2008, les prêts hypothécaires résidentiels à risque étaient souvent peu ou pas documentés et mal souscrits. Lorsque les prix de l'immobilier se sont effondrés entre 2007 et 2009, ces prêts hypothécaires ont subi des pertes massives, ce qui a entraîné des défaillances importantes dans les portefeuilles de RMBS.

Or le bassin de prêts dans un CLO est géré activement et contient des protections en cas de difficultés. Si les CLO ont connu une certaine volatilité, le taux de défaut global a été extrêmement bas. En fait, sur plus de 17’000 tranches de CLO américaines évaluées par S&P à la fin de 2022, seules 56 (0,3%) ont fait défaut. En outre, aucune tranche notée AAA n'a jamais fait défaut.

Le marché des CLO est petit et peu liquide.

Les CLO sont apparus à la fin des années 1990 et, au cours du quart de siècle qui a suivi, de plus en plus d'acteurs du marché ont commencé à comprendre les avantages et les subtilités de ce véhicule. La structure des CLO a continué à évoluer dans les années 2010, attirant encore plus d'investisseurs. Le marché des CLO a atteint plus de 1200 milliards de dollars au niveau mondial, avec une base diversifiée d'investisseurs comprenant des banques nationales et régionales, des banques étrangères, des compagnies d'assurance, des fonds de pension, des gestionnaires d'actifs, des hedge funds, des fonds de capital-investissement et des family offices.

Dans la plupart des cas, les CLO sont négociés de gré à gré par le biais d'un processus de soumission en concurrence (BWIC). Depuis 2020, plus de 46 milliards de dollars de tranches de CLO américaines ont été négociés chaque année sur le marché secondaire via le BWIC. Cette négociation active a permis d'assurer la transparence des prix et permet aux investisseurs d'entrer et de sortir du marché de manière efficiente.

Les CLOs ont des performances médiocres en période de crise

Les périodes de crise, telle que la pandémie de Covid-19, sont associées à une augmentation des taux de défaut et à un sentiment négatif du marché. Il en résulte logiquement une baisse des prix dans de nombreuses catégories d'actifs, y compris les prêts. Cela dit, les CLO émis durant ces périodes ont enregistré certains des taux de rendement interne (TRI) les plus élevés de l'histoire. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif à première vue, la logique apparaît lorsque l'on analyse la structure des CLO et que l'on reconnaît le rôle de la gestion active. La capacité des gestionnaires à acheter des prêts à des valeurs décotées sur les marchés baissiers s'est finalement avérée positive pour les CLO. Pour éviter que des gestionnaires de CLO trop agressifs n'achètent que des actifs peu performants et fortement décotés, le document régissant les CLO, appelé «indenture», limite le nombre «d'obligations décotées» qu'un gestionnaire de CLO peut détenir dans son portefeuille.

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