Un monde moins coopératif à la recherche d'un nouvel équilibre

Philippe Waechter, Ibrahima Kobar, Axel Botte, Ostrum Asset Management

3 minutes de lecture

Perspectives 2020: la diversification restera essentielle pour une quête de rendement.

2019 aura été placée sous le signe d’un regain de tensions protectionnistes, la poursuite de la saga du Brexit et une croissance potentielle plus réduite dans les pays développés et en Chine.
2020 devrait s’inscrire dans une certaine continuité avec la poursuite du ralentissement de la croissance et des Banques centrales toujours accommodantes. Dans ce contexte, la diversification restera essentielle pour une quête de rendement.

Une récession peu probable en 2020 malgré le ralentissement de la croissance

Il est prématuré d'anticiper un choc susceptible d'inverser la tendance sur l'activité en 2020. Si la récession du secteur manufacturier, résultant notamment des mesures commerciales, tire progressivement vers le bas l'activité des services, un retournement global n’est pas acquis. Pour inverser cette allure peu dynamique, on ne peut attendre une relance globale, comme cela avait pu être le cas en avril 2009 lors du G20 de Londres.

Le monde est devenu moins coordonné et moins coopératif. Dès lors, le rôle des politiques monétaires sera de maintenir un biais accommodant pour limiter le risque sur l'activité. C'est pour cela que les taux d'intérêt resteront bas tout au long de 2020. Les Banques centrales ne seront pas menacées par une résurgence de l'inflation. La volatilité de celle-ci ne reflète que l'évolution du prix du pétrole. En dehors de ce phénomène, les taux d'inflation sous-jacents seront stables. En zone euro, il oscille autour de 1% depuis 2013. Cette tendance reflète principalement les ajustements constatés sur le marché du travail et le moindre pouvoir de négociation des classes moyennes.

Dans un contexte pourtant trouble, les marchés financiers
ont affiché des performances très élevées en 2019.

La dimension politique sera plus marquée encore en 2020 qu'en 2019. Les anticipations des acteurs de marché pourraient en être affectées. Aux USA, les élections présidentielles du 3 novembre 2020 laissent poindre une grande diversité des choix reflétant une société plus hétérogène. En Chine, la croissance structurellement plus lente et la question de Hong Kong pourraient fragiliser le pouvoir de Xi Jinping. En Europe, la nouvelle commission doit renouveler l'impulsion et la cohésion de l'Europe face aux envies de pouvoir des USA et de la Chine. Christine Lagarde aura un rôle majeur dans cette dynamique européenne, car sa mission ne pourra n'être que monétaire.

Les Banques centrales continueront de peser sur les rendements obligataires

Dans un contexte pourtant trouble, les marchés financiers ont affiché des performances très élevées en 2019 comme en témoigne la progression de près de 25 % du CAC 40 cette année.

L’assouplissement monétaire engagé dès le mois de juin a forcé les investisseurs à revenir vers les actions. Malgré ces performances, les risques identifiés cette année continuent de hanter les marchés l’an prochain, alors que la Présidentielle américaine se profile en fin d’année. Les Banques centrales maintenant une chape de plomb sur les rendements obligataires.

Le high yield restera en forte demande, malgré une remontée probable du taux de défaut l’an prochain. Aux États-Unis, la politique monétaire continuera de s’assouplir. Le déficit public américain pourrait peser sur les rendements à long terme, mais la Fed empêchera sans doute une remontée trop violente des taux d’intérêt. Ainsi, la dette émergente en dollars devrait bénéficier d’une certaine stabilité des taux américains dont le risque haussier paraît limité à 2% sur le 10 ans. Enfin, les actions devraient se stabiliser sur des niveaux élevés. Les valorisations se sont nettement renchéries à 14 fois les résultats de 2020. Le rendement des dividendes (3,5% en Europe) constituera l’essentiel de la performance totale pour les investisseurs l’an prochain.

En 2020, le risque perçu devrait être plus faible, notamment grâce
au fait que les indicateurs avancés ont atteint leur point bas.
2020: une année de plus placée sous le signe de la diversification

En 2020, le risque perçu devrait être plus faible, notamment grâce au fait que les indicateurs avancés ont atteint leur point bas, que la politique monétaire restera très accommodante et que les tensions commerciales s’apaiseront (tout en restant vigilant sur les impacts de la crise Hong-Kongaise). Dans cette perspective, il convient de s’attendre à une légère hausse des taux longs par pentification, ainsi qu’un léger écartement des spreads de crédit. Les taux devraient cependant rester durablement bas et même négatifs dans la plupart des pays européens. Sur les marchés actions, la stabilité devrait prévaloir et la volatilité devrait rester basse avec un indice V2X à 13%. En conséquence, Ostrum AM propose une allocation du type 65% obligataire, 25% action, 10% cash avec recherche de rendement:

  • Obligataire: on aura une préférence pour les souverains sur le crédit Investment Grade afin de pouvoir amortir en cas de scénario averse, cela combiné à une surpondération du crédit BBB et des souverains euros périphériques dans une optique de recherche de rendement. Pour limiter l’impact en duration, l’achat des papiers courts sera souhaitable (3-5 ans). Enfin, dans une stratégie de recherche de rendement, viser les émergents en devise dure et high yield.
  • Allocation actions: d’une manière générale, adopter un focus dividendes (3% environ à comparer avec le 0% du yield aggregate euro). Au niveau européen, on privilégie les Mid Caps qui restent sous évaluées et les actions émergentes au niveau international.
  • Disponibilité: malgré son rendement négatif, conserver 10% de cash pour profiter des opportunités sur le premier trimestre. Il permettra par exemple l’achat de convertible en cas de remontée des volatilités, prime d’émission sur le marché primaire du crédit

Pour résumer, il convient donc de rester diversifié à l’approche de 2020. La gestion d’un coussin de trésorerie sera essentielle pour capter des opportunités, grâce à une volatilité incontournable dans les marchés en 2020.