Pour baisser les coûts? Numériser la santé!

Stephan Mumenthaler, Scienceindustries, Zurich

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La hausse des coûts de la santé soumet le système de santé suisse à de grands défis. La numérisation offre à cet égard de belles opportunités.

Le 9 juin 2024, les citoyens suisses se prononceront sur deux initiatives de santé: l'initiative du Centre pour un «Frein aux coûts» et l'initiative d’«Allégement des primes» du PS. La première veut introduire une limitation des coûts qui débouchera vraisemblablement sur une forme de budget global, c'est-à-dire des procédures de libération de ressources qui ne prévoient que l’octroi de montants forfaitaires. La seconde vise à plafonner les primes d'assurance maladie en les limitant à dix pour cent du revenu disponible. Le Conseil fédéral et le Parlement recommandent le rejet de ces deux initiatives.

scienceindustries est fermement opposée, elle aussi, à ces deux textes. Les modèles de budget global avec des limites de coûts annuelles fixes ou des objectifs chiffrés, comme le demande le Centre, contrarient ou bloquent l'innovation et rationnent l'accès au progrès médical pour tous les patients – d’où une médecine à deux vitesses. L'initiative du PS émousserait grandement le sens de la responsabilité individuelle dans l'accès aux prestations. Selon le système actuel pratiqué en Suisse, les prestations de l'assurance de base sont couvertes par des primes per capita, des franchises et des quotes-parts d'une part, ainsi que par des réductions de primes d'autre part. Un plafonnement jetterait par-dessus bord ce régime, qui fait déjà jouer la solidarité et la responsabilité individuelle.

Les patients suisses ont tout intérêt à un système de santé qui soit solide et financé équitablement. 

L'industrie pharmaceutique réduit les coûts de 1 milliard par an

Les patients suisses ont tout intérêt à un système de santé qui soit solide et financé équitablement. L'industrie pharmaceutique apporte d’ailleurs sa contribution aux économies de coûts, si l’on sait que les contrôles réguliers et institutionnalisés des prix des médicaments permettent de réaliser chaque année des économies récurrentes de plus d'un milliard de francs. Un énorme potentiel supplémentaire réside en outre dans l'élimination des temps morts grâce à une numérisation plus poussée dans le domaine de la santé. Ce levier attend d’être actionné très rapidement.

En comparaison internationale, la Suisse accuse actuellement un gros retard sur le plan numérique. Dans l'étude actuelle «Global Industry Competitiveness Index» réalisée par BAK Economics sur mandat de scienceindustries, elle n'occupe que le 19e rang en matière de pénétration du numérique, ce qui traduit non seulement un manque d'efficience considérable, mais aussi une baisse de qualité des prestations de santé. Les technologies numériques permettent d'optimiser les processus dans le domaine de la santé, du dossier électronique du patient (DEP) à la télésurveillance des patients en passant par la consultation de télémédecine. Leurs avantages sont des diagnostics plus rapides et plus précis, un traitement plus efficace ainsi qu'une meilleure coordination des soins – sans parler de la simplification des tâches administratives et de la réduction des coûts.

Le politique reconnaît l'urgence de la numérisation

Il y a de l'espoir: le monde politique a reconnu l'urgence d'une numérisation rapide du système de santé. Lors de la dernière session de printemps, le Parlement fédéral a adopté un financement transitoire pour la diffusion du DEP. Ce financement ouvre aux communautés de base les moyens nécessaires pour développer les contenus du DEP. Son introduction à grande échelle permettrait aussi d'accélérer d'autres projets numériques touchant la santé.

Parallèlement aux travaux portant sur l'écosystème des données de santé dans le cadre du programme DigiSanté, le DEP est à considérer comme une tâche prioritaire pour l’approvisionnement en soins de santé comme pour le site helvétique. Tant les soins aux patients que la recherche et le développement profiteraient de la mise en place des conditions nécessaires au développement soutenu de la numérisation du secteur de la santé. Dans le cadre d’une telle démarche, la diffusion la plus large possible du DEP doit être un objectif central de la politique de santé de la Suisse, afin que notre pays puisse rattraper son retard dans ce domaine.

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