Peu de changements du côté de la Fed - et maintenant?

Felipe Villarroel, TwentyFour Asset Management

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Le scénario de référence de la Réserve fédérale américaine, qui prévoit une baisse de l'inflation et des taux d'intérêt au fil de l'année, reste d’actualité.

© Keystone

Cette réunion du FOMC s'est déroulée de manière relativement calme. On pourrait croire qu'il s'agit d'un non-évènement, mais dans ce contexte de volatilité des taux plus élevée que la moyenne, nous pensons que certains points méritent d'être soulevés. Après la réunion, nous avons assisté à une certaine volatilité intra journalière, les taux s'établissant à des niveaux légèrement inférieurs aux niveaux d'avant la réunion, sans toutefois s'en éloigner.

Tout d'abord, le scénario de référence de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui prévoit une baisse de l'inflation et des taux d'intérêt au fil de l'année, reste d’actualité. Ce qui est important à note, certains observateurs ayant fait valoir que la prochaine étape devrait être une hausse, justifiant que les taux ne sont pas restrictifs à leur niveau actuel. Le président de la Fed, Jerome Powell, s'est fermement opposé à ces points de vue et a qualifié «d’improbable» une hausse prochaine des taux. Il a également affirmé le caractère restrictif des taux et réitéré ses commentaires d'il y a quelques semaines, à savoir que si l'inflation était plus tenace que prévu, les taux pourraient être maintenus à ces niveaux plus longtemps. Nous ne doutons pas que la Fed relèvera ses taux si elle estime que la politique n'est pas restrictive et que l'inflation recommence à grimper significativement, mais pour le moment, cela semble loin de son scénario, un point de vue que nous partageons.

La Fed maintient que l'élection présidentielle à venir n'aura pas d'impact sur sa politique monétaire. 

Deuxièmement, l'incertitude de la «dernière ligne droite» reste entière et il reste difficile de prédire quand commencera le cycle de baisse des taux. La Fed ne semble pas avoir interprété les mauvaises surprises de l'inflation et les bonnes données de croissance depuis le début de l'année comme des preuves d'une reprise durable de l'inflation, tout en admettant ne pas avoir la confiance nécessaire pour commencer à réduire les taux, pour le moment. Jerome Powell a également rappelé que le secteur du logement et la correction de l'offre restent des facteurs importants de désinflation et s'est dit confiant dans le maintien de leur évolution. Il a confirmé que les attentes en matière d'inflation étaient bien ancrées et a déclaré ne pas percevoir les composantes «stag» ou «flation» d’un contexte de stagflation, question qui se pose de temps à autre. En résumé, le scénario de référence de la Fed reste inchangé.

Troisièmement, la Fed maintient que l'élection présidentielle à venir n'aura pas d'impact sur sa politique monétaire. Ce point de vue a été exprimé par plus d'un membre de la Fed au cours des dernières semaines, et nous nous attendons à ce qu'ils le rappellent de plus en plus souvent aux marchés à mesure que l'élection approche. Bien sûr, le scrutin est important et l'élection de Trump ou de Biden ne sera pas neutre sur la politique monétaire à l'avenir. Mais l'impact sera sans doute plus macroéconomique que purement politique. Si le déficit budgétaire se creuse, il faudra en tenir compte, car la demande cumulée et les pressions inflationnistes augmenteraient, par exemple.

Quelle est l'incidence sur les marchés? La réunion du FOMC et le Quarterly Refunding Announcement (QRA) du Trésor étant désormais passés, nous pensons que la volatilité des taux pourrait diminuer au cours des prochaines semaines et que les bons du Trésor américain, les gilts, les bunds et les autres obligations d'État du G7 pourraient évoluer de manière fluctuante jusqu'à ce que nous trouvions un nouveau catalyseur. Après un effondrement de 80 points de base des bons du Trésor à 10 ans, de nouveaux mouvements de grande ampleur nécessitent une dose continue de mauvaises nouvelles. Nous notons également que la révision du plafond du resserrement quantitatif du Trésor américain à 25 milliards de dollars par mois (contre 60 milliards auparavant) a apporté un certain soutien aux taux. Les marchés prévoient moins de réductions de taux pour 2024 que la Fed ne l'avait prévu il y a quelques semaines dans son graphique à points et, pour une fois, nous pensons que la Fed pourrait rejoindre le point de vue du marché lorsqu'elle le mettra à jour dans quelques mois. L'impact de la terrible escalade du conflit au Moyen-Orient s'est également avéré limité sur les marchés et, bien qu'il soit impossible de prédire comment les choses vont se développer ou se résoudre, il semble que la barre soit placée assez haut avant que ces événements ne deviennent des facteurs déterminants pour le marché mondial. Les actifs obligataires devraient bénéficier de cette volatilité réduite des taux et, avec des rendements aussi élevés, les rendements ajustés au risque avec une vue à moyen terme semblent, en effet, très attrayants.

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