Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Une fin d'année sans rallye.

Cette année, les marchés des actions ne connaissent pas de répit avant Noël. Bien au contraire: le rallye de fin d'année tombe à l'eau. La Fed a suscité de nombreux remous cette semaine: elle a augmenté le taux directeur pour la quatrième fois cette année à désormais 2,5% comme prévu. Son président, Jerome Powell, a tenu en haleine les acteurs du marché qui s'attendaient à une pause dans le cycle des hausses, même si les attentes d'un taux d'intérêt «neutre» avaient un peu baissé. Pour 2019, deux hausses sont encore prévues. La déception s'est traduite dans les cours. L'indice S&P 500 a clairement fléchi en territoire négatif après la décision fatidique le jour où la Fed s'est réunie, encaissant la plus grande perte depuis 1994. Mercredi dernier, cette perte s'est montée à 9% depuis le début du mois. Ces 50 dernières années, le marché des actions américain n'a connu un mois de décembre semblable qu'en 2002, avec une performance négative de -6% à la fin du mois.  

La semaine prochaine, il n'y aura plus que quelques jours de négoce pour tenter d'essuyer au moins une partie des pertes. Toujours est-il que l'année boursière 2018 restera dans les mémoires comme une mauvaise année. Le moral n'est plus au beau fixe. Selon les enquêtes, de plus en plus d'investisseurs se sont faits à l'idée des marchés baissiers. Et les marchés à terme tablent déjà sur de nouvelles baisses de cours. En effet, une contre-tendance technique semble prendre de l'ampleur et devrait se faire sentir début 2019 au plus tard. Les fluctuations ne vont certainement pas baisser la nouvelle année.

Faites donc une pause bien méritée à Noël et lisez un bon livre.

Voici nos suggestions favorites:

  • Rolf Dobelli: Arrêtez de vous tromper, eyrolles
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  • Nassim Nicholas Taleb: Jouer sa peau, Les Belles Lettres
    Trop nombreux sont ceux qui dirigent le monde sans mettre leur peau en jeu. Nassim Nicholas Taleb donne sa définition et ébranle les nôtres: asymétries cachées dans la vie quotidienne.
  • Michael Lewis: Le Casse du siècle, Sonatine
    L'argent change les gens aussi souvent qu'il change de mains. Michael Lewis traite de l'accumulation de la bulle immobilière et des gestionnaires qui ont fini par profiter de la crise financière.
Graphique de la semaine

Evolution du cours de l'indice S&P 500 le 20.12.2018

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen
Gros plan: les perspectives de croissance pour 2019

Après que l'économie mondiale ait brillé en 2017 avec des taux de croissance supérieurs à la moyenne et qu'une réelle euphorie économique régnait, l'essor économique global a nettement perdu de l'élan en 2018. On a pu remarquer de nettes traces de ralentissement en Allemagne, par exemple, où les suites de la politique commerciale protectionniste du gouvernement américain et une industrie automobile vacillante ont même conduit à un recul de la performance économique au troisième trimestre. La Suisse a aussi dû subir un ralentissement entre juillet septembre. En comparaison annuelle, l'économie a crû en Suisse dernièrement, mais toujours avec un taux élevé de 2,4% supérieur à la moyenne. En 2018, les USA sont toutefois restés la réelle locomotive de la croissance avec un plus d'environ 3%. La réforme fiscale a entraîné un bon moral et un appétit d'achat dans l'économie, qui est fortement dépendante de la consommation nationale.

Normalisation des taux de croissance

Prévisions consensuelles pour la croissance économique

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

Pour l'année à venir, nous prévoyons un ajustement des différences de croissance entre les régions. La performance économique devrait ainsi continuer à fléchir à une valeur de 1,6% en Suisse, par exemple. L'inflation chutera aussi nettement en raison de la forte baisse des cours du pétrole, et tendra vers 0,6%. Globalement, beaucoup dépend de l'évolution future du commerce mondial, en particulier le conflit entre les USA et la Chine. Le moral des entreprises a nettement diminué vu le conflit commercial, ces derniers temps. Le «cessez le feu» entre Trump et Xi Jinping donne pourtant l'occasion de souffler un peu: du temps pour les négociations entre les deux puissances économiques jusqu'en mars 2019. Et cela devrait aussi permettre une certaine reprise dans la zone euro après le recul marqué de la croissance ces derniers mois, ainsi qu'une stabilisation de la performance économique proche du potentiel de croissance d'un peu moins de 2%. Toutefois, la zone euro devrait être freinée par l'Italie qui pose toujours problème. Les marchés financiers sont tenus en haleine par les onéreuses promesses électorales du gouvernement populiste et ces dernières suscitent continuellement des écarts de crédit haussiers pour les obligations d'Etat italiennes. Il en résulte une pression sur le secteur bancaire ainsi qu'une incertitude générale chez les entreprises: les consommateurs pourraient conduire le pays vers une nouvelle récession dès les prochains mois.  

Mais nous n'attendons pas (encore) un teleffondrement de la croissance pour l'an prochain en ce qui concerne l'économie mondiale. Car d'un côté, les mesures visant à soutenir l'économie en Chine prennent lentement effet, à notre avis: au moins une stabilisation s'y installe. Et de l'autre côté, nous reconnaissons des signes de faiblesse certes épars chez le second donneur de rythme que sont les USA, par ex. sur le marché du logement. Par ailleurs, les effets de la réforme fiscale devraient lentement s'estomper. Mais le solide marché de l'emploi et le moral des consommateurs, qui était bon jusqu'à présent, sont plutôt rassurants dans le fait que l'économie américaine peut établir un nouveau record de croissance en été –  le plus long essor économique de tous les temps. Sur l'ensemble de l'année, nous comptons sur un taux de croissance de 2,4%, toujours légèrement supérieur à la moyenne comparé aux dix dernières années. Même la Fed ne voit à ce jour aucun risque pour l'essor économique: elle l'a de nouveau confirmé à sa réunion mercredi. Face à  cette situation, nous prévoyons la prochaine récession pour 2020 au plus tôt.

La reprise la plus longue de tous les temps?

Phases de croissance aux USA depuis 1970

Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

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