Les mesures des banques centrales continueront de soutenir les marchés

Jeremy Gatto, Unigestion

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Le virage dovish de la BCE n'a pas été surprenant. La zone euro reste l'un des points faibles des marchés développés.

Toile de fond

La réunion d'aujourd'hui de la BCE a été au centre de l'attention des marchés cette semaine et pour cause: les banques centrales sont actuellement les principaux moteurs du marché. 

Les anticipations du marché étaient peu optimistes avant la réunion, certains s'attendant à une éventuelle baisse des taux d'intérêt. La BCE a laissé les taux inchangés, mais a ouvert la voie à de nouveaux assouplissements avec de nouveaux paragraphes dans la déclaration montrant une forte détermination à agir. La BCE a déclaré qu'elle examinerait les options pour l'achat d'actifs potentiels et les options de compensation. Le Conseil des gouverneurs estime que les taux d'intérêt resteront à leur niveau actuel ou à un niveau inférieur, au moins jusqu'au premier semestre de 2020. 

Lors de la conférence de presse, le président de la BCE, Mario Draghi, a réaffirmé que l'organisation reste déterminée à faire tout ce qu'il faut. Il a ajouté que les pressions inflationnistes restaient modérées et que les attentes avaient diminué, ce qui justifiait l'ampleur des besoins des mesures accommodantes. Il a ajouté que la géopolitique et le protectionnisme, ainsi que le ralentissement de la croissance mondiale, étaient également responsables de l'affaiblissement du sentiment. 

M. Draghi a également souligné qu'il n'y a pas eu de discussion aujourd'hui au sujet des réductions de taux et que toute réduction plus tard s'accompagnerait de mesures d'atténuation.

Impact sur le marché

La première réaction a été un rallye rapide et de courte durée de l'euro après l'annonce des taux inchangés. La déclaration dovish a cependant été rapide à rattraper le marché avec l'euro qui a atteint de nouveaux plus bas intrajournaliers à 1,11.

L'Euro Stoxx s'est redressé au-dessus de 3'550 tandis que les taux européens ont baissé avec la chute du Bund à de nouveaux plus bas historiques. 

Lors de la conférence de presse, les mouvements se sont consolidés avant que M. Draghi n’ait confirmé que toute réduction des taux serait assortie de mesures d’atténuation. Toutefois, les mesures initiales ont été annulées à la suite des commentaires ultérieurs de Draghi concernant l'absence de discussion sur les réductions de taux et les mesures d'atténuation.

Conséquences de la répartition de l'actif

Nous commentons depuis un certain temps déjà la volte-face de la banque centrale qui a eu lieu à l'échelle mondiale depuis la fin de l'année dernière. Il existe encore quelques exceptions, mais elles demeurent minoritaires (p. ex. Norges Bank). Nos investissements s'articulent autour de trois thèmes: macro, sentiment et valorisation. 

La décélération macroéconomique que nous avons observée à la fin de l'année dernière semble s'être stabilisée pour l'instant. En l'absence de choc macroéconomique (récessions) à l'horizon, en raison d'un sentiment tempéré par le risque géopolitique et de valorisations contrastées, les banques centrales ont été l'un des principaux moteurs du marché malgré une certaine dispersion. La volatilité est ainsi demeurée faible, certains indices boursiers ayant atteint des sommets sans précédent et entraînant une baisse des rendements obligataires, tandis que d'autres ont atteint des creux records.    

Le virage dovish de la BCE n'a pas été surprenant. La zone euro reste l'un des points faibles des marchés développés. C'est ce qu'a indiqué pour la première fois notre produit exclusif Growth Nowcaster dans la dernière partie de l'année dernière et c'est toujours le cas cette année. 

En l'absence de pressions inflationnistes et d'une croissance proche ou inférieure au potentiel, les banques centrales peuvent se concentrer sur la poursuite de l'expansion économique en offrant un assouplissement préventif par des coupures et l'expansion du bilan. De telles mesures continueront vraisemblablement de soutenir les marchés, car elles réduiront le risque de récession tout en maintenant la volatilité à un faible niveau. Nous restons un actif à long terme axé sur la croissance mais avec des couvertures et des stratégies de portage privilégiées dans les domaines du crédit et du change.

Traduit de l'anglais

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