Le double relèvement des taux de la BCE devrait avoir lieu

Reto Cueni, Vontobel AM

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La BCE a réduit la distance qui la sépare, en termes de resserrement monétaire, des autres grandes banques centrales, telles que la Fed américaine ou la Banque d'Angleterre.

Lors de sa dernière réunion, la Banque centrale européenne a relevé ses taux de deux crans et s'est attaquée à une inflation qu’elle juge «excessivement élevée», en resserrant fortement sa politique monétaire selon les normes européennes. Onze ans presque jour pour jour d’une politique sans relèvement de ses taux d'intérêt directeurs, la banque centrale a annoncé une première hausse des taux de 25 points de base lors de sa prochaine réunion à la mi-juillet. Dans le même temps, elle est allée jusqu'à évoquer la possibilité d'une double hausse (50 points de base) qui pourrait intervenir lors de sa réunion de septembre si les prévisions d'inflation à moyen terme de la Banque ne sont pas revues à la baisse. Étant donné que nous ne nous attendons pas à un assouplissement substantiel des prévisions à moyen terme concernant les prix de l'énergie et des denrées alimentaires d'ici début septembre, nous prévoyons aujourd’hui une double hausse des taux de la BCE en septembre.

Toutefois, la BCE devrait être plus prudente par la suite, car la croissance de la zone euro devrait s'affaiblir d’ici à 2023 et l'inflation reculer – à moins que de nouveaux chocs ne viennent aggraver les prix de l'énergie et des denrées alimentaires, ou les problèmes de la chaîne d'approvisionnement mondiale. Nous pensons donc que la BCE reviendra à des mesures normales en matière de taux d'intérêt lors de ses réunions d'octobre et de décembre et qu'elle ne relèvera pas les taux d'intérêt de plus de 125 points de base au total cette année. A contrario, les marchés avaient escompté une hausse des taux de près de 140 points de base d’ici à la réunion de la BCE. En revanche, une détérioration plus marquée des perspectives de croissance ou une dislocation des marchés obligataires, signifiant que les écarts de rendement entre les obligations d'État allemandes et italiennes ont à nouveau augmenté, conduiraient à une hausse des taux plus faible, voire à une pause dès septembre.

Avec le resserrement qu'elle a opéré, la BCE a réduit la distance qui la sépare, en termes de resserrement monétaire, des autres grandes banques centrales, telles que la Fed américaine ou la Banque d'Angleterre, qui sont déjà au milieu d'un cycle de relèvement des taux. Le début du cycle des taux d'intérêt en Europe devrait également provoquer une réaction de la banque centrale suisse. Nous nous attendons donc à ce que la BNS prenne sa première mesure de taux d'intérêt dès septembre, suivie d’autres en décembre et en mars de la nouvelle année, ce qui signifierait également la fin des taux d'intérêt négatifs en Suisse.

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