A la recherche des leaders mondiaux de demain

Salima Barragan

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«Nos critères, en plus de l’aspect leaders mondiaux en devenir, ont la capacité à créer de la valeur sur le long terme», estime Pascal Riegis, de Oddo BHF AM.

En début d’année, les entreprises de petites et moyennes capitalisations européennes avaient fortement surperformé les larges caps européennes. En été, la tendance s’est retournée et après un mois d’octobre difficile, le segment des petites et moyennes capitalisations sous-performe largement. Pour Pascal Riegis, co-responsable global de la gestion actions fondamentales chez ODDO BHF Asset Management, la différence des compositions des segments de capitalisation pèse sur leur évolution.

Disparité des sous-jacents

Les compositions sectorielles des deux segments ne sont pas identiques. «Il est difficile de comparer des indices basés sur la taille de capitalisation sachant que les sous-jacents sont très différents», explique Pascal Riegis. Du coté des entreprises de large capitalisation, il y a une certaine diversification sectorielle alors que les indices de petites et moyennes capitalisations sont relativement plus concentrés sur certains secteurs comme la Technologie ou l’Industrie et certains sous-secteurs comme la Medtech.

Le contexte de l’économie globale
demeure favorable.

Vis-à-vis de ces différences, le gérant ne se focalise pas sur les performances des indices de marché mais applique une gestion purement fondamentale: «La question pour nous, n’est pas d’essayer d’identifier quel segment va mieux ou moins bien performer dans les mois qui viennent, mais d’identifier les entreprises créatrices de valeur, quelle que soit leur taille, qui surperforment sur le long terme si on les achète au bon prix», explique Pascal Riegis.

Se fier à l’analyse fondamentale

Le gérant est légèrement surpondéré sur les valeurs industrielles, mais cette allocation est le fruit d’une analyse fondamentale et non d’un «pari» macroéconomique. «Il y a de très belles valeurs industrielles en Europe et nous en avons certaines en portefeuille depuis de longues années comme Safran ou Alstom», explique-il. Malgré les craintes des investisseurs concernant la guerre protectionniste sino-américaine et ses implications potentielles pour le secteur industriel européen, le gérant reste confiant: «Au-delà des aléas à court terme, le contexte de l’économie globale demeure favorable et nous continuons à étudier les sociétés qui nous paraissent les plus prometteuses dans ce secteur».

Globalement Pascal Riegis favorise les entreprises issues des secteurs de l’industrie, de la technologie, de la santé et des biens de consommation. «Ces secteurs comprennent des sociétés qui correspondent à̀ notre philosophie d’investissement. A l’inverse, nous sommes structurellement sous-pondérés sur des secteurs comme les matériaux de base, l’énergie, les sociétés financières, les services aux collectivités et les télécoms, soit parce qu’il existe peu d’entreprises dans ces secteurs qui répondent à nos critères de rentabilité sur le cycle, soit parce que ces entreprises sont trop domestiques et peuvent difficilement devenir les leaders mondiaux de demain», explique le gérant qui a récemment ouvert une position sur ConvaTec, un spécialiste anglais des technologies médicales dont le profil est assez défensif: «La grande partie de son chiffre d’affaires est composé de revenus récurrents et l’entreprise  a une très bonne visibilité. De plus, elle est très innovante et leader mondial sur des secteurs à forte croissance comme les traitements pour grands brûlés ou le matériel de perfusion».

Notre processus d’investissement est focalisé
sur l’identification de créateurs de valeur.
Surpondération sur les entreprises françaises exportatrices

A la date du 31 octobre 2018, le fonds phare d'actions européennes d'ODDO BHF est exposé à 31,3% aux entreprises basées en France, ce qui représente une surpondération de +20,6% par rapport à̀ son benchmark (MSCI Europe Smid EUR NR). «Notre processus d’investissement est focalisé sur l’identification de créateurs de valeur parmi les entreprises européennes à dimension mondiale. Il se trouve que les entreprises françaises sont particulièrement fortes à l’exportation», explique le gérant. «Elles sont bien représentées, voire leader de marché, dans de nombreux secteurs car elles ont su cultiver des avantages compétitifs forts en termes de technologie, de propriété intellectuelle, de productivité ou encore de réseaux de distribution».

Ainsi, ce processus d’investissement ne découle non plus pas d’un pari macroéconomique mais de l’analyse fondamentale du gestionnaire. «Nos critères, en plus de l’aspect leaders mondiaux en devenir, sont la capacité à créer de la valeur sur le long terme, d’avoir une croissance autofinancée et la préservation de la rentabilité́ et de la capacité d’autofinancement dans les phases de récession», explique-t-il. Ainsi, selon ces critères d’investissement, certaines entreprises françaises ont donné des résultats satisfaisants. Pascal Riegis a récemment renforcé sa position sur Michelin, profitant du niveau de valorisation historiquement bas pour acheter un leader mondial des pneumatiques, voire le plus innovant: «Nous aimons le marché sous-jacent: le pneu est un concentré de technologie permettant d’optimiser la sécurité́, la performance, l’économie et l’émission du véhicule. De plus, le groupe bénéficie à la fois de l’accroissement de la taille des véhicules ainsi que des contraintes croissantes de contrôle des émissions et de sécurité́, et de la rationalisation progressive de son outil industriel».