La hausse des primes de réassurance stimule les obligations catastrophe

Tanja Wrosch, Credit Suisse

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Les primes n’ont jamais été aussi élevées et les prévisions indiquent une forte augmentation du volume du marché.

Le marché des assurances contre les catastrophes était déjà confronté à des difficultés majeures avant le passage de l’ouragan Ian dans l’État de Floride aux États-Unis à l’automne dernier, mais la situation s’est détériorée davantage depuis lors. Le marché est marqué par la hausse de l’inflation, la réduction du capital de réassurance en raison de rendements négatifs des placements et le nombre croissant de catastrophes au cours des cinq dernières années.

Actuellement, nous observons un déséquilibre important entre l’offre et la demande de capacités de réassurance. Cette évolution se dessinait déjà au cours de l’année dernière, mais l’ouragan Ian a entraîné de nouvelles tensions sérieuses sur le marché. Les obligations catastrophe constituent une solution alternative pour amener les risques de catastrophe sur les marchés des capitaux. Selon nous, ce sont les gagnants de la dynamique de marché actuelle. Les primes n’ont jamais été aussi élevées et les prévisions indiquent une forte augmentation du volume du marché.

Forte augmentation des primes d’assurance (et de réassurance)

Même avant que l’ouragan Ian ne cause des dommages assurés considérables en Floride, aux États-Unis, tous les signaux indiquaient une nouvelle forte hausse des primes d’assurance (et de réassurance) pour 2023. L’ouragan a toutefois aggravé le déséquilibre entre la demande considérable de couverture de réassurance et l’offre disponible, nettement réduite. La forte inflation signifie qu’après une catastrophe, la reconstruction devient nettement plus coûteuse, de sorte que les assureurs doivent acheter davantage de couvertures de réassurance. En revanche, les réassureurs disposent de moins de fonds propres pour répondre à cette demande en raison des rendements négatifs des placements. À cela s’ajoute le fait que certains réassureurs ont fortement réduit voire supprimé leur activité dans le domaine de la réassurance des catastrophes naturelles. La figure 1 met en évidence le recul du capital de réassurance traditionnel depuis 2021. Les dernières estimations du Swiss Re Institute parlent même d’une baisse de plus de 30% du capital de réassurance au cours des neuf premiers mois de 2022.

Importance accrue du transfert de risques alternatif via les obligations catastrophe

Compte tenu de la baisse attendue des capacités de réassurance traditionnelles et de l'augmentation des primes pour les couvertures de catastrophes naturelles, nous estimons que le transfert de risques alternatif via les obligations catastrophe gagnera en importance et prévoyons un solide pipeline de nouvelles émissions. Celles-ci ne pourront toutefois être placées que selon les conditions des investisseurs. La nécessité de couvrir les pertes liées à l’ouragan Ian et la recherche de rendements des capitaux durables pour les investisseurs en obligations catastrophe à long terme (en tenant compte de sujets tels que l’inflation ou le changement climatique) seront au centre de la discussion des prix. D’une manière générale, nous pouvons dire que l’ensemble du secteur est face à un bouleversement qui, selon nous, pourrait offrir des opportunités de marché intéressantes aux investisseurs en obligations catastrophe.

Hausse du prix des émissions d’obligations catastrophe

Les dernières émissions sur le marché des obligations catastrophe confirment déjà ces tendances, comme le montre la figure 2 relative à l’évolution des prix des émissions d’obligations catastrophe. L’évolution des primes dépend de nombreux facteurs, tels que l’évolution des dommages causés par l’ouragan Ian, l’ampleur des nouvelles entrées sur le marché des obligations catastrophe et la discipline des investisseurs. Outre la hausse des primes de risque, le rendement des garanties généralement investies dans des fonds du marché monétaire a également fortement augmenté compte tenu de l’augmentation des taux d’intérêt et devrait continuer à croître, de sorte que le rendement global des nouvelles obligations catastrophe devrait atteindre de nouveaux sommets. Selon nous, cela signifie que même en cas de nouvel ouragan de l’ampleur de Ian, il serait encore possible d’obtenir des rendements positifs.

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