Emploi U.S: quelle correction après janvier?

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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La Fed est forcée de se demander si elle ne doit pas pousser la restriction monétaire plus loin.

Au deuxième semestre 2022, les évolutions économiques allaient dans le sens souhaité par la Fed: ralentissement de la croissance du PIB et de l’emploi, modération graduelle des gains salariaux, net reflux des tensions sur les prix de biens (entretenant l’espoir que le même phénomène se diffuse aux prix de services). En somme, la thèse du «soft landing» semblait prévaloir sur celle de la récession. En un mois, les choses ont radicalement changé. La grande majorité des données de janvier (emploi, prix, dépenses des ménages) ont surpris par leur vigueur au point qu’on doit se demander si l’économie US n’est pas au bord d’une nouvelle phase de surchauffe. La désinflation apparaît bien moins rapide qu’espérée. Non seulement, les tensions restent fortes dans les services mais certains prix de biens ont rebondi (par exemple, les voitures d’occasion). Les salaires ont poursuivi leur lente érosion, mais cela ne saurait durer si le marché du travail continue d’être en excès de demande. Il est possible que l’ampleur des créations d’emploi en janvier (>500k) ait été exagérée par une météo clémente, mais en tout état de cause, la Fed est forcée de se demander si elle ne doit pas pousser la restriction monétaire plus loin/plus longtemps que dans ses plans de décembre dernier. Le rapport JOLTs sur les flux d’entrée/sortie du marché du travail donne un éclairage sur les tensions salariales. Les données de février seront donc cruciales pour déterminer si la désinflation a seulement subi un petit retard ou si elle est remise en cause.

Avec la réouverture de l’économie chinoise, on peut craindre que se forme un nouveau foyer inflationniste mondial.

Les données «dures» comme les ventes au détail ou l’emploi ont signalé une accélération notable de la croissance en janvier. Les données «molles» (enquêtes) étaient beaucoup plus prudentes, pointant vers une activité en faible progression. Il y a un débat pour savoir quel est le signal le plus pertinent.

Un nouveau foyer inflationniste mondial?

En Chine, la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire se déroule. A cette occasion, il est d’usage que les autorités fixent certaines cibles économiques, en particulier pour la croissance du PIB. Après la fin de la politique zéro-Covid, une accélération des échanges chinois est probable cette année. Toutefois, les données parcellaires sur la période du nouvel an chinois (échanges avec la Corée du Sud notamment) suggèrent que ce rebond n’est pas encore nettement visible. Avec la réouverture de l’économie chinoise, on peut craindre que se forme un nouveau foyer inflationniste mondial. Pour l’instant rien de tel n’est visible, ce qui peut signaler que la reprise de la demande chinoise n’est encore que graduelle.

Les premières données nationales à l’échelle européenne laissent attendre une stabilité des ventes au détail en janvier (et des révisions haussières sur décembre). Les hausses de prix continuent de peser sur le pouvoir d’achat et la tendance de consommation reste baissière. Le sentiment dans l’industrie allemande s’est amélioré depuis quelques mois mais il reste en zone de contraction. La série des commandes est volatile mais sa tendance baissière devrait se poursuivre (l’indice sous-jacent est déjà plus de 10% au-dessous de son pic). Les indicateurs économiques ont lourdement baissé en décembre. La contraction du PIB réel a été revue de 0,2% à 0,4% par trimestre. Au début 2023, les indicateurs à haute fréquence (exportations hors UE, trafic de camions) ne pointent qu’à un rebond incomplet. En résumé, L’activité allemande pourrait à nouveau se contracter au premier trimestre.

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