Zone euro: l’inflation résiste en août, casse-tête pour la BCE

AWP

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La hausse des prix à la consommation est restée stable par rapport à juillet, à 5,3%, a annoncé jeudi Eurostat.

L’inflation en Europe a interrompu sa baisse en août en raison d’un rebond des prix du pétrole laissant entier le dilemme de la Banque centrale européenne face au ralentissement économique.

La hausse des prix à la consommation est restée stable par rapport à juillet, à 5,3%, a annoncé jeudi Eurostat, à deux semaines d’une réunion cruciale de la BCE qui a ouvert la porte à une pause dans la hausse de ses taux d’intérêt.

L’inflation en août est supérieure aux anticipations des analystes de Factset et Bloomberg qui tablaient sur un ralentissement à 5,1%.

Pour tenter d’endiguer la flambée des prix à la consommation, la banque centrale s’est lancée dans un resserrement monétaire d’une ampleur inédite. L’institution a augmenté ses taux neuf fois de suite depuis juillet 2022, portant à 3,75% le taux sur les dépôts excédentaires des banques, qui fait référence.

Conséquence: les demandes de crédits chutent, avec pour effet une baisse de la demande de biens et services. D’où un ralentissement des prix mais aussi un coup de frein à la croissance, qui inquiète de plus en plus.

Les responsables de la BCE sont divisés entre partisans d’une poursuite du resserrement monétaire pour en finir plus vite avec l’inflation et partisans d’une pause pour préserver la croissance.

«Faucons et colombes»

«La bataille entre les faucons et les colombes devrait s’intensifier avant la prochaine décision de la BCE», estime Richard Flax, directeur des investissements pour le gestionnaire de patrimoine Moneyfarm.

«Les marchés ont commencé à envisager une éventuelle pause dans les hausses de taux lors de la réunion de la BCE en septembre. Mais l’inflation restant à des niveaux élevés, nous ne pouvons pas exclure de nouvelles hausses de taux avant la fin de l’année», a-t-il ajouté.

L’inflation dans les 20 pays partageant la monnaie unique a été divisée par deux depuis le record de 10,6% atteint en octobre 2022 quand les effets de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein.

Mais elle reste très au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la BCE.

Les données publiées jeudi marquent une pause dans le ralentissement de l’inflation qui s’était poursuivi de façon ininterrompue depuis mai.

En cause, les prix de l’énergie qui continuent de reculer par rapport aux très hauts niveaux atteints l’an dernier, mais de façon moins marquée que les mois précédents. Leur baisse s’est limitée à 3,3% en rythme annuel en août, contre 6,1% en juillet, à cause d’une progression des tarifs pétroliers.

Lent reflux des prix alimentaires

La principale contribution à l’inflation vient désormais de l’alimentation (y compris alcool et tabac) dont les prix ont encore flambé de 10,4% en glissement annuel en août, même s’ils marquent un ralentissement par rapport à juillet (+11,3%).

De même, la hausse des prix des biens industriels (hors énergie) a été moindre en août (4,8% après 5% en juillet). Le renchérissement des tarifs des services s’est aussi modérément ralenti à 5,5% (-0,1 point).

Si l’inflation globale a stagné, l’inflation sous-jacente, corrigée des prix très volatils de l’énergie et de l’alimentation a reculé de 0,2 point à 5,3%, comme prévu par les analystes. Or cet indicateur, jugé plus représentatif, est davantage scruté par la BCE.

«La légère surprise à la hausse de l’inflation globale de la zone euro en août est entièrement due à l’énergie, tandis que l’inflation sous-jacente a légèrement baissé. Nous ne pensons pas que ces données feront pencher la balance au sein de la BCE» d’un côté ou de l’autre lors de la réunion du 14 septembre, explique Jack Allen-Reynolds pour Capital Economics.

Il estime dans tous les cas que la baisse des prix à la consommation va «très probablement» reprendre en septembre et se poursuivre ces prochains mois.

Au sein de la zone euro, la Belgique et l’Espagne ont enregistré l’inflation la plus faible en août à 2,4% sur un an, selon les données harmonisées publiées par Eurostat.

Elle a atteint 5,7% en France et 6,4% en Allemagne, tandis que la Slovaquie (9,6%) et la Croatie (8,5%) ont connu les taux les plus élevés.

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