Les économistes anticipent une lourde récession en 2020

AWP

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 En Suisse, cela devrait se traduire par une baisse des exportations de services, en raison d’une chute de la demande dans le tourisme et l’événementiel.

Les économistes de l’institut de recherche BAK Economics et d’UBS anticipent une lourde récession cette année en raison des restrictions imposées pour lutter contre le coronavirus. Si la pandémie est maîtrisée rapidement, l’économie suisse devrait néanmoins fortement rebondir en 2021.

L’institut bâlois s’attend à une récession au niveau mondial, essentiellement provoquée par l’effondrement des dépenses privées. En Suisse, cela devrait se traduire par une baisse des exportations de services, en raison d’une chute de la demande dans le tourisme et l’événementiel - notamment les rendez-vous sportifs, a-t-il détaillé lundi dans un communiqué.

«Les entreprises souffrent de l’effondrement de la demande, alors qu’elles font face à des problèmes d’approvisionnement car de nombreuses sociétés ont interrompu leur production», a précisé BAK Economics.

Concrètement, le BAK anticipe un repli du produit intérieur brut (PIB) de 2,5% cette année, alors qu’il tablait dans ses précédentes estimations sur une croissance de 1,3%. Dans un scénario optimiste où la crise sanitaire est rapidement maîtrisée, l’économie devrait nettement rebondir de 4,3% en 2021.

L’emploi risque d’être impacté par cette situation, avec un taux de chômage en hausse de 0,8 point de pourcentage à 3,1% en 2020. Le niveau de sans-emplois devrait ensuite refluer à 2,7% l’année suivante.

L’accélération des prix pourrait également de marquer le pas, notamment en raison de l’effondrement des tarifs du pétrole. L’inflation doit ainsi être négative de 0,3% sur l’exercice en cours avant de remonter à 0,5% en 2021.

Les spécialistes d’UBS tablent quant à eux sur un repli du produit intérieur brut (PIB) de 1,3% cette année, si les mesures d’urgence devaient être abandonnées fin avril, puis sur un rebond de 2% en 2021. Si la crise devait par contre se prolonger, la croissance pourrait chuter de 3% en 2020, ont-ils averti dans un communiqué séparé.

Dans le détail, les mois de mars, avril et éventuellement mai risquent d’être particulièrement pénalisés, provoquant une contraction économique au premier semestre. Mais pour les économistes d’UBS, plus bas sera la chute en première partie d’année, plus fort sera le rebond au second semestre.

Dans un scénario négatif, le taux de chômage augmenterait et pèserait sur les dépenses des ménages. Une vague de faillites d’entreprises entraînerait quant à elle des défauts de paiements auprès des banques. Ces dernières réduiraient le volume des prêts hypothécaires, ce qui pénaliserait le secteur de la construction. Dans ce cas de figure, un rebond économique n’interviendrait pas avant 2022.

Mesures fiscales souhaitées

Une telle situation requiert un plan de relance publique. La Suisse est ainsi en mesure d’augmenter de 20% son taux d’endettement tout en gardant la meilleure note possible sur le marché de la dette, le fameux «triple A», selon la banque zurichoise.

En matière de politique monétaire, la Banque nationale suisse (BNS) devrait continuer à intervenir sur le marché des changes pour éviter une trop forte appréciation du franc. Et à moins que la Banque centrale européenne (BCE) ne l’y oblige, la BNS ne devrait pas dans l’immédiat baisser davantage son taux directeur.

Plusieurs prévisionnistes ont sérieusement raboté leurs estimations de croissance pour la Suisse. Dernier en date, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) a indiqué jeudi tabler sur un recul du PIB, corrigé des événements sportifs, de 1,5%, contre +1,3% dans ses estimations de décembre dernier.

D’autres instituts ont aussi récemment abaissé leurs prévisions de croissance pour la Suisse en 2020, notamment Raiffeisen (-0,2%) et le KOF (+0,3%).

La BNS a quant à elle indiqué qu’il était probable que la croissance du PIB suisse sera négative en 2020 en raison du coronavirus et de son impact économique. Elle n’a pas livré de pronostics plus précis.

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