L’Europe attend le verdict sur la résistance de ses banques

AWP

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En tout 48 établissements issus de 14 pays de l’UE et de Norvège ont été passés à la moulinette entre janvier et octobre.

Les régulateurs bancaires européens dévoilent ce vendredi les résultats des «tests de résistance» des établissements du continent, qui doivent se montrer capables de surmonter un scénario de crise.

Le sort des banques italiennes, déjà dans la tourmente lors de la précédente vague de tests en 2016, sera regardé à la loupe.

Quels établissements sont testés?

L’Autorité bancaire européenne (ABE), à Londres, et la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort, publieront à 17h00 GMT le verdict de la dernière campagne de tests de résistance des banques. En tout 48 établissements issus de 14 pays de l’UE et de Norvège ont été passés à la moulinette entre janvier et octobre. 37 d’entre eux, surveillés directement par le superviseur européen (MSU) logé au sein de la BCE, représentent 70% des actifs bancaires dans la zone euro.

L’échantillon compte entre autres huit banques allemandes, dont Deutsche Bank, six banques françaises (BNP Paribas, Crédit Mutuel, BPCE, Crédit Agricole, Banque Postale, Société Générale), quatre italiennes et quatre britanniques.

Les résultats des tests pour les quatre banques grecques ont déjà été publiés en mai, pour évaluer leur santé financière avant la sortie d’Athènes cet été du troisième programme d’aide financière.

Comment fonctionnent ces tests?

Sur la base des bilans à fin 2017, les banques ont été confrontées au scénario d’une chute de 2,7% du PIB européen entre les années 2018 et 2020, couplée à une montée du taux de chômage de 3,3 points, ramenant ce dernier peu ou prou à la situation de 2009 pendant la crise financière.

Les risques économiques liés au Brexit ont été intégrés, notamment l’impact sur les échanges commerciaux et sur les marchés financiers. Une chute des prix de l’immobilier, des pertes importantes sur les obligations d’État ou encore des sanctions financières imminentes dues à des malversations de dirigeants de banques ont également été testées.

Critiquée par le passé pour ses tests trop laxistes, qui n’avaient pas permis de détecter les faiblesses de certains établissements, l’ABE assure cette fois que cette nouvelle série, la troisième du genre depuis l’installation du MSU en 2014, dépasse en sévérité les tests conduits par le régulateur nord-américain.

L’exercice a été pimenté en outre par la prise en compte d’une nouvelle règle comptable obligeant les banques à intégrer plus vite à leur bilan des pertes probables sur des crédits ou autres actifs financiers à risque.

Quelles conséquences en attendre?

Comme en 2016, il n’y aura pas de banque ayant «réussi» ou «échoué» aux tests: les maîtres du jeu n’ont pas voulu fixer de seuil arbitraire de capital à atteindre une fois l’épreuve passée. Ces tests «vont servir de diagnostic et pourront dans certains cas accélérer des mesures correctrices», explique la fédération allemande BdB.

Ainsi, si des banques affichent une forte dégradation de leur ratio de fonds propres comprenant des coussins de sécurité réglementaires, le superviseur en tiendra compte pour calibrer les besoins en capital supplémentaire de ces établissements, sans qu’il y ait d’automatisme. La BCE veut intégrer les résultats de ces tests dans sa campagne en cours d’évaluation des banques, dont le terme est fixé à janvier 2019.

A cette échéance, les banques en zone euro se verront chacune recommander un niveau de fonds propres, avec un seuil en dessous duquel elles devront réduire le paiement de dividendes et de bonus. La BCE ne communique pas ces données, mais certaines banques ont par le passé décidé de les rendre publiques.

L’attention se concentrera cette année sur les banques italiennes, qui mènent depuis deux ans un travail d’assainissement et cherchent à se débarrasser de leur montagne de crédits en souffrance. Elles se retrouvent désormais directement affectées par les tensions provoquées par le budget de la coalition populiste à Rome, avec des conséquences potentiellement graves sur leur important portefeuille de dette souveraine.