Gonet: l'actualité des marchés au 9 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,17%, S&P 500 +0,05%, Nasdaq +0,18%, Russell 2000 -0,31%, SOX +0,56%, Eurostoxx +0,19%, SMI +0,35%.

C’est un début de semaine ennuyeux au possible que nous réserve Wall Street. Les indices évoluent dans une fourchette extrêmement étroite hier, totalement dépourvus d’inspiration, les lignes se remettront probablement à bouger dès demain après la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) pour le mois d’avril. Dans l’intervalle, chaque camp fourbit ses armes, les taureaux se reposent sur l’espoir que la Fed débute un cycle de baisses de taux dès cette année, pendant que les ours rappellent à qui veut l’entendre que la Réserve Fédérale ne l’entend pas du tout de cette oreille en l’état, d’où l’importance croissante du CPI de demain. Sur le front des résultats de sociétés au premier trimestre, la saison peut être pour le moment qualifiée de bonne. Le dossier des banques régionales américaines n’est probablement pas refermé, leur comportement d’hier en est une illustration (ouverture en bonne hausse puis glissade et clôture en territoire négatif pour la plupart d’entre elles, l’ETF KRE en repli de 2,01% à la cloche). En parallèle, les inquiétudes autour du relèvement (ou pas) du plafond de la dette des Etats-Unis constituent pour le moment une forme de distraction pour le marché, à suivre ceci-dit, de «distraction», le dossier pourrait passer à «perturbation» si les deux camps ne parviennent pas à s’entendre. Joe Biden discutera aujourd’hui du sujet avec le président de la Chambre des représentants, M. McCarthy, mais aucun accord n'est attendu dans l'immédiat.

L’indice S&P500 (SPX) fait donc du quasi surplace, les rendements obligataires remontent, impactés par de nouvelles émissions de sociétés, que le marché doit digérer (notamment Apple qui annonce lever 5 milliards de dollars en cinq tranches). Le 2 ans US revient à 3,99%, le 10 ans traite à 3,50%. Le dollar retrouve quelques couleurs, la paire EUR/USD repasse en-dessous de 1,10, l’or stagne à 2022 dollars l’once, le pétrole remonte à 72,65 dollars le baril de WTI Light Crude. La volatilité recule légèrement, le VIX perd 1,34% à 16,98, son grand frère obligataire le MOVE gagne 3,7% pour sa part et clôture à 135,07, ce marché ci reste fort nerveux. On note que Pacwest (PACW) décolle de 40% en début de séance pour ne gagner que 3,65% à la cloche, on remarque que la tech est supportée par les sociétés de semi-conducteurs telles que AMD (+5,49%) et Nvidia (NVDA +1,64%). La plupart des secteurs du SPX clôturent dans le rouge, l'immobilier -0,7% et l'industrie -0,4% affichant les pertes les plus importantes. Le secteur des services de communication +1,3% est le seul à progresser de plus de 1,0%, menant les surperformances grâce aux gains de Meta (META +0,2%) et d'Alphabet (GOOG +1,9%).

Il y a quelque chose qui me chiffonne plutôt beaucoup depuis quelques temps, cette différence crasse de vision de l’évolution à court terme des taux courts, le marché prévoyant des baisses dès cette année alors que la Fed refuse de valider ce scénario colombe. Hier les stratèges de Barclays et Goldman indiquent ne pas croire que la Fed se «pliera» à la volonté du marché. Du coup je retourne vérifier ce que disent les Fed Funds ce matin et, ô légère surprise, ils continuent de prédire trois baisses de 25 points de base chacune en fin d’année, mais leur donnent 90% de chances de se réaliser, contre 100% hier. Soyons clairs, 90% ça reste du quasiment tout cuit, mais on peut penser que la conviction générale du marché vacille un chouia depuis hier, ce qui nous ramène (je sais, je me répète, je sais je me répète) au CPI de demain.

L’enquête d'opinion sur les pratiques de prêt des banques (Senior Loan Officer Opinion Survey on Bank Lending Practices - SLOOS) confirme ce que le marché attendait déjà à la suite de la crise bancaire régionale qui a débuté à la mi-mars. Les normes de prêt se sont durcies et les banques s'attendent à les durcir dans toutes les catégories de prêts jusqu'à la fin de l'année 2023. En outre, elles s'attendent à une détérioration de la qualité du crédit. La publication du SLOOS est brièvement suivie d'un accès de volatilité sur les indices d’actions, qui ne dure pas.

Bill Gross recommande d'acheter des bons du Trésor à court terme. Il n'y a pas «100% de chances, mais je pense que le problème du plafond de la dette sera résolu», déclare l'ancien directeur des investissements de Pimco.

Les États-Unis fourniront une nouvelle aide militaire à long terme de 1,2 milliard de dollars à l'Ukraine afin de renforcer ses défenses aériennes. Ils fourniront des technologies de contre-drones, de l'imagerie satellitaire commerciale et de l'artillerie de 155 mm, déclare un responsable de la défense. L'enveloppe devrait être annoncée aujourd'hui. Entre-temps, de multiples explosions ont été entendues à Kiev, marquant la cinquième attaque aérienne sur la capitale ce mois-ci.

Au menu macro-économique du jour, peu d'indicateurs majeurs, en attendant les échéances importantes des trois journées suivantes. Ce matin, la Chine annonce des exportations d'avril un peu plus dynamiques que prévu, mais des importations en berne.

ABB: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 41 à 47 francs. Geberit: DZ Bank reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 385 à 400 francs. Swiss Re: Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 77 à 88 francs. PayPal: le titre perd 6% hors séance après ses trimestriels. Le groupe relève pourtant ses prévisions annuelles. L'actuel CEO de Credit Suisse, Ulrich Körner, va rejoindre le directoire d'UBS. En difficultés, le groupe immobilier suédois Samhällsbyggnadsbolaget (SBB pour les intimes) renonce à son dividende et repousse une levée de fonds. Tyson Foods chutede 16% après l'abaissement de ses prévisions et une perte inattendue sur le trimestre écoulé. Goldman Sachs va payer 215 millions de dollars pour éteindre des poursuites concernant le salaire de ses employées. Le New York Times va obtenir environ 100 millions de dollars de Google sur trois ans dans le cadre d’un accord de publication de contenu.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui gagne 1,01% à la cloche. Hong Kong abandonne 2,35%, Shanghai perd 1,12% et Séoul égare 0,13%. Le future SPX perd 5 points et l’Europe ouvre en très légère baisse. Le risque d’une journée de la marmotte est élevé en ce mardi matin, vous ai-je dit que les opérateurs boursiers se préparent au CPI de demain?

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