Gonet: l'actualité des marchés au 23 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,05%, S&P 500 -0,32%, Nasdaq -1,26%, Russell 2000 -0,50%, SOX -1,66%, Eurostoxx -0,41%, SMI -0,27%.

Wall Street pique du nez dans la dernière ligne droite de la séance. Et pourtant la journée avait débuté sous les meilleurs auspices, le marché saluant la reconduction de Jerome Powell à la tête de la Fed pour un nouveau mandat de quatre ans. La confirmation du boss de la Réserve Fédérale par Joe Biden implique de la continuité et de la stabilité au gouvernail de la première banque du monde. Lael Brainard, qui était pressentie pour le poste, accède à la vice-présidence de la Fed. Notons que Powell est considéré comme un peu moins colombe que Brainard, mais il fait tout de même partie du camp des «accommodants» et ça, ça plait au marché.

Toujours est-il que les indices se mettent en mode «Jacques Mayol» peu après 21 heures. Le Tick Index chute brutalement à -1295 et tape plusieurs fois le niveau de -1000, ça indique la violence du mouvement. On peut attribuer une partie de la glissade d’hier au rebond des taux d’intérêts obligataires. Toute la courbe décale vers le haut comme un seul homme, le 10 ans revient à 1,62%, c’est l’effet «Powell Bis». On peut aussi penser que la profondeur du marché est plutôt inexistante ces jours, ce qui exacerbe les mouvements. Et puis des taux obligataires en hausse ne plaisent que très rarement aux actions de croissance, telles que les grosses capitalisations de la technologie. Les Amazon, Netflix et autre Alphabet pèsent assez lourdement sur la cote hier. Apple en revanche continue à mépriser cordialement la théorie d’Isaac Newton, le titre s’adjuge 0,47%, le marché semble confiant quant aux perspectives de ventes d’iPhones.

En termes de secteurs, les actions de croissance réalisent donc une contre-performance majeure tandis que les services de communication sont les plus performants du jour. Le secteur financier se distingue par la reprise des banques. L'énergie réalise la meilleure performance du jour. Les actions du cloud souffrent hier, l’ETF CLOU s’enfonce de 3,45%. Et il semble que les vendeurs n’aient pas terminé leur travail hier soir, on observe des intérêts vendeurs pour 4 milliards de dollars à la cloche. La séance de trading d’hier nous laisse un peu tous sur notre faim. On se préparait à une semaine de Thanksgiving plutôt tranquille, le marché étant supposé faire la balance entre la vigueur retrouvée du virus en Europe et les espoirs les plus fous quant au Black Friday de ce vendredi. Et hier, on observe un retour de l’aversion au risque plutôt rapide, les ventes sont plus agressives que d’habitude. Gardons ceci dit en tête que les spreads restent larges et que la liquidité actuelle est pauvre, qui peut expliquer le mouvement d’hier soir. On peut aussi penser que certains fonds Long Only sont sortis massivement du marché hier en raison de l’approche de la fin de l’année fiscale.

Je reviens à Jerome Powell. Sa reconduction fait réagir le marché des swaps, qui prévoit désormais une hausse de taux de 25 points de base en juin 2022, c’est plus tôt que précédemment attendu. Le marché price la seconde hausse en novembre. C’est tout sauf anecdotique, les intervenants s’adaptent à la nouvelle donne, tout simplement.

Un autre facteur peut expliquer le gros coup de mou des indices US hier soir, la force du dollar, qui ne diminue pas. Le billet vert casse son support de 1,1290 sans aucun souci, il évolue ce matin à 1,1241 contre euro et regarde désormais son prochain niveau, qui se situe à 1,1042 (76,4% de retracement Fibonacci de la hausse de 1,0638 à 1,2349). Ceci dit, amis adeptes de graphiques, regardez son RSI (Relative Strength Index), qui se situe actuellement à 28. Cela indique que le dollar entre en zone surachetée contre l’euro. Et si vous prenez un peu de recul, vous constaterez que le niveau de 20 a été atteint six fois ces dix dernières années. Et si vous observez la réaction de la paire lors de ces occurrences, vous réaliserez que l’euro a rebondi à 5 des 6 occasions. Je vous suggère donc de surveiller ce niveau, un RSI de 20 sur l’euro/dollar enverra probablement un gros signal de retournement aux cambistes de la planète.

En parlant du dollar, il y en a un qui n’apprécie guère, mais alors pas du tout la hausse du billet vert, c’est le métal jaune. L’or se prend les pieds dans le tapis big time, l’once chute hier de 1849 à 1806 dollars ce matin, la relique barbare casse donc son support de 1834 dollars et se retrouve fort dépourvue, la force du greenback et le retour des craintes de croissance mondiale induites par le regain de forme du virus sont passés par là. Le pétrole pour sa part semble faire la sieste, le baril de WTI Light Crude stagne à 76,03 dollars. Quant à la volatilité, elle décolle sans surprise, le VIX gagne 7% à 19,17, niveau qui reste bas, le moment de vendre des options n’est pas encore arrivé, patience…

La frénésie des fusions et acquisitions (M&A) ne faiblit pas. Hier peut tout à fait être qualifié de Merger Monday. Monster Beverage Corp. étudie la possibilité d'un rapprochement avec le brasseur Corona Constellation Brands. KKR offre 0,505 euro/shs pour Telecom Italia (TIT IM +30%), valeur de 12 milliards de dollars. Ericsson annonce l'acquisition de Vonage Holdings (VG +27%) pour 5,3 milliards de dollars. Enfin, Apollo Global propose d'acquérir Marks & Spencer Group (MKS LN +2%), pour une valeur de ~3 milliards de dollars.

Je ne peux résister à l’envie de vous dire que Rivian (vous savez, cette firme qui n’a jamais vendu une seule voiture et a brièvement dépassé la capitalisation boursière de VW la semaine passée…), Rivian donc chute de 8% hier et a perdu 35% depuis son top. La faiblesse d’hier est due à l’annonce que Ford ne va finalement pas travailler avec Rivian et pourrait vendre sa participation dans le titre. Rivian est un exemple parfait, un véritable cas d’école, qui nous rappelle que l’absence de bulle générale sur les actifs n’empêche pas l’existence de poches d’exubérance irrationnelle.

Accélérer le retrait des mesures de relance monétaire donnerait au FOMC «plus d'options» pour manœuvrer en 2022, selon le chef de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, qui s’exprime peu après la nomination de Jerome Powell pour un second mandat.

Les nouveaux cas en Allemagne ont bondi de 50% par rapport à la veille pour atteindre plus de 45’000. Les États-Unis ne se dirigent pas vers des mesures de confinement comme celles imposées par certains pays de l'UE, déclare Jeff Zients, coordinateur de la réponse au coronavirus à la Maison Blanche. Le Premier ministre français Jean Castex a été testé positif dans un cas inédit, a rapporté l'AFP. Les vaccins restent très efficaces pour maintenir les gens en vie et les faire sortir de l'hôpital, mais ils ne préviennent plus autant les infections qu'auparavant, selon de nouvelles données américaines.

Grosse journée avec la publication des indicateurs PMI des grandes économies, au Japon pendant la nuit, puis en Europe en matinée et aux Etats-Unis dans l'après-midi.

Julius Baer: Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 70 francs. Samsung implantera son usine de puces américaine à Taylor, au Texas, dans le cadre d'un investissement de 17 milliards de dollars. Zoom Video recule de 6,8% après ses trimestriels. AstraZeneca ouvre un nouveau centre de R&D de 1,3 milliard de dollars au Royaume-Uni. GlaxoSmithKline obtient un accord de licence exclusive pour le traitement des maladies du foie d'Arrowhead.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli, hormis Shanghai qui grappille 0,20%. Tokyo est fermée, Hong Kong recule de 1,17% et Séoul abandonne 0,53%. Le future SPX recule de 7 points et l’Europe ouvre en baisse de 1%. Powell on!

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