Gonet: l'actualité des marchés au 1er février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,17%, S&P 500 +1,89%, Nasdaq +3,41%, Russell 2000 +3,05%, SOX +5,44%, Eurostoxx +0,91%, SMI +1,01%.

Wall Street se met en mode «Boris» et organise une fête d’anthologie pour célébrer la fin du mois de janvier. Les principaux indices clôturent au plus haut du jour, portés par le secteur technologique, qui cède le brassard de capitaine aux semi-conducteurs pour l’occasion. On se souviendra de janvier 2022 comme un mois tout pourri pour les actions, ceci dit la victoire a un goût bien amer pour les ours, les taureaux se sont rebellés comme rarement depuis deux séances. Commençons par les nouvelles du jour, ce qui sera vite fait car il n’y en a pas, et voilà… L’appétit au risque fait son retour et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne passe pas par la porte du jardinier. C’est la fin du mois, on rebalance les portefeuilles chez les gérants actifs, qui se ruent sur les valeurs de croissance au détriment des actions dites de valeur, la configuration technique du marché s’améliore à la vitesse grand V et le FOMO (Fear Of Missing Out) fait le reste. L’indice S&P500 (SPX) récupère sa moyenne mobile à 200 jours et en y mettant la manière s’il vous plait… Le SPX clôture à 4515 points, sa 200 jours se situe à 4435 points. Le Nasdaq100 (NDX) gagne à nouveau plus de 3% sur la séance et vient se poser juste en-dessous de sa 200 jours à la cloche (14'930 points contre la 200 jours à 15'016). C’est la plus forte poussée haussière du NDX et du SPX sur deux jours depuis avril 2020 et on observe des intérêts acheteurs pour 5 milliards de dollars à la cloche, le boulot n’est peut-être pas terminé, ce d’autant plus que le TICK Index explose à la hausse et atteint un niveau plus observé depuis début 2021. Lisez: des programmes d’achats massifs ont probablement été lancés dans le marché depuis vendredi, les institutionnels ont pris acte du sentiment des AAII (Association of American Individual Investors), la fameuse «wrong way crowd», ce fameux sentiment donc qui s’est détérioré à des niveaux pires que ceux de la crise des subprimes et du covid. En clair: les petits porteurs ont jeté l’éponge, le marché a fait son nettoyage et les institutionnels sont venus se servir à bon compte, on se croirait dans le jour de la marmotte…

Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) est excellent avec 84% de positif sur le SPX et 90% sur le NDX. La volatilité est envoyée dans les cordes, mais pas encore au tapis, le VIX perd 10% et clôture légèrement en-dessous de 25. Il reste pas mal de place à la baisse pour cet indice, en tous les cas jusqu’à 15. Et on connait le dicton: «when the Vix is high, it is time to buy, when the Vix is low, it is time to go». Le Vix a donc fortement baissé depuis la semaine passée (top proche de 39), mais il n’est pas «low». Du côté du marché obligataire, on préfère rester neutre, le rendement du 2 et du 10 ans US recule à 1,16% pour le premier et se stabilise à 1,77% pour le second. Ceci est probablement dû aux déclarations du jour des membres de la Fed. On commence par Madame George, la boss de la Fed de Kansas City, qui vote au FOMC et indique qu’une hausse graduelle des taux est toujours préférable. De son côté Monsieur Barkin, patron de la Fed de Richmond, déclare que la vitesse de la hausse des taux dépendra de l’économie, ce qui ressemble furieusement à une lapalissade mais a le mérite d’être plutôt neutre. Enfin, Monsieur Bostic, qui annonçait le weekend passé que 5 hausses de taux en 2022 étaient possibles, édulcore ses propos en ajoutant que sa préférence va vers 25 points de base. De plus, le marché a dû réaliser que Monsieur Bostic ne vote pas au FOMC cette année, le bougre…

Mention spéciale aux actions chinoises cotées à Wall Street, qui décollent de 10% en moyenne hier, après que le régulateur chinois a publié une déclaration samedi dans laquelle il qualifie les sociétés internet de «colonne vertébrale» du développement de haute qualité de l'économie nationale. Ah le pouvoir des mots…

Retour de l’appétit au risque oblige, le dollar se trouve délaissé, la paire EUR/USD en profite pour remonter à 1,1242, tandis que l’or en profite et s’attaque aux 1800 dollars par once à nouveau. Le pétrole ne s’arrête plus, le baril de WTI Light Crude s’approche des 89 dollars le baril de WTI Light Crude, j’aime de plus en plus ma Fiat 500 électrique…

Quels rallyes mes aïeux! Tout va-t-il donc bien dans le meilleur des mondes (quasi post covid) donc? Well, pas si vite chers taureaux. Tout d’abord, même si le NDX a récupéré 6,6% depuis vendredi passé, il reste en repli de 8,5% sur l’année. Janvier 2022 est donc bel et bien une cuvée très médiocre. Vous entendrez probablement de nombreux intervenants rappeler l’adage financier «so goes January, so goes the year». Méfions-nous de ces raccourcis populistes qui équivalent plus ou moins à dire «neige en novembre, Noël en décembre»… Ceci dit, regardons plutôt les dix pires mois de janvier de l’histoire du SPX et ce qu’il est advenu de l’indice à la fin de ces années-là: 2009 23,45%, 1970 +0,1%, 1960 -2,97%, 1990 -6,56%, 1939 -5,18%, 1978 +1,06%, 2008 -38,49%, 2000 -10,14%, 2016 +9,54%. On le constate, il est fort hasardeux de prédire l’année sur la base du mois de janvier.

Résumons: l’appétit au risque fait son grand retour depuis deux séances peu riches en nouvelles. C’est un  point pour la capacité de résilience du marché car la semaine s’annonce chargée en nouvelles à digérer, les résultats de sociétés tombent chaque jour, des données importantes sur l’industrie manufacturière et sur l’emploi seront publiées et des banques centrales majeures vont annoncer leur décisions respective (Banque d’Angleterre et BCE). Plutôt que de se détourner des actions, les intervenants ont préféré y revenir massivement, le TINA (There Is No Alternative…but stocks) reste d’actualité et gardons en tête ce sentiment des petits porteurs, détérioré à un point rare, probablement parce que bon nombre d’entre eux n’avaient jamais vécu une telle période de volatilité, ils paient cher pour apprendre ces jours.

Les États-Unis auraient reçu la réponse de la Russie aux propositions visant à apaiser les tensions dans le dossier ukrainien, ce qui constitue la toile de fond de l'appel d'aujourd'hui entre Antony Blinken et Sergei Lavrov. Boris Johnson doit également se rendre en Ukraine aujourd'hui et l'UE devrait approuver une aide d'urgence pour Kiev. Les États-Unis et le Royaume-Uni annoncent qu'ils sanctionneront les oligarques proches du président Poutine en cas d'invasion de la Russie. Washington ordonne aux familles des diplomates de quitter la Biélorussie.

Les employés de la Deutsche Bank sont retournés au bureau de New York hier après avoir travaillé à domicile pendant la récente vague d'omicron. Le vaccin de Moderna reçoit l'approbation complète de la FDA pour les personnes âgées de 18 ans et plus, tandis que Novavax demande une autorisation d'urgence pour son vaccin. L'Afrique du Sud réduit à sept jours la période d'isolement pour les personnes infectées par des cas symptomatiques et supprime la nécessité d'isoler les cas asymptomatiques.

Les indices PMI finaux de janvier seront publiés tout au long de la journée. En Europe, les chômages mensuels allemands (9h55) et européens (11h00) sont attendus en matinée. Aux Etats-Unis, le PMI manufacturier (15h45), sera suivi à 16h00 des dépenses de construction, de l'ISM manufacturier et de l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes. Ce matin, la banque centrale australienne a annoncé la fin de son programme de rachat obligataire ce mois-ci.

Adidas: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 360 à 320 euros. Barry Callebaut: Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 2250 francs. Deutsche Telekom: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 22 à 27 euros. EssilorLuxottica: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 200 à 210 euros. Intesa: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2,65 à 2,70 euros. LVMH: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 775 à 840 euros. Moncler: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 57 euros. Puma: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 120 à 115 euros. TotalEnergies: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 50 à 54 euros. La FTC américaine va examiner l'accord entre Microsoft et Activision. UBS dépasse les attentes au quatrième trimestre et va racheter 5 milliards de dollars d'actions cette année. Le titre est indiqué en hausse de 2,8%. Meta (Facebook) enterre définitivement Diem, ex-Libra, son ambitieuse cryptomonnaie. Exxon va fusionner deux entités et déplacer son siège à Houston.

Cette nuit et ce matin en Asie, Tokyo digère sa hausse de la veille mais parvient tout de même à grappiller 0,28% à la cloche. Les festivités du nouvel an lunaire ont débuté en Chine, à Hong Kong et en Corée notamment, si bien que les marchés y sont fermés. Le future SPX reprend son souffle et traite à l’équilibre tandis que l’Europe est indiquée en hausse de 1,3% à l’ouverture de 9 heures.

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