Argentine: les marchés réagissent bien à Milei, mais les prix inquiètent

AWP

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La Bourse de Buenos Aires a ouvert en hausse de 20% et clôturé à 17,7% mardi, premier jour ouvrable depuis la retentissante victoire à la présidentielle dimanche de l’ultralibéral Javier Milei.

Les marchés ont réagi avec optimisme à la victoire de l’ultralibéral Javier Milei à l’élection présidentielle argentine, avec l’envol mardi de la Bourse de Buenos Aires sans dissiper les craintes d’une nouvelle poussée inflationniste.

Au lendemain d’un lundi férié, la Bourse de Buenos Aires a ouvert en hausse de 20% et clôturé à 17,7% mardi, premier jour ouvrable depuis la retentissante victoire à la présidentielle dimanche de l’ultralibéral Javier Milei face au ministre de l’Economie sortant Sergio Massa (55,6% contre 44,3%).

Ce bond a été tiré par l’envolée des actions du géant pétrolier public YPF (+34%), l’une des entreprises que le président élu a annoncé vouloir privatiser dans le cadre d’une vaste réforme de l’Etat.

Entreprise emblématique centenaire, YPF avait été nationalisé en 2012, dix ans après avoir été privatisé sous la présidence d’un autre président libéral, Carlos Menem (1989-1999), dans le cadre d’une vague de privatisations.

Lundi, les actions YPF négociées à Wall Street ont fini en hausse de 40%, la plus forte hausse du titre de l’entreprise depuis son entrée en Bourse en 1993.

D’autres entreprises argentines, Telecom Argentina (+23,22%) ou la holding financière Grupo Financiero Galicia (+17,20%) avaient enregistré de fortes hausse.

Javier Milei, économiste de 53 ans, a surgi en politique il y a deux ans à peine, avec un discours dégagiste «anti-caste» et un programme libéral de coupes dans la dépense publique, dérégulation et privatisations, pour sortir l’Argentine d’une inflation chronique désormais à 143% sur un an.

«Tout ce qui peut être dans les mains du secteur privé le sera», a réaffirmé mardi le président élu.

La monnaie nationale, le peso en dépréciation constante, a subi une certaine pression, à 1.075 pesos pour un dollar contre 950 à la veille de l’élection sur le marché parallèle, un négoce généralement thermomètre de la nervosité des Argentins.

Ce coup de pression, lié à l’incertitude sur les décisions économiques à venir, était anticipé par plusieurs analystes.

Le peso «officiel», qu’analystes et marchés considèrent largement surévalué, a pour sa part continué sa lente dépréciation contrôlée, dite «crawling peg», à 371,50 pour un dollar.

___ Milei parle au pape

Dans l’ensemble «les premiers signaux, ou +micro-signaux+ ne sont pas si mauvais qu’on a pu le craindre à un autre moment» avec une victoire Milei, relevait pour l’AFP l’économiste Elisabet Bacigalupo, du cabinet Abeceb. Milei délivre un discours «en ligne avec ce qu’il préconisait mais plutôt modéré, en posture présidentielle».

Une inquiétude portait sur les prix, avec en particulier des doutes sur l’avenir du plan «Precios Justos» (Justes prix), un accord entre gouvernement et entreprises sur l’encadrement d’une liste de produits de première nécessité en supermarchés.

L’accord avait été prolongé jusqu’à la fin du mois mais avec un changement d’exécutif au 10 décembre, plusieurs fournisseurs d’entreprises prépareraient de forts «rattrapages», profitant de la période de transition, rapportaient plusieurs médias mardi.

La hausse de prix avait légèrement décéléré en octobre, à +8,3%, comparé aux flambées de septembre (+12,7%) et août (+12,4%).

Le ministère du Commerce devait cette semaine tenir des réunions avec des représentants des fournisseurs et supermarchés pour tenter de prévenir un emballement, a rapporté l’agence officielle Telam.

En parallèle Javier Milei, qui prendra ses fonctions le 10 décembre, a engagé les premiers pas de la transition, se réunissant plus de deux heures avec le président (centre-gauche) Alberto Fernandez, une rencontre «aimable, conviviale et institutionnelle», selon la présidence.

Il a aussi continué à recevoir des messages de l’étranger, et s’est notamment entretenu au téléphone avec le pape argentin François, a confirmé à l’AFP un porte-parole du Vatican.

Une ombre plane sur les futures relations entre le Vatican et le futur président Milei, l’ultralibéral ayant à plusieurs reprises par le passé dénigré le pape, le qualifiant notamment de «personnage néfaste», qui «promeut le communisme», voire d’»imbécile».

En campagne depuis six mois, il a toutefois considérablement baissé le ton, présentant ses «excuses» et assurant «respecter le pape comme chef de l’Eglise catholique et comme chef d’Etat», et «chef spirituel d’une grande majorité d’Argentins».

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