Surmonter les crises. Idées reçues et vraies pistes pour les entreprises

Présélection prix Turgot

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Raphaël De Vittoris, Editions Dunod.

Raphaël De VITTORIS, Risk manager chez Michelin, Docteur en science de gestion dans la spécialité gestion de crise. Il est enseignant en master dans plusieurs universités.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Vincent Vanlier

L’auteur de l’ouvrage entreprend un travail dont le but est de circonscrire la notion de crise de manière scientifique. Cet ouvrage s'adresse aux organisations, aux entrepreneurs, consultants et praticiens.

L’auteur a une approche très didactique de son sujet qui est la gestion des crises au sens commun. Et très vite il pose un décor qui campe les définitions des concepts qui seront abordés: la crise, la gestion de crise, le leadership, le management, les signaux faibles, les signaux forts...etc. Ainsi qu’une brève histoire des crises.

L’auteur prendra position sur la manière de faire face à une crise définie comme l’occurrence d’une dynamique aléatoire et non linéaire qui frappe un système complexe (organisation) ou multicomplexe (groupement d’organisation), et qui par sa nature appelle une riposte qui ne peut pas être purement rationnelle, mais essentiellement improvisée et créative. Il revoit ainsi à la baisse l’importance d’une approche par la planification. Il remet en question l’importance du leadership en temps de crises. Encore plus fort d’après l’auteur le but en cas de crise n’est pas la vaincre, mais d’en survivre.

Pour défendre toutes ses idées l’auteur, fait le choix de tordre le cou à quelques idées reçues et il en choisira cinq:

  • Les signaux faibles seraient un concept paradoxal par essence, l’auteur conseille de traiter en priorité les signaux forts ou évidents pour ne pas faire la part belle aux prétendus experts.
  • Un leader «Chef de guerre» en temps de crise ne serait pas essentiel, car il serait forcément soumis à des biais cognitifs préjudiciables à la gestion de la crise
  • La temporalité de la crise modélisée en gaussienne serait une induction qui prévoit le futur à partir du passé, l’auteur conseille de se préparer au pire
  • La planification ne serait pas la solution miracle pour la gestion de crise, l’auteur, sans l’exclure suggère de privilégier le modèle artistique de l’improvisation
  • Les comptes rendus des retours d’expérience par suite de la crise seraient perfectibles, car ils introduisent bien souvent un biais cognitif du fait des intérêts des parties en présence.

Je ne saurais terminer cette note sans souligner que l’auteur est très cultivé par ses nombreuses citations, qu’il a un maniement exceptionnel de la langue française par son vocabulaire et son style, et enfin qu’il est d’une érudition exceptionnelle par sa bibliographie digne d’une thèse doctorale. L’auteur possède aussi d’une grande expérience opérationnelle à en juger par ses conseils en fin d’ouvrage.