Zoom sur les antiviraux COVID-19

Salima Barragan

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Selon le Dr Christian Lach de Bellevue AM, plus d’une centaine de médicaments sont en cours d’essais cliniques.

Les sociétés de biotechnologie travaillent d'arrache-pied. Au-delà des décès, l’hyper-réaction immunitaire chez les patients les plus affectés déclenche une série d’affections irréversibles. La recherche sur les vaccins et les antiviraux est au centre de l’attention. «Près de 1500 études cliniques sont enregistrées dans le monde. Plus de 500 sont actives et testent des patients», explique le Docteur Christian Lach de Bellevue AM dont près de 30% du fonds healthcare est exposé à la thématique. Entretien.

Quel est les taux de succès de l’antiviral Remdesivir de Gilead qui agit lors du premier stade de l’infection?

Le Remdesivir est un inhibiteur de l'RNA polymérase, c’est-à-dire qu’il empêche le virus de se répliquer. C’est un médicament un peu similaire à l’antigrippal Tamiflu, également développé par Gilead mais commercialisé par Roche. Le médicament est fiable dans 90% des cas et il est très bien toléré notamment sur les patients les plus âgés. Suites aux études cliniques encourageantes du NIH (National Health Institute), Remdesivir a reçu une autorisation d’urgence pour son administration sur des patients en état critique. Son utilisation a démontré que la maladie s’écourte, déchargeant ainsi les hôpitaux plus rapidement. Il se profile actuellement comme le meilleur antiviral contre le COVID-19.

Gilead est conscient qu’il ne pourra pas vendre le traitement
à un prix exorbitant, cependant il doit couvrir ses investissements.
Peut-il aussi être utilisé sur des cas plus légers?

Des tests seront bientôt menés sur des patients présentant des symptômes plus légers. Le Remdesivir pourrait s’avérer très efficace dans la mesure où, au stade initial de la maladie, aucun organe n’est sévèrement affecté. Gilead est en train d’augmenter son stock comme il l’avait déjà fait lors de l’épidémie Ebola, un virus sur lequel le Remdesivir avait été utilisé avec succès. Cependant, il est difficile de multiplier cette molécule pour atteindre le marché mondial. Des fabricants indiens de génériques ont ainsi obtenus des licences pour s’occuper des marchés émergents.

Est-il déjà disponible sur certains marchés?

Il a déjà été approuvé au Japon et aux Etats-Unis. Il le sera d’ici quelques semaines en Europe mais les médecins y ont déjà recours lors des procédures d’urgence comme en Italie où un nombre important de patients a été traité par ce moyen.

A combien Gilead vendra-t-il son traitement et à quel revenu les analystes s’attendent-ils?

Gilead est conscient qu’il ne pourra pas vendre le traitement à un prix exorbitant, cependant il doit couvrir ses investissements. Le traitement pourrait coûter plusieurs centaines ou milliers de dollars selon les marchés. Dans l’hypothèse où le COVID-19 ne sera pas récurrent comme une grippe saisonnière, le consensus table sur des revenus entre 1 à 3 milliards de dollars. Cependant, personne n’est sûr de sa non-récurrence.

L’immunité passive à base d’anticorps et d’immunoglobulines
protège l’organisme pour une période de temps limitée.
D’autres types d’inhibiteurs pourraient-ils également s’avérer efficaces contre le COVID-19?

Les inhibiteurs de protéase utilisés pour traiter le VIH ou l'hépatite sont également testés. Kaletra, une combinaison approuvée pour le traitement du VIH/SIDA, est actuellement essayée par la société biopharmaceutique AbbVie. De grands espoirs reposent également sur des médicaments permettant de contrôler la réponse immunitaire excessive qui se produit dans les cas graves. Il s'agit notamment de l'anticorps Sarilimumab de Regeneron/Sanofi et du tocilizumab de Chugai/Roche. L'espoir est ici de prévenir les dommages aux poumons afin d'augmenter les chances de guérison.

Quels vaccins sont actuellement en cour d’essais cliniques?

Il existe deux catégories de protections. D’abord, l’immunisation active avec des vaccins qui apprennent à l'organisme à produire ses propres substances de défense. Il s’agit des classiques de J&J, Merck, Sanofi ou à RNA messenger dont Moderna Therapeutics domine la technologie. Les essais sont en cours et leur approbation nécessitera entre 12 à 18 mois, au minimum 6 mois. Ensuite, l’immunité passive à base d’anticorps et d’immunoglobulines protège l’organisme pour une période de temps limitée. Un vaccin pourrait être développé dès cet automne. Regeneron, qui fabrique des propres modèles d’anticorps, et Vir Biotechnology, une société de traitement d’anticorps, figurent parmi les leaders. Si le COVID-19 est une grippe saisonnière, elles auront l’honneur de protéger les populations.

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