ODD en ligne de mire – impact et opportunités dans les actions cotées

Andrea Weber, J. Safra Sarasin Asset Management

3 minutes de lecture

Le secteur privé doit impérativement contribuer à la lutte contre le changement climatique à travers ses décisions de placement.

Tous les placements ont des conséquences et, in fine, un impact. Il existe aujourd’hui un besoin de stratégies d’investissement dites «à impact» dans les actions cotées, ce qui crée des opportunités de placement. Il s’agit dans un premier temps de connaître l’effet en question, avant de le mesurer et de l’intégrer dans un cadre adapté. Il devient ainsi possible de tenir compte de l’impact probable à chaque étape du processus d’investissement, en vue d’en retirer les avantages financiers et non financiers recherchés.

Le placement neutre n’existe pas

Les objectifs peuvent fortement diverger dans le domaine des investissements durables. Pourtant, tous les placements ont des conséquences – non seulement pour les investisseurs, mais aussi pour la société, pour l’environnement et pour l’économie. Les investisseurs ont une influence sur les marchés financiers et engendreront ainsi des effets directs ou indirects. 

Graphique 1: Évolution des placements durables

Source : Banque J. Safra Sarasin, 2019

 

Le graphique 1 représente l’évolution chronologique des placements durables. Si toutes les stratégies de placement durable illustrées affichent une croissance soutenue, les investisseurs visent toutefois un résultat financier associé à un effet écologique et social positif. Il est très probable que cette évolution d’un accent initial sur la valeur et la réduction des risques vers une quête d’impact influe à l’avenir sur le cœur même du concept de placement durable, pour les raisons que nous expliquons ci-après.

Le besoin actuel de stratégies à impact spécifiques
autour des actions cotées engendre des opportunités de placement.

Plusieurs raisons laissent à penser que les décisions de placement chercheront de plus en plus, à l’avenir, à avoir des répercussions écologiques et sociales positives. L’accord de Paris sur le climat ainsi que les objectifs de développement durables («ODD») adoptés à l’assemblée générale des Nations unies de 2015 jouent un grand rôle dans la définition des responsabilités des investisseurs et des entreprises en matière de développement durable à l’échelle mondiale. Atteindre les ODD devrait permettre de relancer sensiblement l’économie internationale. Sur le plan macroéconomique, l’existence de solutions correspondantes devrait en outre constituer à l’avenir une source de rendement structurelle importante pour les investisseurs (par exemple les institutionnels) ayant une approche de placement à long terme.

Les objectifs de développement durable (ODD)

Source: ONU, 2015
Les ODD représentent les thèmes prioritaires du développement durable et constituent ainsi un cadre valable à l’échelle mondiale. Il s’agit concrètement de 17 objectifs adoptés par l’assemblée générale des Nations unies en 2015, qui doivent être atteints d’ici à 2030. Ces objectifs universels et interdépendants ambitionnent d’éradiquer la pauvreté, de protéger la planète et d’assurer le bien-être des populations partout dans le monde. 
 

 

L’offre de placements à impact dans des actions cotées en Bourse reste modeste pour le moment. Les gestionnaires de fortune qui ciblent des marchés peuvent donc intégrer à leurs opérations quotidiennes d’investissement des réflexions relatives à cet impact positif, mais aussi élaborer des stratégies innovantes pour répondre à la demande croissante de tels placements. 

D’abord, identifier l’impact

L’impact n’est pas facile à définir ni à mesurer, principalement parce qu’il n’apparaît qu’au terme d’un enchaînement complexe de causes et d’effets. 

En outre, l’impact est pluridimensionnel (graphique 2). Il faut donc savoir quels effets les entreprises obtiendront sur leurs partenaires à travers leurs relations d’affaires – mais aussi si leurs produits et services contribuent à résoudre l’équation du développement durable ou ne font qu’accroître le problème. La manière dont les entreprises partagent in fine la valeur réalisée et les bénéfices obtenus avec leurs différentes parties prenantes représente une dimension supplémentaire de cette analyse. 

Graphique 2 : un impact pluridimensionnel

Source : Banque J. Safra Sarasin, 2019

 

L’analyse de la durabilité et de l’impact de nos portefeuilles, mais aussi la structure de nos rapports, ont été spécialement mis au point dans cette optique, par exemple à l’aide d’indicateurs tels que les émissions polluantes, le coût du travail ou le chiffre d’affaires par catégorie de produit. Tous ces éléments nous apportent une première compréhension de l’impact des entreprises sur leur environnement au sens large et nous permettent de mieux intégrer les réflexions autour de l’impact à notre processus d’investissement. 

La dimension de l’impact peut - et doit - être intégrée
au processus d’investissement.

Intégrer la question de l’impact dans les réflexions de placement donne l’occasion de réorienter et d’élargir l’analyse des sociétés. Alors que les paramètres ESG évaluent avant tout l’excellence opérationnelle d’une entreprise, ceux de l’impact se concentrent sur les opportunités et sur les objectifs, un angle de vue qu’il convient de toujours incorporer au processus d’investissement afin de créer une valeur ajoutée pour l’investisseur. Ce faisant, il faudra tenir compte aussi bien des aspects positifs que négatifs pour en saisir toute la portée.

Graphique 3 : le potentiel commercial des défis de la durabilité
 
Source: Bank J. Safra Sarasin, 2019

 

En tant qu’acteurs de l’économie, qui coordonnent des facteurs de production naturels, techniques et humains, les entreprises exercent à travers leur activité (de leurs fournisseurs à l’utilisateur final de leurs produits) une influence sur l’environnement et sur la société. Encourager la durabilité dans leurs pratiques peut déboucher sur un impact positif, mais aussi consolider les relations au sein de leur écosystème. Ce point constitue un aspect majeur de notre analyse. 

Transformer les défis de la durabilité en solutions adaptées au marché représente en outre un puissant moteur d’innovation et de perspectives commerciales à long terme (graphique 3). Nous mesurons activement l’exposition des entreprises aux produits et services durables. Nous pratiquons l’actionnariat actif, qui consiste à exercer une influence sur l’activité des entreprises. Nous rencontrons régulièrement à cet effet ces entreprises pour discuter d’un modèle économique pérenne, des améliorations opérationnelles pour tenir compte des soucis environnementaux et leur alignement avec les intérêts à long terme des actionnaires. 

Enfin, nous mesurons et surveillons les principaux facteurs de durabilité et d’impact de nos portefeuilles, ce qui nous permet de développer encore davantage notre approche d’investissement.

Conclusion

Le secteur privé doit impérativement contribuer aux objectifs mondiaux de développement durable et à la lutte contre le changement climatique à travers ses décisions de placement. Les entreprises peuvent s’appuyer sur les ODD ou sur certains éléments de l’accord de Paris pour identifier les vecteurs de croissance et les risques pour leur activité. Les investisseurs peuvent revoir leurs priorités et remplacer la réduction des risques ESG par la prise en compte des impacts positifs, l’atteinte d’objectifs prédéfinis et leur responsabilité envers la société au sens large. Les gestionnaires de fortune ont également une carte à jouer en intégrant à chaque étape du processus d’investissement des réflexions sur l’effet positif des placements et en proposant à leurs clients des stratégies de gestion ciblées.

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