Caisses de pension: enquête sur le 2e pilier

Communiqué, AXA Investment Managers

3 minutes de lecture

Werner E. Rutsch le confirme: «Après une baisse l’année dernière, l’intérêt de la population pour le thème de la prévoyance est revenu en 2018».

 

Les caisses de pension se voient confrontées à des défis majeurs: les évolutions démographiques, un environnement de taux d’intérêt négatifs persistants et des taux de conversion excessivement élevés sont autant de facteurs qui se répercutent sur les ressources et la structure d’investissement de nombreuses caisses de pension. L’étude 2018, la huitième du genre, se penche sur l’opinion et l’état des connaissances de la population suisse quant au 2e pilier. Elle livre des résultats intéressants: l’intérêt du public pour les questions relatives à la prévoyance s’est renforcé et les assurés LPP ont une opinion tranchée sur les mesures correctives en cours de discussion visant à garantir le paiement et le niveau des rentes. La diminution des rentes et le recul de l’âge de la retraite restent des sujets tabous. En outre, les assurés exigent davantage d’informations sur la stratégie d’investissement des caisses de pension et attachent de l’importance aux placements éthiques.

Un intérêt accru, une diminution des rentes toujours taboue

Werner E. Rutsch, Head Institutional Business chez AXA Investment Managers Suisse, le confirme: «Après une baisse l’année dernière, l’intérêt de la population pour le thème de la prévoyance est revenu en 2018 au niveau des années précédentes. Il est particulièrement satisfaisant de constater que les jeunes aussi accordent plus d’attention à la prévoyance vieillesse». 77% des personnes interrogées déclarent être, de manière générale, intéressées par le thème de la prévoyance.

18% des personnes interrogées ne savent pas
auprès de quelle caisse de pension elles sont assurées.

Les assurés actifs et les personnes à revenu élevé s’intéressent davantage à la prévoyance vieillesse que les retraités et les personnes à faible revenu. Le manque d’intérêt est justifié par le fait d’être encore trop jeune, le fait de ne pas pouvoir exercer d’influence sur cette question, des raisons de commodité, et une trop grande complexité. 18% des personnes interrogées ne savent pas auprès de quelle caisse de pension elles sont assurées, contre 20% en 2017 et 27% en 2016.

Différentes réformes sont nécessaires pour résoudre les problèmes du 2e pilier. Les diminutions des rentes restent un sujet tabou (83% de refus), et repousser l’âge de la retraite n’est guère plus accepté (70% de refus). La mesure préférée est la constitution d’une épargne volontaire grâce à des déductions fiscales (81%), suivie par le début des cotisations avant 25 ans (75%). Par ailleurs, 67% des personnes interrogées envisagent le travail à temps partiel après 65 ans sur la base du volontariat. Cette évaluation des mesures correctives n’a pas changé par rapport aux années précédentes.

Alors qu’en 2016 et 2017 plus de personnes interrogées déclaraient vouloir opter, une fois atteint l’âge de la retraite, pour le versement sous forme de rente, les valeurs de cette année ont retrouvé le niveau observé de 2013 à 2015. La moitié des personnes interrogées souhaiteraient que leurs avoirs de prévoyance soient versés sous forme d’une rente mensuelle, 36% opteraient pour une combinaison de paiement sous forme de rente et de capital, et 11% préféreraient le versement du capital en totalité. Les Tessinois et les assurés actifs de 42 ans et plus sont les plus intéressés par le versement de la totalité de leurs avoirs. Plus les personnes interrogées sont politiquement «de gauche», plus ils privilégient la perception d’une rente mensuelle.

Seul un tiers des assurés considère que le niveau de rendement
est plus important que la responsabilité sociale.
Le rendement n’est pas tout

Cette année, l’étude a également examiné le niveau de connaissance des investissements des caisses de pension et la façon dont les assurés perçoivent les placements socialement responsables. M. Rutsch explique: «L’investissement socialement responsable est une question très importante. Près des deux tiers des personnes interrogées veulent que leur caisse de pension investisse dans des placements socialement responsables, même si cela signifie un rendement peut-être plus faible». Seul un tiers des assurés considère que le niveau de rendement est plus important que la responsabilité sociale – ceux-ci se trouvent principalement dans la tranche d’âge des 25-41 ans (53%) et parmi les employés à temps plein (41%). Si les assurés avaient connaissance de placements contraires à l’éthique (par exemple liés au travail d’enfants ou à l’industrie de l’armement), un sur quatre ne pense pouvoir n’exercer aucune influence sur les investissements de leur caisse de pension. Environ un sur six affirme qu’il se plaindrait à sa caisse en cas de placements contraires à l’éthique.

Pour 84% des personnes interrogées, il est important que la caisse de pension les informe, dans le certificat de caisse de pension, sur les investissements réalisés avec leur argent. Plus les personnes interrogées sont âgées, plus cette information leur paraît importante. Les caisses de pension sont appelées à prendre leurs décisions d’investissements avant tout dans un souci de sécurité des pla-cements. Pour 74% des personnes interrogées, la sécurité est «très importante», les investissements dans des entreprises qui paient des salaires équitables arrivant en deuxième position. Le fait d’obtenir un rendement aussi élevé que possible n’est la priorité que pour 36% des personnes inter-rogées, ce qui place cet objectif au troisième rang.

Immobilier et start-ups

Une catégorie de placement a clairement les faveurs des personnes interrogées: l’immobilier. Plus de la moitié des assurés souhaitent que les caisses de pension y concentrent leurs investissements. Viennent ensuite, loin derrière, les obligations, les actions et les placements alternatifs, ces catégories étant toutes à peu près au même niveau. Lorsque les personnes interrogées s’opposent à une catégorie de placement en particulier, elles le justifient toujours d’abord par un risque excessif. Cela est surtout vrai pour les actions, considérées comme particulièrement risquées. Pour l’immobilier, on met en avant la crainte d’une bulle, alors qu’on reproche aux obligations leurs faibles rendements. Dans le cas des investissements alternatifs, par exemple dans les matières premières, les problèmes éthiques sont cités, après la raison principale que constitue le risque élevé.

Seuls 15% des personnes interrogées
connaissent le Fonds suisse pour l’avenir.

Les caisses de pension devraient-elles être autorisées à investir davantage dans les start-ups – et donc à prendre plus de risques? Deux personnes interrogées sur cinq répondent par l’affirmative. Les plus favorables aux start-ups sont les assurés actifs, les personnes de formation moyenne et supérieure, ainsi que les employés à temps plein et à temps partiel. Toutefois, seuls 15% des personnes interrogées connaissent le Fonds suisse pour l’avenir, qui entend promouvoir le développement technique et la place économique de la Suisse dans une démarche durable par l’investissement des caisses de pension dans de jeunes entreprises suisses.

Werner E. Rutsch conclut: «Il ne fait aucun doute que la question de la prévoyance continuera à gagner en importance et que les jeunes aussi accorderont plus d’attention à leur caisse de pension. Cela signifie automatiquement que la façon dont les caisses de pension investissent l’argent des assurés sera surveillée de plus près».

A lire aussi...