Qu’implique la pandémie pour les investisseurs à long terme?

Aberdeen Standard Investments

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Nous devrons alors réfléchir à la manière dont elle va modifier la physionomie de nos investissements à l’avenir.

La pandémie de COVID-19 a eu - et continue d’avoir - un terrible coût humain. Nombreux sont ceux qui craignent pour leur vie et leur emploi, ainsi que pour ceux de leur famille et de leurs amis. Dans un tel moment, se pencher sur sa stratégie d’investissement apparaît secondaire. Mais, une fois que nous aurons tous traité les problèmes les plus urgents de l’épidémie, nous devrons alors réfléchir à la manière dont elle va modifier la physionomie de nos investissements à l’avenir.

Dans le monde entier, les cours des actions se trouvent en situation de marché baissier. Cela signifie qu’ils ont chuté de plus de 20% par rapport à un précédent point haut. Mais, dans tout marché baissier, il arrive un moment où les actions et d’autres actifs dits «risqués» commencent à apparaître très bon marché. C’est à ce moment-là que les investisseurs à long terme courageux recommencent à les acheter. Lorsque cela se produit, les marchés se stabilisent et les investisseurs peuvent être généreusement récompensés lorsque les cours s’apprécient à nouveau.

Mais, savoir quand et comment acheter est difficile. Comment pouvons-nous être sûrs que les cours des actions sont bel et bien tombés à leur point le plus bas? Existe-t-il un moyen de nous aider à prendre la décision?

A propos de l’allocation d’actifs stratégique

Une allocation d’actifs stratégique (AAS) nous offre un cadre de référence structuré afin de nous aider à faire ces choix difficiles. Lorsque les temps sont favorables, que les investisseurs sont détendus et que les actifs risqués sont chers, l’AAS nous dit de réduire l’exposition au risque. Lorsque c’est le contraire qui prévaut, l’AAS nous dit que nous devrions prendre plus de risque.

«…nous avons suivi une procédure inhabituelle en prédisant des scénarios sur la base de plusieurs niveaux de cours initiaux possibles».

Nos estimations des performances à long terme de diverses classes d’actifs guident le processus d’AAS. Le tableau ci-dessous présente nos estimations provisoires pour les actions et les obligations d’État britanniques et américaines. Vu la volatilité des marchés, nous avons suivi une procédure inhabituelle en prédisant des scénarios sur la base de plusieurs niveaux de cours initiaux possibles. Il est probable que nous soyons amenés à revoir nos prévisions plusieurs fois cette année, à mesure que la situation se précisera.

Performances totales sur 10 ans de certaines classes d’actifs en fonction de différents cours de départ, en devise locale, en % par an

Le tableau présente des prévisions de performance annualisée (en pourcentage) pour des cours des actions inférieurs de près de 30%, 45% et 55% à ceux de la fin janvier 2020. Les niveaux de l’indice illustrent la performance d’un panier d’actions de grandes entreprises et des indices ICE Bank of America pertinents représentatifs des emprunts d’État (comprenant des obligations de diverses échéances). Nous avons sélectionné les niveaux de rendement des emprunts d’État à 10 ans (en points de base) pour qu’ils correspondent approximativement. Les prévisions ne sont pas un indicateur fiable des résultats futurs et il n’y a aucune garantie qu’elles se concrétiseront.

Actuellement, les actions en dehors des États-Unis apparaissent historiquement bon marché. Pour les actions américaines, le rapport coût-performance est moins évident.

Dans nos prévisions d’avant la crise, l’écart entre les actions et les emprunts d'État était relativement faible, tendant ainsi à indiquer une rémunération plutôt modeste pour la prise de risque liée aux actions. A ce moment-là, notre AAS suggérait un portefeuille prudent avec une exposition allégée aux actions et renforcée aux obligations souveraines des marchés émergents et aux obligations corporates américaines. Aujourd’hui, l’écart est très important, si bien qu’il est désormais plus intéressant pour les investisseurs à long terme d’accroître la pondération des actions. Mais, cette décision n’a rien de facile. Nous devons être en mesure de répondre à certaines questions importantes avant de pouvoir la prendre.

Quelle sera l’ampleur des dommages économiques?

Deux facteurs détermineront l’étendue des dommages causés par la crise du coronavirus. La première est la durée des mesures de confinement que les gouvernements ont mises en place. La seconde est la capacité des politiques budgétaires et monétaires à contrer les dommages économiques qu’elles causent.

Les mesures de confinement ont des effets immédiats et graves sur les économies. Nous ne savons pas encore combien de temps elles vont durer. Si les événements en Chine et en Corée du Sud offrent un certain espoir, il n’est pas certain que les mesures instaurées par les pays occidentaux soient aussi efficaces.

D’autre part, les mesures extraordinaires prises par les gouvernements et les banques centrales devraient contribuer à atténuer le coût économique, à l’instar notamment des importantes injections de liquidités destinées à soutenir les revenus et des fortes baisses des taux d’intérêt. Si ces mesures sont clairement d’une aide considérable, elles ne pourront toutefois pas empêcher de très nombreuses faillites d’entreprises et pertes d’emplois.

En conséquence, les dernières prévisions de nos économistes tablent sur une contraction de 8% du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2020. C’est bien pire que ce qui s’est passé lors de la crise financière mondiale. Pour autant, ils pensent qu’il est probable que nous assisterons à un très fort rebond du PIB. Ils s’attendent à ce qu’il débute vers la fin de l’année et finisse par effacer la majeure partie, mais pas l’intégralité, de la contraction. Bien sûr, cette prévision comporte d’énormes incertitudes, dans les deux sens.

Dans le cadre des prévisions relatives aux marchés actions présentées dans le tableau, nous avons supposé que la perte en capital définitive sera de même ampleur que celle causée par la crise financière mondiale. Mais, même avec ces hypothèses plutôt pessimistes, le rebond à long terme fait plus que compenser les dommages initiaux causés aux cours des actions.

Et si la récession se transformait en un effondrement profond et prolongé de l’activité? Dans ce cas, les gains pour les investisseurs seraient plus modestes et le moment où ils devraient acheter des actions serait plus éloigné dans le futur. Mais, les investisseurs seraient rémunérés pour le plus grand risque lié à la détention d’actions (par rapport à la détention d’emprunts d’État). Cette «prime de risque» devrait rester attrayante.

Comment un changement de régime affecterait-il les investisseurs?

Trois choses sont demeurées au plus bas depuis la crise financière mondiale: les taux d’intérêt, le niveau de la demande et l’inflation. Mais, le choc causé par la pandémie mondiale, ainsi que par les réponses budgétaires et monétaires, peut être si profond qu’il modifie le «régime» d’investissement.

Un changement pourrait intervenir de deux façons. D’une part, de longues périodes de confinement et des réponses politiques hésitantes pourraient entraîner une nouvelle baisse de la demande, ce qui conduirait à un ralentissement déflationniste. Dans un tel environnement, les emprunts d’État deviennent plus intéressants. En effet, si les actions se comportent mal dans un contexte de faible croissance, les emprunts d’État deviennent là aussi plus intéressants en valeur réelle grâce à la déflation.

En revanche, des politiques budgétaires sans précédent pourraient aller de pair avec des mesures massives de la part des banques centrales et se traduire par une sensible accélération de l’inflation. Un tel environnement tend à être positif pour les actions qui peuvent suivre le rythme de l’inflation, mais les actifs obligataires verraient leur valeur réelle s’éroder. Après 50 années durant lesquelles les investisseurs ont combiné des actions et des emprunts d’État au sein de leurs portefeuilles, ceux-ci devraient alors chercher d’autres moyens de diversifier leurs positions. Pour ce faire, ils pourraient notamment se tourner vers les métaux précieux, les matières premières et les actifs réels comme les infrastructures.

Dans l’ensemble, nous pensons qu’une fois la crise passée, nous reviendrons très probablement à la situation actuelle caractérisée par des taux d’intérêt et une inflation au plus bas. La réserve est toutefois la suivante: le risque de l’un ou l’autre des scénarios mentionnés ci-dessus - une déflation ou une inflation élevée - est désormais beaucoup plus grand. Nous en saurons plus à mesure que la crise progressera, mais il est probable qu’une approche flexible en matière d’AAS soit nécessaire.

Comment choisir le meilleur moment?

Comme le montre notre tableau ci-dessus, les opportunités pour les investisseurs sont importantes, et ce, tout particulièrement au sein des actions non américaines. Une reprise après la récession actuelle, favorisée par des mesures de relance sans précédent, pourrait bien se traduire par une performance annuelle des actions de l’ordre de 20% à 30% au cours des deux premières années.

L’approche avisée pour un investisseur à long terme consiste à progressivement accroître le niveau de risque de son profil prudent. En procédant graduellement, il peut ainsi «établir une moyenne», à savoir lisser les gains et les pertes, en reprenant pied sur le marché actions. Cela réduit le risque d’acheter trop tôt ou trop tard.

Un bon point d’entrée pourrait être le moment où le nombre de personnes contaminées par le COVID-19 en soins intensifs cesse d’augmenter aux États-Unis. Ce ne sera pas la fin de la crise, mais le vent aura commencé à tourner. Nous aurons également une meilleure idée des dommages économiques causés, de l’ampleur du contrôle de la pandémie et de la rapidité de la reprise.

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