Matières premières: dans l'oeil du cyclone

Norbert Ruecker, Julius Baer

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Des ventes massives sur le segment des matières premières se sont accentuées à la fin de 2018.

Le pessimisme sur la croissance a provoqué des ventes importantes sur le segment des matières premières à la fin de 2018. Si une récession nous semble exclue à court terme, la croissance n’est ni suffisamment forte ni suffisamment faible pour donner une idée claire de la direction que vont emprunter les prix de la classe d’actifs. Le pétrole devrait stagner. Les contraintes au niveau de l’offre et l’amélioration du sentiment sont de bon augure pour le court terme. Les ventes massives dont ont fait l’objet les actions ont renforcé l’or dans son rôle de valeur refuge. Nous continuons de recommander d’acheter de l’or dans une perspective de long terme.

Pessimisme exagéré

À la fin de l’année dernière, le pessimisme quant à l’évolution de la croissance a entraîné des désengagements massifs auxquels les matières premières n’ont pas échappé. Selon nous, l’économie mondiale subit un ralentissement de fin de cycle et non une récession. La correction est donc passagère. Le redressement des prix des matières premières depuis le début de l’année nous conforte d’ailleurs dans cette idée.

L’incertitude devrait persister et les prix fluctuer
au gré de l’agitation politique.

Fin 2018, certains segments du marché ont été envahis par un pessimisme tel que le moral des opérateurs ne peut désormais que s’améliorer. Si une telle amélioration devrait quelque peu stimuler les matières premières, il reste bien difficile de dire dans quelle direction vont s’orienter les fondamentaux. La croissance n’est en effet ni suffisamment forte ni suffisamment faible pour imprimer une tendance claire et aucune poche de pénurie ne s’est manifestée au niveau de l’offre. Dans ces conditions, l’incertitude devrait persister et les prix fluctuer au gré de l’agitation politique. Nous restons neutres sur le secteur et tablons sur une stagnation des matières premières.

Le marché pétrolier est un bon exemple de marché ayant souffert du pessimisme excessif qui a marqué la fin de l’année. Les indicateurs de sentiment tel que le ratio long-short des hedge funds ont touché des niveaux planchers. Les prix évoluent au gré de l’humeur changeante du marché, mais les accès d’optimisme ou de pessimisme sont généralement de courte durée. Le redressement actuel des prix du pétrole est sans doute attribuable à une atténuation du pessimisme; ces prix devraient finalement fluctuer dans une fourchette équivalente à celle de l’an dernier. Les prix trop élevés ne durent pas car ils provoquent une augmentation des prix des carburants et un ralentissement de la demande. Les prix trop bas ne font pas long feu non plus car ils entraînent une réduction de dépenses et une diminution de la production d’hydrocarbures de schiste. L’Arabie saoudite compensant la baisse de la production iranienne et la production d’hydrocarbures de schiste permettant de répondre à la croissance de la demande mondiale, le marché semble plutôt équilibré. Nous maintenons notre notation Neutre.

Le retour de l’or

Les ventes massives dont ont fait l’objet les actions ont profité à l’or qui a ainsi pleinement retrouvé son statut de valeur refuge. La demande d’investissement, tant dans l’or physique que sur le marché des futures, a dopé les prix du métal jaune en début d’année. L’or est, selon nous, sur une tendance haussière de long terme. Si les facteurs de soutien devraient s’atténuer avec la normalisation du sentiment, l’or pourrait profiter de l’affaiblissement du dollar américain plus tard dans l’année. Pour l’année à venir, nous tablons sur une demande durable pour l’or en tant que valeur refuge sur fond de ralentissement plus prononcé de la croissance économique.